Primaire de droite : tout savoir sur le feuilleton politique de la rentrée

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  1382  mots
Jean-François Copé, Alain Juppé et François Fillon font partie de la douzaine de candidats déjà déclarés pour participer à la "primaire de la droite". Nicolas Sarkozy a jusqu'au 25 oût pour faire à son tour acte de candidature.
C'est le 9 septembre que l'on connaîtra les noms des candidats qui pourront se présenter à la première "primaire de la droite et du centre" des 20 et 27 novembre. Nicolas Sarkozy devra faire officiellement acte de candidature avant le 25 août. Mode d'emploi du scrutin.

Les candidats sont dans les starting-blocks et profitent de la pause estivale pour affûter leurs derniers arguments. Il s'agit aussi pour eux de se ménager avant l'ouverture à la rentrée de septembre du long feuilleton politique de l'automne qui va faire couler beaucoup d'encre et susciter bien des commentaires : la « primaire de la droite et du centre ». Une grande première pour ce camp politique qui, à la différence de la gauche, ne s'est jamais livrée à ce genre d'exercice pour choisir le « champion » officiel qui défendra ses couleurs lors de la présidentielle du printemps 2017. Revue de détail de l'organisation de ce scrutin inédit.

Le calendrier

Le premier tour aura lieu le dimanche 20 novembre. Puis, si aucun candidat n'obtient plus de 50% des suffrages exprimés - ce qui sera quasi certainement le cas - un second tour sera organisé le 27 novembre pour départager les deux candidats les mieux placés.

Mais avant ce scrutin d'autres échéances sont également très importantes pour déterminer qui pourra postuler. La date limite pour le dépôt des candidatures a été fixée au 9 septembre. C'est à cette date que les candidats potentiels devront déposer la liste complète des parrainages nécessaires. La liste des candidats sera officiellement connue le 21 septembre, date qui marquera le début de la campagne officielle. A noter que si Nicolas Sarkozy, président du parti « Les Républicains » souhaite être candidat à la primaire, les statuts prévoient qu'il devra démissionner de sa fonction au plus tard quinze jours avant le 9 septembre, soit à la date limite du 25 août. Le faux suspens autour de la candidature de l'ex chef de l'Etat et qui rêve de le redevenir va donc bientôt prendre fin.

Qui peut être candidat ?

Pour participer à la « primaire ouverte », les candidats issus du parti « Les Républicains » devront recueillir les parrainages d'au moins 250 élus, dont au moins 20 parlementaires, répartis sur au moins 30 départements, ainsi que de 2.500 militants originaires d'au moins 15 départements différents. Actuellement, le parti « Les Républicains » comptent 196 députés, 144 sénateurs et 20 députés européens. Mais, bien que les militants de l'UDI - le parti centriste présidé par Jean-Christophe Lagarde - se sont prononcés contre la participation de leur formation à la primaire, rien n'empêche en revanche les élus (et assimilés) de ce parti (29 députés, 42 sénateurs et 7 députés européens) d'apporter leur parrainage, à la condition qu'ils signent une charte d'adhésion aux valeurs de la droite. Une disposition qui a d'ailleurs fait hurler Nathalie Kosciusko Morizet, candidate (LR) à la primaire, qui comptait récolter quelques parrainages d'élus de gauche ou non-inscrits pour pouvoir se présenter. Or, l'obligation d'adhérer à la « charte des valeurs de droite » lui ferme cette porte.

Quant aux autres candidats, non issus du parti « Les Républicains », il leur appartient de fixer eux même les modalités pour concourir et notamment le nombre des parrainages nécessaires.

Qui peut voter ?

Il s'agit d'une primaire ouverte, c'est-à-dire que tous les électeurs inscrits sur les listes électorales au 31 décembre 2015 peuvent potentiellement y participer. Cependant, ces électeurs devront signer « une charte de l'alternance » qui les engagera formellement « à partager les valeurs de la droite républicaine et du centre ». En outre, chaque électeur devra s'acquitter de deux euros à chaque tour du scrutin.

Organisation du scrutin

10.000 bureaux de vote environ seront installés sur l'ensemble du territoire. Le vote aura lieu uniquement par bulletin papier, sauf pour les Français de l'étranger qui pourront voter par la voie électronique. Un sujet qui a d'ailleurs fait polémique. La liste définitive des bureaux de vote sera connue le 30 septembre.

