Retraites : fragilisé, Jean-Paul Delevoye démissionne du gouvernement

Par AFP  |   |  608  mots
(Crédits : Reuters)
Le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, a présenté, ce lundi, sa démission au président de la République, qui l'a acceptée "avec regret".

La pression devenait insoutenable. Mis en cause après la révélation de plusieurs omissions dans sa déclaration d'intérêts, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, a présenté sa démission, ce lundi, au président de la République, qui l'a acceptée "avec regret". L'épilogue d'une semaine de révélations sur les activités de Jean-Paul Delevoye et ses mandats non déclarés. Dans cette affaire, l'intéressé admet "une légèreté coupable" et des nombreuses négligences dans sa déclaration d'intérêts,

Nommé par Emmanuel Macron en septembre 2017 pour préparer la réforme des retraites, M. Delevoye considère que la "confiance est fragilisée sous les coups d'attaques violentes et d'amalgames mensongers" et qu'à travers son "procès", on "veut porter atteinte au projet" qu'il juge "essentiel pour la France", explique-t-il dans une déclaration transmise à explique-t-il dans une déclaration transmise à l'AFP. Il sera remplacé "dans les plus brefs délais", a précisé l'Elysée.

10 mandats supplémentaires non-déclarés

Pour l'Elysée, "le haut commissaire a jugé préférable de démissionner afin de pouvoir répondre aux critiques dont il fait l'objet. Nous saluons sa démarche de responsabilité à un moment important de la réforme". "C'est de bonne foi que Jean-Paul Delevoye a commis ces omissions, il va pouvoir s'en expliquer. Il aura les moyens de se défendre en quittant ses fonctions", a souligné l'entourage d'Emmanuel Macron, qui a salué son "travail très substantiel au service d'une réforme historique". "Il a décidé de ne pas handicaper l'action du gouvernement en demeurant à son poste", a commenté la porte-parole Sibeth Ndiaye.

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Jean-Paul Delevoye a reconnu avoir omis de déclarer sa fonction d'administrateur bénévole dans un institut de formation de l'assurance, l'Ifpass, et a rectifié ce week-end sa déclaration d'intérêts en déclarant 13 mandats, dont 11 bénévoles, soit dix de plus que dans la version initiale. Depuis la première révélation du Parisien, il y a tout juste une semaine, sur ses liens avec un institut de formation du secteur de l'assurance (Ifpass), qu'il avait qualifié "d'omission par oubli", pas un jour ne s'est écoulé sans rebondissement. Il était également rémunéré depuis mi-2016 par le groupe de formation IGS, dont il a continué à percevoir plus de 5.000 euros par mois même après son entrée au gouvernement début septembre, ce qui est interdit par la Constitution.

Un cailloux dans la chaussure de l'exécutif

Son départ tombe au pire moment pour l'exécutif, empêtré dans une grève des transports qui dure depuis 12 jours et pourrait continuer jusqu'à Noël. Loin d'apaiser la situation, les annonces du Premier ministre, Édouard Philippe, mercredi, ont renforcé le front syndical et fait basculer la CFDT dans la contestation : le premier syndicat français sera présent dans les manifestations prévues mardi, pour la première fois depuis le début du conflit.

Le chef des députés LREM, Gilles le Gendre, a toutefois exprimé au nom de son groupe "tristesse et respect après la décision courageuse" de M. Delevoye. Il a eu "une réaction assez saine et propre", a déclaré à l'AFP Frédéric Sève, négociateur de la CFDT sur les retraites, qui "souhaite que son ou sa successeur puisse être comme lui un vrai militant de la réforme, telle qu'elle était décrite dans la feuille de route initiale."