Pour tenir le déficit, Valls veut réduire les effectifs des ministères

Par latribune.fr  |   |  665  mots
Pour remplir les objectifs du pacte européen de stabilité et de croissance, la France s'est fixée pour objectif un déficit public à 3,3% du PIB en 2016 et à 2,7% du PIB pour l'année prochaine.
Le Premier ministre veut une réduction des effectifs de 2% afin de tenir l'objectif de 50 milliards d'euros d'économie entre 2015 et 2017, selon Les Échos. Le gouvernement attend 2 milliards d'euros d'économie de cette mesure.

 | Article publié à 7h55, mis à jour à 11h55.

Manuel Valls a donné ses directives en vue de la loi de Finances 2017. Le Premier ministre a envoyé les traditionnelles lettres de cadrage budgétaire à ses ministres afin de dégager deux milliards d'euros d'économies pour 2017, en réduisant notamment leur effectifs de 2% et en stabilisant la masse salariale, selon Les Échos parus ce lundi 23 mai.

Cependant, l'enseignement et la sécurité échapperont à la rigueur budgétaire.

"Au total, pour arriver aux 50 milliards d'euros d'économies sur la période 2015-2017, le gouvernement estime à 1,9 milliard le niveau des mesures supplémentaires", tout en épargnant la justice et la sécurité, écrit quotidien.

Un montant que le ministre des Finances, Michel Sapin, qui intervenait sur I TELE, a refusé de confirmer même s'il a admis que "S'il y a des dépenses supplémentaires d'un côté, c'est donc qu'il y a des économies de l'autre".

De fait, si l'on additionne les dépenses supplémentaires annoncées par le Président de la République et le Premier ministre,  elles s'élèvent au minimum à 4 milliards d'euros, dont 1,5 milliard pour financer le seul plan pour l'emploi. Ainsi, la prime d'embauche (jusqu'à 2.000 euros sur deux ans) accordée aux PME de moins de 250 salariés représente grosso modo un coût annuel d'un milliard d'euros. Quant au plan de formation de 500.000 chômeurs copiloté par l'Etat et les régions, son coût devrait être au minimum de 500 millions d'euros pour les finances de l'Etat, mais sans doute davantage.

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Objectif 2,7% du PIB

Pour remplir les objectifs du pacte européen de stabilité et de croissance, la France s'est fixée pour objectif un déficit public à 3,3% du PIB en 2016 et à 2,7% du PIB pour l'année prochaine. Pour atteindre ces objectifs, 3,8 milliards d'euros d'économies supplémentaires devront être réalisées par rapport à ce qui était prévu en 2016, et 5 milliards supplémentaires en 2017, avait précisé Bercy à la mi-avril.

En cas d'échec, Paris sera le "test ultime pour la crédibilité du pacte" a estimé le commissaire européen allemand Günther Oettinger dans un entretien publié samedi 21 mai dans l'hebdomadaire Der Spiegel. Jusqu'ici, la France n'est pas parvenue à ramener son déficit public sous la barre des 3% du PIB et a obtenu plusieurs délais de grâce, le dernier en date court jusqu'à 2017. Rien ne dit toutefois que des sanctions sont à l'ordre du jour : la Commission européenne a ainsi très récemment accordé un délai supplémentaire à l'Espagne, l'Italie et au Portugal, ne recommandant pas d'entamer une procédure de sanction.

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72,3 milliards d'euros de déficit pour 2016

Selon des données publiées le 10 mai par le secrétariat d'État au Budget, le déficit budgétaire français s'élevait fin mars à 27,5 milliards d'euros à fin mars, en hausse de 4,56% par rapport à la même période l'an passé (26,3 milliards d'euros). Cet écart est dû notamment à une avance exceptionnelle de 5,4 milliards d'euros octroyée au titre de la PAC.

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Pour mémoire, en 2015, le déficit de l'État s'est élevé à 70,5 milliards d'euros. Pour 2016, la loi de Finances l'anticipe en légère hausse à 72,3 milliards d'euros.

Pour 2017... année électorale, Michel Sapin a prévenu, "l'année prochaine, l'objectif de passer en dessous de 3% de déficit pour l'ensemble des dépenses publiques sera atteint, c'est absolument indispensable pour notre crédibilité et c'est indispensable aussi pour protéger les générations qui viennent".

De toute façon, le projet de loi de finances 2017 aura une valeur très relative... Il faudra surtout attendre la loi de finances rectificatives qui ne manquera pas d'intervenir durant l'été, une fois les élections passées.

(Avec AFP et Reuters)