Quelle est la clé de la reprise ?

Par Fabien Piliu  |   |  448  mots
La formation, la clé de la reprise ?
Selon une enquête menée par le cabinet Deloitte auprès des directeurs financiers d’ETI et de grands groupes, c’est l’investissement dans le capital humain qui est devenu la priorité. Mais cet objectif nécessite des moyens financiers très importants. Trop importants ?

Le monde change. Et parce que les changements en cours interviennent après la plus grave crise économique que les pays industrialisés ont connu depuis la seconde guerre mondiale, s'adapter est délicat. Risqué. " C'est la raison pour laquelle l'incertitude est le principal frein au développement des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et des grands groupes ", explique Katia Ruet, Associée Conseil CFO Program chez Deloitte en commentant les résultats du baromètre d'opinion semestriel des directeurs financiers réalisée par Deloitte.

" Les économies occidentales, et notamment la France sont entre deux eaux. D'un côté, l'ancien monde industriel est en train de disparaitre. De l'autre, la nouvelle économie émerge. Ces deux mondes se rencontrent, ce qui provoque des tensions ", poursuit Jean-Paul Betbèze, Economic Advisor chez Deloitte.

Acquérir de nouvelles machines ?

Pour s'adapter à cet environnement les entreprises françaises n'ont pas d'autres choix que d'investir. En acquérant de nouvelles machines ? Pour favoriser la montée en gamme technologique du made in France, c'est plutôt préférable. Des investissements pour augmenter les capacités de production peuvent également être recommandés. Certes, le taux d'utilisation des capacités de production reste pour l'instant faible. Il s'élève actuellement à 81,8% selon l'Insee car les carnets de commandes sont peu garnis, tant en France qu'à l'international.Mais une accélération de la demande se produira bien un jour.

En attendant, cette enquête révèle une chose : la capacité d'adaptation des entreprises dépendra des investissements qu'elles réaliseront dans le capital humain. " En clair, elle dépend de leur capacité à attirer de nouveaux talents et à former leurs effectifs actuels aux dernières technologies ", précise Jean-Paul Betbèze.

Le capital humain, la priorité

" Or, investir dans les hommes et les femmes est moins facile que d'acheter une machine. Et c'est plus risqué ! La formation, le savoir sont des investissements irrécouvrables. Lorsque le salarié quitte l'entreprise, il part avec son savoir ", poursuit l'économiste pour qui ces investissements nécessitent des moyens financiers supérieurs à ceux déployés jusqu'ici. " Former l'ensemble de ces effectifs est très onéreux ", avance-il.

Selon cette enquête, c'est la raison pour laquelle les entreprises ont toujours pour priorité stratégique de réduire les coûts afin de redresser leur marge. Reste à savoir comment elles peuvent procéder pour y parvenir.

" C'est le sujet. Certes, les mesures du gouvernement pour alléger le coût du travail ont permis d'augmenter le taux de marge. Mais, il se situe toujours sous les 30% de l'excédent brut d'exploitation, six points en dessous du taux affiché par nos concurrentes allemandes », constate l'économiste.