Quels sont les enjeux des élections sénatoriales ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  689  mots
La moitié des membres du Sénat va être renouvelée dimanche 24 septembre. "La république en marche", le mouvement qui soutient Emmanuel Macron, espère effectuer une percée, alors que la droite et le centre, qui devraient conserver la majorité, veulent éviter une implosion
Dimanche 24 septembre la moitié du Sénat va être soumise à renouvellement. "La République en Marche", le mouvement de soutien à Emmanuel Macron, espère faire une percée au sein de la haute assemblée où il ne compte actuellement qu'une trentaine de sénateurs. La droite et les centristes comptent garder la majorité, alors que les socialistes seraient heureux de "sauver les meubles".

Avec les élections sénatoriales du dimanche 24 septembre, va se clore l'interminable cycle électoral de 2017. Le prochain scrutin national n'aura lieu qu'en 2019 avec les élections européennes... sauf événement imprévu bien entendu. Ce dimanche donc, conformément aux règles en vigueur depuis 2011, quasiment la moitié du Sénat va être renouvelée : très exactement 171 sièges sur 348... en attendant la réalisation de la promesse d'Emmanuel Macron de diminuer de 30% le nombre des sénateurs et des députés.

Quelle place pour "La république en marche"?

Les sénateurs sont élus par de grands électeurs pour un mandat de six ans. La question centrale du scrutin de dimanche sera de savoir si « La République en marche » (LREM), le mouvement d'Emmanuel Macron, sera en capacité d'effectuer une percée et de constituer un groupe important. L'enjeu est important si d'aventure Emmanuel Macron envisageait de modifier la Constitution, afin, par exemple, de durcir davantage les règles sur le cumul des mandats.

Or, dans ce cas de figure, il lui faut obtenir une majorité des 3/5e au congrès qui réunit les 555 sénateurs et députés. Actuellement, environ 348 députés (LREM, MoDem, et « Constructifs ») soutiennent la politique d'Emmanuel Macron. Il lui faudrait donc au bas mot rallier 207 sénateurs. Or, pour l'instant, sous la responsabilité de l'ancien socialiste François Patriat, sénateur de la Côte-D'Or, le groupe LREM au Sénat ne compte que 29 membres. Le mouvement caressait l'espoir pendant un temps de doubler ce nombre. Mais, avec la chute de popularité du président intervenue cet été et les bisbilles avec les élus locaux sur la taxe d'habitation et la demande de 13 milliards d'euros d'économies adressée aux collectivités locales, on se montre maintenant nettement plus prudent chez les macronistes. De fait, particularité du scrutin sénatorial, ce sont les seuls « grands électeurs » qui élisent les sénateurs.

Au total, il y a 162.000 grands électeurs, parmi lesquels 95% sont conseillers municipaux et 5% sont députés, sénateurs, conseillers régionaux et généraux. Le Sénat étant renouvelé par moitié, dimanche, seuls 76.359 grands électeurs sont donc convoqués et très peu parmi eux sont étiquetés LREM. Au contraire, ils pourraient bien faire « payer » au parti présidentiel les mesures gouvernementales sur les finances locales...

Mais, a défaut d'obtenir un groupe dominant au Sénat, LREM pourrait se satisfaire d'une éventuelle division à venir au sein des groupes de la droite et du centre qui forment la majorité actuelle au sein de la Haute Assemblée.

Un risque d'éclatement à droite?

De fait, le groupe qui rassemble « Les Républicains » (LR) est composé de 142 membres - dont seulement 53 sont renouvelés ce dimanche - et celui des centristes de 42. Dimanche soir, les deux groupes pourraient peut-être perdre une dizaine de membres... Pas de quoi, a priori, remettre en question la réélection de Gerard Larcher à la présidence du Sénat. En revanche la sénatrice LR du Bas-Rhin, Fabienne Keller, ne cache pas qu'un certain nombre de sénateurs de sa famille politique seraient tentés de créer un groupe autonome au Sénat soutenant la politique d'Emmanuel Macron. Il s'agirait de la répétition du scénario qui s'est produit à l'Assemblée nationale quand, à l'initiative de Thierry Solère, des anciens de LR ont créé les « Constructifs ».

La question est de savoir combien de sénateurs LR et centristes accepteront de rejoindre cet éventuel nouveau groupe...

Pour le PS, l'important est de seulement "sauver les meubles"

Enfin, il reste le cas de la gauche. Et ce n'est pas fameux. Déjà, avec l'élection d'Emmanuel Macron en mai dernier, le groupe socialiste au Sénat a perdu une vingtaine de membres partis rejoindre LREM. Il n'y a donc plus aujourd'hui que 86 sénateurs socialistes dont 46 doivent être renouvelés dimanche. Dans le contexte actuel de désolation qui règne au PS, la seule ambition du groupe est donc de perdre le moins possible de sénateurs... S'il conservait une cinquantaine de sièges, le PS s'estimerait heureux...