Pour le Medef, un seul ennemi : la CGT

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  508  mots
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, est désigné comme l'ennemi numéro 1 du Medef de Pierre Gattaz
Le président du Medef, Pierre Gattaz accuse de façon virulente "la CGT et ses affidés" d'être les responsables "d'actions contre l'organisation patronale". Il demande la levée de "l'impunité syndicale" et propose d’instaurer un "service minimum de l'économie".

Pierre Gattaz, le président du Medef est très remonté et il en a "ras-le-bol " des différentes dégradations qui se produisent en marge de la contestation de la loi travail. Pour lui, l'ennemi désigné n'est autre que la CGT "et ses affidés ", coupables " d'actions ayant visé l'organisation patronale ".

Et d'évoquer devant la presse de nombreux exemples concrets : tags d'habitations ou de voitures de responsables locaux du Medef, blocages de réunions publiques, détritus déversés devant des chambres de commerce, attaques répétées contre le siège parisien du Medef, etc. Pour Pierre Gattaz, " tout cela est nauséabond et détestable et je regrette que Philippe Martinez n'ait pas condamné ses actions ".

La CGT "nuit à l'économie"

Pierre Gattaz en veut donc énormément à la CGT l'accusant "de ne plus avoir aucun respect, de nuire à l'économie, de ne pas avoir le sens de l'intérêt général ". Bien entendu, il dénonce aussi " le sentiment d'impunité qui règne chez les syndicalistes".   Aussi, il demande que " le gouvernement reprenne la main et surtout fasse respecter l'état de droit de manière urgente pour corriger toutes ces dérives".

 Des modifications législatives souhaitées

Il demande aussi un certain nombre d'évolution législatives pour permettre de lutter contre le "pouvoir de nuisance" de la CGT. Il souhaiterait ainsi que le Medef puisse directement aller en justice pour défendre les intérêts des entreprises. Il souhaite aussi qu'une loi vienne instaurer une sorte de " service minimum économique " afin d'interdire le blocage des ports, des gares des centrales nucléaires, des routes etc. Il en profite aussi pour réclamer une limitation des mandats syndicaux. Et de s'interroger par ailleurs, dans une fine allusion à la loi Rebsamen de l'été 2015 " comment peut-on défendre encore l'idée d'un mandatement syndical obligatoire dans les TPE  et les PME quand on voit que deux des principaux syndicats représentatifs se comportent comme cela? ".

Une charge très sévère donc, non seulement contre des actions menées sur la voie publique mais aussi contre l'organisation actuelle du dialogue social en France.

Une charge qui pourrait servir la CGT

Ceci dit, on peut s'interroger sur les conséquences des ces propos très virulents. Ne vont-ils pas conduire à l'effet inverse de celui recherché ? A force de viser la CGT, de la placer en position centrale, d'ignorer le rôle des autres syndicats, Pierre Gattaz va faire de la CGT l'opposant numéro du Medef... Ce qui pourrait, in fine, renforcer les positions de la centrale de Montreuil alors qu'aura lieu dans un an une nouvelle évaluation de la représentativité des syndicats. Or, il se pourrait que se produise un basculement historique, avec une CFDT qui deviendrait la première confédération française devant la CGT. Dans ce contexte, les déclarations de Pierre Gattaz pourraient servir Philippe Martinez qui pourra vanter l'efficacité de la CGT, devenu la cible principale du Medef.