Présidentielle : Macron ou Le Pen, les Français devant un choix historique

Par latribune.fr  |   |  1140  mots
Marine Le Pen et Emmanuel Macron (Crédits : Reuters)
Les Français sont appelés aux urnes pour élire ce dimanche leur prochain président de la République et choisir comme en 2017, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le choix est historique. Les électeurs doivent en effet choisir entre reconduire le président sortant, ce qui n'a encore jamais été fait, hors cohabitation, depuis l'adoption du vote au suffrage universel direct en 1962, ou élire une femme, ce qui serait une première, et propulser ainsi l'extrême droite à l'Elysée pour une déflagration comparable au Brexit britannique et à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis en 2016. Les derniers sondages plaçaient Emmanuel Macron en tête, mais avec les trois zones scolaires du pays en vacances scolaires et le refus de millions de Français de choisir entre les deux finalistes, l'abstention pourrait être le grand arbitre du scrutin.

Les Français sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire leur prochain président de la République et choisir comme en 2017, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, dont les programmes respectifs proposent une vision radicalement différente sur l'Europe, l'économie, le pouvoir d'achat, les relations avec la Russie, les retraites, l'immigration, l'environnement...

Choix historique

Les Français sont devant un choix historique : reconduire le président sortant, ce qui n'a encore jamais été fait, hors cohabitation, depuis l'adoption du vote au suffrage universel direct en 1962. Ou élire une femme, ce qui serait une première, et propulser ainsi l'extrême droite à l'Elysée pour une déflagration qui résonnerait bien au-delà des frontières hexagonales, comparable au Brexit britannique et à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis en 2016. Une réélection d'Emmanuel Macron, 44 ans, représenterait la continuité, même si le président-candidat a promis de se renouveler en profondeur, assurant vouloir placer l'écologie au cœur de son second - et dernier - mandat. L'arrivée de Marine Le Pen, 53 ans, aux commandes d'une puissance nucléaire, dotée d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, et force motrice de l'Union européenne serait un séisme, d'une magnitude d'autant plus élevée qu'elle s'inscrirait dans le contexte lourd d'une guerre aux portes de l'Europe.

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Macron en tête dans les derniers sondages

Après une campagne d'entre-deux-tours à couteaux tirés, Emmanuel Macron est favori pour un deuxième mandat. Mais jamais l'extrême droite n'a paru si proche des portes du pouvoir. Les derniers sondages publiés vendredi plaçaient en effet Emmanuel Macron assez nettement en tête, avec entre 55,5% et 57,5% des intentions de vote, mais l'inconnue de l'abstention et le rejet que suscite le président sortant auprès d'un nombre important d'électeurs des candidats éliminés au premier tour laisse planer un doute sur l'issue du scrutin.

Pour rappel, en 2017, au terme d'un deuxième tour sans autre suspense que l'ampleur de son score, Emmanuel Macron avait recueilli 66,1% des voix.

Pour contrer son adversaire, Emmanuel Macron, arrivé en tête au premier tour (27,85%) avec plus de quatre points d'avance sur Marine Le Pen, a réactivé le "front républicain" qui semble toutefois avoir perdu de sa vigueur par rapport à 2017 et 2002. La candidate du Rassemblement national (RN) a en effet su se forger une image moins clivante, affaiblissant le "front républicain" tout en trouvant dans la question du pouvoir d'achat menacé par l'inflation un angle d'attaque efficace pour réactiver l'image de "président des riches" d'Emmanuel Macron.

Au terme d'un quinquennat marqué par une succession de crises sociales (mouvement des "gilets jaunes" puis opposition à la réforme des retraites), sanitaire (pandémie de COVID-19) et sécuritaires (attentats islamistes et guerre en Ukraine), le chef de l'Etat ne promet plus de "renverser la table" mais au contraire de "protéger" les Français face aux menaces en tout genre.

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Mais ni sa politique de "quoi qu'il en coûte" en réponse à la crise sanitaire, ni le début de revalorisation de certains salaires, notamment pour les professionnels de santé, ni la baisse des impôts ou du chômage qu'il a tenté de mettre en avant pendant la campagne, n'ont entamé la profonde défiance voire aversion qu'il suscite chez des millions de Français. Non seulement chez les électeurs de Marine Le Pen, qui a obtenu 23,15% des suffrages exprimés au premier tour (4,7 points de moins qu'Emmanuel Macron), mais aussi chez ceux des candidats d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon (21,95%), d'extrême droite Eric Zemmour (7,07%) et même de l'écologiste Yannick Jadot (4,63%). Soit environ la moitié du corps électoral appelé à se prononcer à nouveau ce dimanche, lors de ce que les deux candidats ont présenté comme un "référendum" sur leur personnalité et leurs idées.

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Entre-deux-tours à couteaux tirés

 Dans ce contexte, handicapé par son image, son bilan dans certains domaines, comme la sécurité, et un programme dont les Français ont surtout retenu le projet de report de l'âge de départ à la retraite à 65 ans, le président sortant s'est employé à "rediaboliser" l'extrême droite.

Entré très tardivement en campagne, officiellement en raison de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a sillonné la France entre les deux tours pour se mettre "à portée d'engueulade" des Français, mais il a surtout martelé la menace que représenterait selon lui une élection de Marine Le Pen.

Menace d'une soumission de la France à la Russie, en raison des liens entre la candidate du RN et Vladimir Poutine et de sa volonté de se mettre en retrait de l'Otan pour se rapprocher de Moscou, menace d'un "Frexit" déguisé du fait de sa volonté de transformer l'Union européenne en "Europe des nations", menace de dérive autoritaire d'une gouvernance par référendum, voire de "guerre civile" en raison de sa volonté d'interdire le port du foulard islamique dans l'espace public.

A ces attaques, Marine Le Pen a répondu dans les derniers jours de campagne par une charge tout aussi virulente contre l'"arrogance" dont aurait fait preuve le président-candidat pendant leur seul débat télévisé, reflet selon elle du "mépris" qu'il a manifesté pendant cinq ans pour "le peuple", des "gilets jaunes" aux opposants au "pass vaccinal", des Français les plus modestes aux habitants des campagnes.

Vers une abstention record ?

La grande inconnue du scrutin reste l'abstention qui pourrait être plus forte qu'au premier tour (26,31%). Avec les trois zones scolaires du pays en vacances scolaires, elle pourrait être le grand arbitre du scrutin. Tout comme les bulletins blancs et nuls qui avaient atteint un nombre record en 2017, attestant du refus de millions de Français de choisir entre les deux finalistes. Le record d'abstention pour un second tour date de 1969 avec 31,1%.

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Le taux de participation à midi donne une première indication sur la mobilisation des 48,7 millions d'électeurs appelés aux urnes. Il était de 26,41%.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 en métropole pour ce second tour de la présidentielle et fermeront à 19h00 voire 20h00 dans les grandes villes.

Certains territoires d'outre-mer et Français de l'étranger ont voté dès samedi. A Saint-Pierre-et-Miquelon, la participation s'est établie à 57%, contre 54,96% lors du premier tour.

En Nouvelle-Calédonie, où l'abstention avait atteint un taux record au premier tour (66,65%), le second tour s'annonce sous les mêmes auspices.

(avec AFP et Reuters)