Loi sur le pouvoir d'achat : Bruno Le Maire rappelle à l'opposition « l'impératif de réduire l'endettement public »

Alors que le gouvernement doit se tourner du côté de l'opposition pour espérer faire passer son projet de loi sur le pouvoir d'achat, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a averti ce lundi sur l'état de l'endettement du pays déclarant que « nous avons atteint la cote d'alerte sur les finances publiques » en insistant sur la hausse des taux d'intérêts et l'impact de l'inflation sur la dette.
(Crédits : BENOIT TESSIER)

« La politique, c'est des choix (...) Il est impératif de réduire l'endettement public » mais « il faut dans le même temps protéger nos compatriotes qui sont les plus fragiles, mais les protéger de manière responsable », a estimé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, ce lundi. C'est un équilibre difficile que doit trouver le gouvernement quant à son projet de loi sur le pouvoir d'achat. Faute de majorité absolue, l'exécutif est contraint de chercher un compromis avec les oppositions, tout en veillant à ne pas alourdir la dette publique du pays. Selon l'Insee, cette dernière a dépassé les 2.900 milliards d'euros à la fin du troisième trimestre, soit 114,5% du PIB, du fait aussi d'une croissance économique en berne.

Ce n'est pas tant le montant qui « préoccupe » le ministre de l'Économie, mais le fait que « les conditions de financement ont changé » pour la France. « Tout n'est pas possible, tout simplement parce que nous avons atteint la cote d'alerte sur les finances publiques », a-t-il averti, ajoutant que « les conditions de financement ont changé » et qu'aujourd'hui la France emprunte « à plus de 2% » pour financer les dépenses publiques, quand elle le faisait encore récemment à taux négatifs ou très faibles.

Cherchant coûte que coûte à réduire l'inflation qui atteint plus de 8% dans la zone euro, la Banque centrale européenne a annoncé un relèvement de ses taux directeurs de 25 points de base dès le mois de juillet avant un nouveau resserrement en septembre. « Une partie de la charge de la dette est indexée sur l'inflation », a également rappelé Bruno le Maire, ce qui représente « plusieurs milliards d'euros » supplémentaires à dépenser pour rembourser cette charge chaque année. « Ma charge de ministre des Finances, c'est de revenir à des finances publiques équilibrées d'ici à 2027 », a-t-il revendiqué. Et d'insister : « Il faudra décider dans un cadre qui est contraint, qui est celui de nos finances publiques ».

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Débat sur la baisse des taxes sur les carburants

Un constat qui sonne comme un avertissement pour l'opposition dont les Républicains et le Rassemblement national qui plaident pour une baisse des taxes sur les carburants. C'est, en effet, ce qu'a déclaré le nouveau président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Olivier Marleix, dans une interview au JDD le 25 juin. « Au cours des campagnes présidentielle et législative, la droite a défendu de nombreuses propositions. Parmi celles-ci, il y a la réduction des taxes sur le carburant. C'est la première urgence pour les Français qui n'ont d'autres choix que de rouler pour travailler, et c'est une mesure massive, que nous avions chiffrée à 10 milliards d'euros », a-t-il expliqué. Interrogé sur une telle mesure, Bruno Le Maire a assuré que le gouvernement allait « discuter » avec ces formations, rétorquant toutefois que « l'esprit de compromis doit s'accompagner d'un esprit de décision ». « Des dépenses supplémentaires de l'ordre de 20 ou de 25 milliards d'euros sur le carburant comme le proposent certaines formations politiques, elles sont trop coûteuses, ou alors il faudra renoncer à d'autres choses », a-t-il estimé.

Visés à demi-mot par cette prise de parole, les Républicains assurent pourtant, eux aussi, qu'ils se montreront vigilants quant au financement des mesures prévues par le projet de loi sur le pouvoir d'achat, comme l'a expliqué, ce lundi, Olivier Marleix. « On sera exigeants à l'égard du gouvernement pour que ce soit financé. La situation de la dette française aujourd'hui est très grave (...) Le gouvernement ne peut pas dire : ''Allez hop, 30 milliards de dette supplémentaire'' ! Ce serait irresponsable », promettant que les députés LR « feront des propositions sur le sujet du financement ».

