Retraites : le ton monte entre les syndicats et le gouvernement

A l'avant-veille d'une journée de manifestations à l'appel de l'ensemble des syndicats, les syndicats et le gouvernement restent campés sur leur position. Le patron de la CFDT, Laurent Berger, est sorti du silence dans Le Journal du dimanche pour manifester son opposition à "l'âge d'équilibre" à 64 ans.
Le patron de la CFDT, Laurent Berger, est sorti dimanche du silence.
Le patron de la CFDT, Laurent Berger, est sorti dimanche du silence. (Crédits : Pascal Rossignol)

Le ton monte entre les principaux acteurs de la contestation du projet de réforme des retraites du gouvernement dimanche, onzième jour de grève dans les transports, à l'avant-veille d'une journée de manifestations à l'appel de l'ensemble des syndicats.

Dimanche, la situation devait toujours être très perturbée dans les transports, et le débat de fond sur les retraites risque d'être parasité par la mise en cause ces derniers jours du haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye. Fragilisé par des soupçons de conflits d'intérêts après des omissions dans sa déclaration d'intérêts, ce dernier a rectifié samedi ce document et déclaré 13 mandats dont 11 bénévoles, selon Le Monde. Il a reçu le soutien du Premier ministre Édouard Philippe, éloignant l'incertitude qui planait sur une éventuelle démission.

De plus en plus inquiet de ne pas voir assez de trains circuler à Noël, le chef du gouvernement a sévèrement critiqué dans le Parisien dimanche les grévistes, qui provoquent de très importantes perturbations dans les transports.

"Noël c'est un moment important. Il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment", déclare-t-il. Il ajoute qu'il ne dirait "pas que tout le pays est en grève. Ce n'est pas un blocage total".

Les cheminots grévistes ont déjà annoncé qu'ils n'envisageaient pas de "trêve" pour les fêtes de fin d'année. "Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s'impose : le retrait de la réforme par points", a déclaré à l'AFP samedi Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots (1er).

"Un point, c'est tout"

Élément clé du passage de la réforme dans l'opinion, le patron de la CFDT, Laurent Berger, est en outre sorti dimanche du silence qu'il observait depuis son coup de colère mercredi, après l'annonce qu'une mesure d'âge était confirmée dans le projet de réforme du système de retraite. Edouard Philippe a annoncé la mise en place d'un "âge d'équilibre" à 64 ans. Cela signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d'un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d'un bonus.

"C'est très simple : pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l'âge d'équilibre. Un point, c'est tout", déclare Laurent Berger au Journal du dimanche.

Il y répète que "cela n'a aucun sens" selon lui de conjuguer la transformation des 42 régimes de retraites existants en un système universel par points avec une mesure d'âge dont le but assumé est de faire des économies pour assurer l'équilibre financier du régime.

Au point de ne pas exclure d'organiser un "rendez-vous en janvier" pour obtenir gain de cause, après la manifestation de mardi, en même temps que l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU qui demande le retrait complet de la réforme.

En attendant, il laisse entendre qu'il accepte l'invitation de Matignon, avec la CFTC et l'Unsa, à une nouvelle concertation. Edouard Philippe la voulait "le plus tôt possible la semaine prochaine", le responsable syndical n'a pas précisé de date. Il se dit enfin soucieux qu'il n'y ait "pas de blocage des transports à Noël".

Le trafic restera très perturbé dimanche et lundi avec toujours un quart des TGV et un tiers des TER, ainsi que la quasi-totalité des lignes de métro fermées. Lundi, le trafic sera "très réduit" à la RATP. Le lendemain, cheminots, étudiants, employés de la fonction publique, professions de santé, avocats, magistrats, enseignants sont attendus dans la rue. Très mobilisés depuis le début du conflit, ces derniers ont obtenu vendredi du gouvernement la garantie de revalorisation des salaires, pour environ 10 milliards d'euros sur plusieurs années, à partir du 1er janvier 2021.

Commentaires 23
à écrit le 17/12/2019 à 15:25
Signaler
Les syndicats vont rapidement rentrer dans le rang, comme la police, lorsque Macron va le dire qu'il va leur suppeimer les centaines de millions d'€ qu'il leur offre, pour obtenir leur consencus. D'ailleurs la CGT a déjà commencé à fait allégeance et...

le 17/12/2019 à 19:52
Signaler
1) La CGT (qui a l'air de vous fasciner !) n'est que l'un des huit syndicats de salariés en grève aujourd'hui ! Et ce n'est pas le plus important, puisque la CFDT, qui appelle aussi à la grève, est le plus important syndicat de France. 2) Les syndic...

à écrit le 16/12/2019 à 6:40
Signaler
Combien de français ont ils cru que LREM allait apporter quelque chose de neuf dans la politique ? Combien ont cru que la langue de bois, les louvoiements, les atermoiements et autres tromperies allaient disparaître de la scène au profit d'un langage...

le 17/12/2019 à 0:45
Signaler
Génralement, les gens qui ne peuvent continuer un travail, ils en changent. C'est comme cela dans le privé.

