Réforme des retraites : Laurent Berger appelle le gouvernement à modifier le texte

Par latribune.fr  |   |  752  mots
Laurent Berger alerte le gouvernement sur la « colère qui monte » et appelle l'exécutif a désamorcer la situation. (Crédits : YVES HERMAN)
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé le gouvernement à trouver un compromis sur la réforme des retraites, ce lundi 27 mars, au micro de France 2. Le syndicaliste a notamment sonné l’alerte sur la colère croissante des manifestants et des grévistes en réaction au passage en force du gouvernement.

[Article publié le lundi 27 mars à 10h20 et mis à jour à 13h16]

La relative bonne entente entre le gouvernement et la CFDT semble avoir bel et bien pris fin. « Il faut un bougé très fort du gouvernement sur la question des retraites, c'est-à-dire qu'il faut qu'il dise "les 64 ans ne s'appliqueront pas", a asséné le responsable syndical, interrogé sur France 2, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation. Je suis préoccupé (par) la situation ».

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 « J'appelle le président de la République et la Première ministre à entendre qu'il y a une voie de sortie, mais que cela nécessite de faire un mouvement de leur côté », a-t-il affirmé, rappelant avoir proposé une « ouverture » en faisant une pause et en discutant « pendant six mois et du travail et des retraites ».

Berger ne reconnaît pas de main tendue du gouvernement

La Première ministre, Elisabeth Borne, a tendu dimanche la main aux syndicats et aux partis politiques. Celle-ci ne semble pas avoir convaincu Laurent Berger. « C'est quelle main tendue ? Je suis désolé de le dire comme ça, mais elle est où la main tendue, sur la question des retraites ? (Or) c'est le sujet actuel », a-t-il répondu.

« Si la main tendue, c'est rediscutons et travail et des retraites, et en mettant de côté pour l'instant la réforme qui a été adoptée par le 49-3, qui n'est pas validée par le Conseil constitutionnel (...), si ces deux sujets sont sur la table, on va discuter », a-t-il ajouté.

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« Vous n'imaginez pas quand même qu'il y a deux millions de personnes dans la rue jeudi dernier », d'un côté et « qu'on (ne) va pas discuter des retraites si on est invités à discuter » d'un autre côté.

La CFDT alerte sur la « colère qui monte »

Alors que le recours du gouvernement au 49.3 pour faire adopter sa réforme au Parlement s'est traduit par un durcissement de la contestation, émaillée d'échauffourées quotidiennes, Laurent Berger a décrit « un climat qui est dangereux » et  « une colère qui monte ». Il a appelé à « ne pas tomber dans la folie qui pourrait s'emparer de ce pays avec de la violence mais aussi un ressentiment social très profond ». Selon lui, « il vaut mieux faire redescendre la température que d'attiser les choses ».

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Quant à savoir si la journée de mobilisation mardi sera la dernière, il a répondu : « non, ce n'est pas forcément la dernière (...). On va au moins aller jusqu'au Conseil constitutionnel ». La décision de ce dernier est attendue d'ici à trois semaines.

Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, a appelé en fin de semaine dernière Laurent Berger « pour échanger sur l'ambiance » selon le secrétaire général de la CFDT qui lui a réitéré sa demande de « faire une pause » sur la réforme des retraites. Laurent Berger a confirmé lundi à l'AFP une information du Monde selon laquelle il avait reçu un appel du bras droit d'Emmanuel Macron.

« Je lui ai dit ce que je dis dans les médias depuis la semaine dernière et encore ce matin. Il faut écarter les 64 ans en faisant pause. Et parler travail, retraites dans les mois à venir », a précisé le patron de la CFDT.

Olivier Véran appelle Laurent Berger à venir discuter de la réforme

Interrogé par BFMTV ce lundi 27 mars, Olivier Véran, a répondu aux critiques du secrétaire général de la CFDT. « On écoute Laurent Berger, on dialogue avec lui, on lui tend la main », a-t-il assuré. « Il a d'ailleurs une hauteur de vue et une posture très digne dans la période, il condamne lui les violences sans mettre de mais, et il se garde bien de faire de la politique politicienne à partir de la violence », a aussi ajouté le porte-parole.

Revenant sur les propos d'Emmanuel Macron lors de son interview du 22 mars, où le président avait assuré que la CFDT était initialement d'accord pour augmenter l'âge de départ à la retraite, Olivier Véran explique que « (le Président, ndlr) n'a pas du tout humilié qui que ce soit, il ouvre la porte à un dialogue avec les syndicats, il propose de recevoir l'intersyndicale ».

(avec AFP)