Réforme du code du travail : la journée d'action n'est qu'un début pour la CGT

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  796  mots
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, prévient le gouvernement qu'il ne" lâchera" rien sur la réforme du droit du travail. Il prévient qu'après celle du 12 septembre, il y aura d'autres journées d'action contre les ordonnances et il espère que d'autres syndicats vont se joindre à la mobilisation.
La CGT appelle, le 12 septembre, à une journée de mobilisation contre la réforme du code du travail. Son secrétaire général, Philippe Martinez, prévient: il y aura d'autres journées d'action par la suite.

Pour sa traditionnelle conférence de presse de rentrée, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, n'avait qu'un seul motif de satisfaction : il venait d'apprendre des services du Premier ministre que, finalement, une réunion multilatérale réunissant toutes les principales organisations syndicales et patronales se tiendra jeudi 31 août, tout juste quelques heures avant la présentation officielle du contenu exact des ordonnances réformant le droit du travail... Il était donc temps.

La tenue d'une réunion multilatérale était une demande constante de plusieurs organisations syndicales depuis le lancement, il y a environ deux mois, du processus de consultation des partenaires sociaux sur la réforme du droit du travail. Le gouvernement tergiversait, préférant s'en tenir aux réunions bilatérales (il y en a eu une cinquantaine). Et, finalement, donc, au dernier moment, il y aura une multilatérale. Une façon pour le Premier ministre et la ministre du Travail Muriel Penicaud de présenter à l'ensemble des acteurs le contenu des ordonnances et de « tester » en direct les réactions des leaders patronaux et syndicaux.

D'autres journées de mobilisation prévues après celle du 12 septembre

Pour le reste, c'est peu dire que Philippe Martinez est loin d'être un soutien de la nouvelle majorité, il se place même en opposition directe à la ligne suivie par le gouvernement. C'est évidemment notamment le cas avec la réforme du code du travail qui, pour lui, « s'inscrit dans la suite des précédentes réformes et principalement sur celle du précédent gouvernement, la loi dite El Khomri. Ce n'est pas étonnant, Monsieur Macron, alors ministre de l'Economie, avait beaucoup œuvré à la rédaction de cette loi ».

La CGT est profondément opposée à la logique de la nouvelle réforme : elle ne veut pas de la fusion obligatoire des instances représentatives du personnel ; elle réfute l'idée de faciliter la négociation d'entreprise surtout là où il n'y a pas de délégués syndicaux ; elle ne veut pas faciliter le referendum à l'initiative de l'employeur...

La CGT regrette surtout que cette loi concerne essentiellement les grandes entreprises. Philippe Martinez est d'ailleurs très clair :

« Cette réforme du droit du travail est d'abord une réponse aux exigences des grandes entreprises et du Medef. D'ailleurs, vous avez tous noté la satisfaction de son président [Pierre Gattaz] et sa demande au président de la République de ne rien lâcher et d'aller vite ».

La CGT avait proposé au gouvernement que, préalablement à une nouvelle et énième réforme du droit du travail, soit organisé un vaste débat sur la réalité du travail en France aujourd'hui, pour tenir compte de l'emploi dans les TPE, des nouvelles formes d'emplois (plateformes, autoentrepreneurs « forcés », etc.). Mais cette idée n'a pas été retenue.

La CGT ne se joindra pas à la journée du 23 septembre organisée par La France Insoumise (LFI)

Mais d'autres mesures gouvernementales n'échappent pas à la vindicte de la CGT : baisse des APL, diminution du nombre des contrats aidés, baisse des cotisations salariales au profit d'une hausse de la CSG qui, pour Philippe Martinez représente « un enfumage de la hausse du pouvoir d'achat ». Et de rappeler que les « cotisations sociales font partie intégrante des salaires même si celui-ci est différé tout au long de la vie ».

Pour toutes ces raisons, la CGT appelle à une forte journée de mobilisation le 12 septembre. « Cette journée ne sera qu'un début », prévient le secrétaire général, « nous sommes déjà en train de réfléchir à la suivante ». Façon de prévenir le gouvernement que la CGT ne le « lâchera » pas. Pour le 12 septembre, Philippe Martinez se dit confiant sur le niveau de la mobilisation, les militants CGT préparant de longue date cette initiative. D'ailleurs, la CGT sera renforcée par les syndicats membres de Solidaires (SUD), et l'Unef (étudiants). La FSU a aussi déposé un préavis de grève ce jour-là.

En revanche, à la différence de 2016 avec la loi El Khomri, Force Ouvrière, ne s'est pour l'instant pas joint au mouvement, sauf quelques fédérations au niveau local. Mais Philippe Martinez ne désespère pas que le rassemblement grossisse une fois connu, le 31 août, le contenu exact des ordonnances.

En revanche, le leader de la CGT a été très clair, au nom de « l'indépendance syndicale » et pour rester maître de « son calendrier », la CGT ne rejoindra pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui a appelé le 23 septembre à une journée de mobilisation contre la réforme du droit du travail.