à écrit le 16/12/2019 à 6:07
Signaler
Question: mais pourquoi perdre son temps avec ces bolcheviques qui ne représentent que leur ombre, qui n ont aucune légitimité, qui ne représentent qu une partie de la fonction publique et la vaste majorité des régimes spéciaux (250000 agents)....en...

le 17/12/2019 à 19:55
Signaler
Les avocats des bolchéviques ? Ils vont être ravis de l'apprendre ! Pourtant, eux aussi sont contre la retraite par points !

à écrit le 15/12/2019 à 20:06
Signaler
pour moi tout est clair: à l'issue de ce "bazar", seuls les salariés du privé vont se faire écornifler! Et bien! De dérogations en reculades, en passant par l'attribution du"compte pénibilité" d'office à toute la fonction publique,les régimes spéciau...

à écrit le 15/12/2019 à 18:24
Signaler
Comment se fait-il qu'aucun syndicat ne se soit offusqué de l'intégration des primes dans les retraites des fonctionnaires qui va avoir pour effet de porter jusqu’à 8000 € par mois la retraite des hauts fonctionnaires qui touchaient aujourd'hui 5000 ...

à écrit le 15/12/2019 à 16:36
Signaler
Du bla bla. Il ne faut pas s' y tromper, le but du gouvernement est de faire diversion, tout le monde va trinquer et les retraités du privé seront très largement touchés qui paieront d' abord les pots cassés, F Asselineau et l' UPR rappellent comment...

à écrit le 15/12/2019 à 15:04
Signaler
L'age pivot n'est qu'un "os a ronger" pour faire accepter le reste de la réforme après son retrait! Et, le gouvernement pense avoir finement manipuler l'opinion! Macron n'attend que le résultat pour avoir les lauriers de Bruxelles!

à écrit le 15/12/2019 à 14:19
Signaler
Les syndicalistes pètent les plombs et oublient quelques basiques :Ils ne représentent au mieux que leurs mandants et au plus faible leurs adhérents : soit quelques centaines de milliers de français ( et je suis gentil en comptant aussi large ) Le g...

le 15/12/2019 à 17:05
Signaler
Vous trouver que moins de 25% des votes est représentatif de la majorité? Moi pas... Cela représente même pas 10% de la population...

le 15/12/2019 à 17:42
Signaler
En somme, vous voulez la suppression des corps intermédiaires. Bref, de l'insurrection populaire incontrôlée et incontrôlable !! Vous avez la mémoire courte ! L'insurrection de qcqs dizaines de milliers de GJ a coûté 17 mds d'euro aux finances pub...

le 15/12/2019 à 19:00
Signaler
20743128 voix pour Macron aux deuxième tour et plus de voix qu'aucun autre candidat au premier tour.

à écrit le 15/12/2019 à 12:26
Signaler
Ce projet de loi est devenu un boulet pour le gouvernement Phillipe. Coincé entre les conflits d'intérêts de Delevoye, l'amateurisme, l'impreparation, l'attitude hautaine de Phillipe, celle désinvolte de Macron liées à une communication catastrophiqu...

le 15/12/2019 à 14:08
Signaler
Excellent résumé concis de Valbel89. c'est l'échec systémique de la méthode Philippe, ce projet est bon pour la poubelle ...

à écrit le 15/12/2019 à 12:08
Signaler
Ce gouvernement et son président savent très bien qu'ils ne peuvent céder sans devoir disparaître et préfèrent le chaos qui pourrai leur permettre "une excuse"!

à écrit le 15/12/2019 à 11:03
Signaler
L'âge pivot de 64 ans n'est pas idiot si on compare avec les autres pays de l'UE et Suisse. Voir le lien officiel suivant: https://www.cleiss.fr/docs/ages_retraite.html Comme précisé sur le site, il y a d'autres facteurs à prendre en considération...

à écrit le 15/12/2019 à 11:01
Signaler
Maintenir coûte que coûte la réforme tt en continuant à négocier avec les syndicats réformistes, ss renoncer avt les fêtes. La grève risque de pourrir le mouvt si elle se poursuit pdt les fêtes par un rejet populaire massif d'une opinion qui aura en...

le 15/12/2019 à 19:02
Signaler
100% d'accord avec cette vision lucide de la situation

à écrit le 15/12/2019 à 10:59
Signaler
L'âge d'équilibre est une très bonne chose. Si les syndicalistes veulent aider les travailleurs ils n'ont qu'à créer des entreprises industrielles innovantes. S'ils en sont pas capables ils ne méritent pas que l'on ecoute leur avis.

à écrit le 15/12/2019 à 10:50
Signaler
Il est clair que CGT FO SUD et consorts roulent surtout pour les régimes spéciaux, CFDT UNSA CFTC plutôt pour la suppression de l'âge pivot. Pour ne pas créer une intersyndicale qui ruinerait le projet comme en 95, le gouvt a intérêt à donner raison...

le 15/12/2019 à 17:57
Signaler
@Leon 15/12/2019 10:50 Si je ne me trompe pas (il faut être bac+12 pour comprendre), l'âge pivot existe déjà dans le système Agirc/Arcco car depuis le 1er janvier 2019: une personne qui est née après 1957 et qui liquide à 62 ans (avec tous les trim...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.