C'est le député « LR » des Hauts-de-Seine, Thierry Solère, qui est en charge de l'organisation de la primaire et qui en a rédigé la charte, grâce à un budget alloué par le parti d'environ 5 millions d'euros. Il faudrait donc qu'au moins 2,5 millions d'électeurs participent pour que le parti rentre dans ses frais, puisque chaque électeur doit s'acquitter de deux euros pour voter.

A noter également que les sommes engagées par le candidat sortant vainqueur de la primaire seront prises en considération dans ses comptes de campagne (qui sont plafonnés) pour le « vrai » scrutin présidentiel.

Enfin, une « Haute Autorité pour la primaire à droite », présidée par la juriste Anne Levade, veille au bon fonctionnement des opérations et est autorisée à procéder à des « rappels à l'ordre ».

Trois débats télévisés sont pour l'instant prévus, à l'instar de la primaire de gauche en 2011. Un premier débat le 13 octobre sur TF1, un deuxième le 3 novembre sur BFM et I-Télé, un troisième le 17 novembre sur France Télévisions. Un dernier débat pourrait être organisé juste avant le second tour du scrutin du 27 novembre entre les deux candidats finalistes.

Qui est candidat ?

A ce stade, la liste des candidats n'est pas encore définitive puisque les postulants ont jusqu'au 9 septembre pour se faire connaître et présenter les parrainages nécessaires.

Les candidats déclarés :

-    Alain Juppé (LR), maire de Bordeaux et ancien premier ministre,

-    François Fillon (LR) député de Paris et ancien Premier ministre qui a déjà annoncé avoir tous les parrainages nécessaires,

-     Bruno Le Maire (LR) ancien ministre et député de l'Eure qui a lui aussi déclaré avoir ses parrainages.

-   Jean-François Copé (LR) ancien ministre, ancien président de l'UMP et député maire de Meaux,

-    Hervé Mariton (LR), député de la Drôme, maire de Crest et ancien ministre,

-   Nathalie Kosciusko Morizet (LR), députée de l'Essonne, conseillère de Paris, ancienne ministre,

-    Henri Guaino (LR), député des Yvelines et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Il a la particularité d'avoir annoncé que même en cas d'échec à la primaire, il n'excluait pas de se présenter directement à l'élection présidentielle,

-   Frédéric Lefebvre (LR), député des Français de l'étranger (Amérique du Nord) et ancien ministre

-   Geoffroy Didier (LR), vice-président de la région Ile-de-France,

Nadine Morano (LR), députée européenne et ancienne ministre,

-   Jacques Myard (LR), député des Yvelines, maire de Maisons-Laffite,

 -  Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien-démocrate), président du PCD fondé par Christine Boutin, député des Yvelines,

-   Hassen Hammou, issu du monde associatif, il avait fait partie du panel de français choisis pour interroger François Hollande sur TF1 en novembre 2014 lors de l'émission « En direct avec les Français ».

Les candidats potentiels

-    Nicolas Sarkozy (LR), ancien président de la République et président du parti « Les Républicains », il devra annoncer sa candidature et démissionner de ses fonctions actuelles avant le 25 août,

-   Michèle Alliot Marie (LR), députée européenne et ancienne ministre, elle pourrait soit se postuler à la primaire, soit se présenter directement à l'élection présidentielle... soit renoncer à tout.

Les candidats incertains

-    Un représentant de l'UDI. Après l'échec des négociations avec le parti « Les Républicains » pour parvenir à un accord électoral pour les législatives de juin 2017, Jean-Christophe Lagarde et son parti ont décidé de ne pas participer à la primaire. Mais si jamais un accord intervenait avant le 9 septembre, changera-t-il d'avis ?

-   Un représentant de l'Alliance centriste, l'une des composantes de l'UDI, pourrait concourir. En effet, cette formation, présidée par Jean Arthuis, avait manifesté son intention d'être présente à l'issue de son congrès en février 2016.

De son côté, François Bayrou, président du MoDem, a exclu de se présenter à la primaire. Cependant, il envisage éventuellement de se présenter directement pour la quatrième fois à l'élection présidentielle si Alain Juppé - qu'il soutient - ne l'emportait pas à la primaire.

In fine, Thierry Solère imagine qu'il n'y aura que « cinq ou six candidatures » qui franchiront l'obstacle des parrainages nécessaires pour réellement se présenter à cette première primaire de la droite.... Et peut- être du centre.