Quelles relations commerciales entretiennent la Grèce et la France ?

Par Fabien Piliu  |   |  788  mots
La France a enregistré un excédent commercial bilatéral avec la Grèce de 1,5 milliard d'euros en 2014
La Grèce est l'un des rares pays avec qui la France affiche un excédent commercial. Une sortie de la Grèce de la zone euro pourrait mettre fin à cette « domination ».

En 2014, la France a accusé un déficit commercial de 53,8 milliards d'euros. Signe de sa perte de vitesse dans le domaine du commerce extérieur, elle affiche un déficit bilatéral avec la plupart de ses partenaires européens. Ce fut le cas, sans surprise, avec l'Allemagne, le premier exportateur mondial, avec qui la France enregistrait un déficit de 16 milliards d'euros mais aussi avec la Belgique (8 milliards d'euros), l'Italie (6 milliards d'euros), le Portugal (1 milliard d'euros) ou encore la Pologne (1,3 milliard d'euros). Avec l'ensemble des pays de la zone euro, le déficit s'élève à 38 milliards d'euros.

Avec la Grèce, la situation est différente. La France affiche en effet avec ce petit pays - son PIB ne représente que 2% du PIB de la zone euro - un excédent commercial bilatéral ! Il s'élevait à 1,5 milliard d'euros en 2014 selon les Douanes. Certes, cet excédent est une goutte d'eau par rapport aux 53,8 milliards d'euros de déficit constaté l'année dernière. Mais la balance commerciale tricolore est à ce point dégradée - elle est en déficit depuis 2003 - qu'il serait malvenu de se passer de cet avantage. Même minime. La Grèce reste, de loin, notre premier excédent commercial dans la zone euro, devant le Luxembourg (1 milliard d'euros) et le 2ème dans l'Union européenne, derrière le Royaume Uni (10,7 milliards d'euros), indique le Trésor.

Des exportations et des importations quasiment identiques

En 2014, les exportations françaises vers la Grèce se sont élevées à 2,1 milliards d'euros, soit 0,49% des exportations totales estimées à 427 milliards d'euros. La France exporte principalement de la viande, des préparations pharmaceutiques - ce sont en partie des transferts interentreprises -, des parfums, des produits de raffinage du pétrole, des produits sidérurgiques, chimiques et des véhicules automobiles.

Qu'importe-t-on de Grèce ? Devançant les préparations pharmaceutiques, l'aluminium est le premier bien que la France importe de Grèce. Viennent ensuite des produits agroalimentaires, essentiellement. Citons ce que les Douanes appellent les " autres préparations et conserves à base de fruits et de légumes ", les produits de la pêche et de l'aquaculture, les produits laitiers et fromages. Quelques produits industriels sont également importés, tels que des parfums, des produits de toilette, des articles de coutellerie et des produits du raffinage du pétrole. Au total, les importations de produits grecs ont légèrement dépassés 626 millions d'euros. On notera la similarité des produits exportés et importés.

Menaces sur l'excédent commercial

Cet excédent est-il menacé ? On peut légitimement l'envisager si la Grèce sort de la zone euro. En effet, en cas de Grexit, un double phénomène devrait découler d'un retour à la drachme ou de toute autre monnaie nationale grecque. Fortement dévalué par rapport à la monnaie unique, le niveau de la prochaine monnaie limiterait considérablement les importations. La priorité devrait être donnée aux importations de produits énergétiques, que la France n'exporte pas.

En revanche, choc de compétitivité oblige, les exportations seraient relancées, à condition que les partenaires commerciaux acceptent d'être payés avec la nouvelle monnaie grecque. Selon certains économistes, le gouvernement grec aurait déjà négocié un accord d'échanges de devises avec la Russie, qui lui fournirait les devises étrangères dont l'économie aurait besoin pour continuer à commercer avec le reste du monde.

Une compétitivité-prix retrouvée ?

Avec cette dévaluation, et à condition que les salaires ne s'envolent pas - le risque est assez peu élevé compte tenu de l'importance du secteur public -, certains secteurs retrouveraient une compétitivité-prix perdue depuis l'entrée de la Grèce dans le zone euro. C'est par exemple le cas du secteur de la réparation navale, fortement concurrencé par les chantiers turcs et croates, et du secteur agricole. C'est particulièrement vrai pour les fruits et légumes, qui représentent le tiers des exportations grecques du secteur. Depuis l'adhésion de la Grèce à la Communauté économique européenne (CEE) en 1981, les prix de ces produits, par ailleurs faiblement protégés par la Politique agricole commune (PAC) se sont alignés sur ceux des autres pays de la CEE. Un tel choc de compétitivité permettrait également de stimuler le tourisme que les incertitudes actuelles sur le sort du pays, fragilise. Selon la confédération du tourisme grec (SETE), les réservations de dernière minute ont chuté de 30% à la fin du mois de juin. En 2014, la Grèce a accueilli 24 millions de touristes, ce qui constitue un record. Selon la confédération, leurs dépenses ont généré 13,5 milliards d'euros de recettes.