« Sur la question du pouvoir d'achat et d'un tel problème pour nos compatriotes, évidemment on va tout faire pour converger avec le gouvernement » et « avancer sur ces mesures », a promis le patron des LR à l'Assemblée. Alors que ces derniers, s'ils refusent de participer au gouvernement, assurent qu'ils voteront possiblement des textes « au cas par cas ». Il a toutefois posé deux conditions: la nécessité de prendre en compte le fait que la question du pouvoir d'achat est « un sujet d'ampleur pour la France qui travaille », et « il faudra évidemment que le gouvernement accepte d'envisager la question du financement de ces mesures ».

« Bouclier loyer »

Selon un document consulté par l'AFP confirmant une information du journal Les Echos, le gouvernement va proposer dans son futur projet de loi sur le pouvoir d'achat la hausse, rétroactive au 1er juillet, de 4% d'une série de prestations sociales pour lutter contre l'inflation. Une mesure qui coûterait "un peu moins de 7 milliards (d'euros) fin 2022, et 8 milliards d'ici à avril 2023", selon Les Echos.

Le ministre de l'Économie a également confirmé, ce lundi, le plafonnement à 3,5% de l'augmentation des loyers. Aussi appelé « bouclier loyer », ce dispositif sera inscrit dans le projet de loi de finances rectificative, à voter cet été par le Parlement. Le gouvernement assure ainsi avoir choisi « une solution équilibrée », en tenant compte des contraintes des propriétaires et de celles des locataires, selon des sources aux ministères de l'Économie et de la Transition écologique. Une revalorisation de 3,5% des APL est également prévue.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 29/06/2022 à 9:42
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Concernant la prolongation de la mesure des 18 centimes sur le carburant moi je dis « STOP », n’ayant pas de voiture je ne veux pas que l’État dépense encore 750 millions par mois, soit 3 milliards supplémentaires, pour cette mesure qui ne tient pas ...

à écrit le 28/06/2022 à 10:37
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Quelle crédibilité peut avoir Le Maire après avoir gaiement participé à l’augmentation de la dette du Pays jusqu’à 3 Milliards d’Euros et ce n’est pas fini ……. Cela lui vaudra plutôt de passer devant la Cour de Justice de la République pour sa gestio...

à écrit le 27/06/2022 à 16:53
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Qui était aux manettes du Ministère des Finances et de l'économie durant ces 5 dernières années ? Comme il ,n'y a aucune marge de manoeuvre pour augmenter davantage les prélèvements obligatoires Français, au top de l'UE après la Norvège, il faut fair...

à écrit le 27/06/2022 à 16:28
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Alors, on se réveille, on découvre qu'il y avait un sujet pour l'élection présidentielle. Oh, tout ministre de l'économie qu'il est, énarque en plus, il n'avait rien vu venir, ni la dette, ni l'inflation, ni la remontée des taux d'intérets, c'est bêt...

à écrit le 27/06/2022 à 15:08
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"Protéger nos compatriotes les plus fragiles, mais les protéger de manière responsable"; veut il dire augmenter le prix des pâtes pour les plus riches?;-) La quantité de pâtes manger par l'un ou par l'autre sera la même donc bloquons les prix a la co...

à écrit le 27/06/2022 à 11:47
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Il n'y aura ni réduction des dépenses, ni du déficit, ni hausse des rentrées fiscales par hausse d'impôt. Par contre, ce qu'il est possible de faire, c'est une loi de libération de l'initiative économique, en autorisant des tas d'activités aujourd...

à écrit le 27/06/2022 à 11:27
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Il devient urgent et impératif d'augmenter les impôts pour faire face à la dette et aux enjeux climatiques, sociaux, économiques. Il y a un tas d'épargne dans ce pays qui ne demande qu'à servir l'intérêt de tousl.

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