Contribution exceptionnelle, réindustrialisation, ordre républicain : ce que promet Macron après la réforme des retraites

Dans un climat social explosif émaillé par des manifestations désormais quotidiennes contre la réforme des retraites et des mouvements de grève qui perdurent, notamment dans les raffineries et dépôts pétroliers, Emmanuel Macron prenait la parole, ce mercredi, dans une interview au journal de 13 heures.
Coline Vazquez
Le chef de l'État prenait la parole ce mercredi à 13H00, en direct à l'Elysée, répondant aux questions des journalistes Marie-Sophie Lacarrau de TF1 et Julian Bugier de France 2.
Le chef de l'État prenait la parole ce mercredi à 13H00, en direct à l'Elysée, répondant aux questions des journalistes Marie-Sophie Lacarrau de TF1 et Julian Bugier de France 2. (Crédits : Capture d'écran)

« Ce texte va poursuivre son chemin démocratique ». C'est ce qu'a d'emblée affirmé Emmanuel Macron, ce mercredi devant les journalistes Marie-Sophie Lacarrau de TF1 et Julian Bugier de France 2. « Il faut maintenant attendre que le Conseil constitutionnel se prononce », a-t-il néanmoins admis. Mais « il faut que la réforme entre en vigueur avant la fin de l'année », a-t-il affirmé. L'entrée en vigueur était initialement prévue pour le 1er septembre.

Lire aussiConseil constitutionnel, RIP : les scénarios après l'échec de la motion de censure sur les retraites

C'est au journal de 13 heures des chaînes France 2 et TF1 que le président de la République a décidé de prendre la parole sous le format d'une interview menée depuis l'Elysée en direct. L'objectif : réaffirmer une énième fois la nécessité de mener à bien la réforme des retraites.

«  Ça ne me fait pas plaisir de faire cette réforme »

« Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? Non !», a asséné Emmanuel Macron, ajoutant le faire « en responsabilité par le sens de l'intérêt général ». « J'aurais voulu ne pas la faire », a-t-il insisté, estimant que « cette réforme, c'est une nécessité pour le pays ». « S'il faut endosser l'impopularité, je l'endosserai ».

Seul regret pour le chef de l'Etat : « que nous n'ayons pas réussi à partager la nécessité de faire cette réforme ». Mais « je pense qu'il y a une volonté de passer à autre chose chez certains et de ne pas partager cette contrainte », a-t-il rétorqué, ciblant les organisations syndicales s'opposant à la réforme. Pour elles, « le projet », « c'est le déficit », a-t-il reproché. « Qu'est-ce que c'est le déficit?, a-t-il interrogé Ça veut dire, de fait, que vous choisissez de faire payer vos enfants parce que, aujourd'hui, vous refusez de décider avec clarté et courage ».

De quoi justifier, selon le gouvernement, l'emploi de l'article 49.3 pour faire adopter la réforme le 16 mars dernier. Un choix qui n'a pas manqué de renforcer la colère des manifestants et grévistes. Depuis cette date, les rassemblements se multiplient chaque soir notamment au sein de la capitale et une journée de mobilisation interprofessionnelle est, de nouveau, organisée jeudi par les syndicats. Du côté des grèves, elles se poursuivent dans les transports, la RATP ayant annoncé un trafic « très perturbé » dans les transports franciliens. De même, une grève reconductible des éboueurs est toujours à l'oeuvre dans plusieurs villes dont Paris. En outre, environ 12% des stations-service de France sont à court d'essence ou de gazole et 6% à sec, des mouvements de débrayage affectant l'activité de raffineries et de dépôts.

Face à cette mobilisation, Emmanuel Macron avait répondu, mardi, que « la foule, quelle qu'elle soit, n'a pas de légitimité face au peuple souverain qui s'exprime à travers ses élus ». Des propos sur lesquels il est revenu ce mercredi en rappelant l'existence du droit à manifester et en assurant que « des manifestations organisées, c'est légitime ». « Mais à côté de ça, quand des groupes utilisent l'extrême violence pour agresser des élus de la République chaque semaine, quand ils utilisent la violence sans règle, alors là, ce n'est plus la même chose », a-t-il dénoncé. Et d'ajouter que, « les blocages, il faut pouvoir les bloquer quand ils empêchent l'activité normale. C'est pour ça que j'ai demandé au gouvernement de négocier au maximum et quand cela n'aboutit pas, de réquisitionner ». Au sujet même de ses propos tenus la veille, sans se dédire, le chef de l'Etat a simplement indiqué : « ce sont des propos qui clarifient ».

Lire aussiRetraites : et maintenant, Emmanuel Macron peut-il reprendre la main ?

Une « contribution exceptionnelle » des grandes entreprises

Mais face à la fronde sociale, Emmanuel Macron a également promis des actions, assurant avoir entendu la colère des manifestants. Il a ainsi présenté l'idée d'une nouvelle taxe pour les grandes entreprises, véritable serpent de mer depuis l'explosion de l'inflation pour les foyers.

« Je vais demander au gouvernement de travailler à une contribution exceptionnelle concernant les profits exceptionnels », a expliqué le chef de l'Etat, pour que « les travailleurs puissent profiter » de cet argent, ciblant notamment « les entreprises qui rachètent leurs propres actions ».

« Il y a quand même un peu un cynisme à l'œuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu'ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions », a ainsi dénoncé le chef de l'Etat, exigeant de « davantage redistribuer aux salariés ».

Mais il ne s'agira pas d'une taxe sur les superprofits, a-t-il assuré, rappelant que « nous l'avons déjà fait en taxant les superprofits des énergéticiens » alors montrés du doigt en pleine flambée des prix de l'énergie pour les Français.

Autre mesure qui devait voir le jour : le gouvernement devra réfléchir à des « aides au retour à l'emploi », pour renforcer les « droits et les devoirs », en particulier des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active). Enfin, concernant « les métiers difficiles »« ce n'est pas 62 ou 64 ans le problème, mais à 54, 55 ans. Le vrai problème, c'est celui de l'usure professionnelle et des fins de carrière ». Un enjeu que le chef de l'Etat veut « prendre à bras-le-corps » et réengager des discussions avec les partenaires sociaux à ce sujet. Des partenaires sociaux avec qui il  entend également entamer de nouveaux échanges concernant « toutes les branches qui continuent à payer en dessous du minimum légal ».

« Nous n'avons pas le droit à l'immobilisme »

Mais surtout, Emmanuel Macron a tenu à rassurer quant à sa capacité à continuer à réformer le pays durant le reste de son quinquennat. « Nous n'avons pas le droit à l'arrêt ou à l'immobilisme, » a-t-il affirmé. Il a d'ailleurs indiqué que « plusieurs textes » concernant l'immigration, plutôt qu'une seule loi, « arriveront dans les prochaines semaines ».

Lire aussiRetraites : la crise politique et sociale menace les autres projets de réforme de Macron

« Nous allons continuer à avancer à marches forcées », a-t-il martelé, insistant sur la nécessité de la réindustrialisation. Et de déplorer que « pendant des années nous avons habitué le pays à ne plus produire ou du moins beaucoup moins ». Emmanuel Macron veut ainsi garder le cap sur « le plein emploi et la réindustrialisation, c'est la France de 2030 ». Et « il faut gagner la bataille de l'industrie décarbonnée ».

Deuxième cap affiché par le président : « l'ordre républicain » avec « 200 brigades de gendarmerie, plus de juges, plus de greffiers » ainsi qu'« une loi de programmation militaire qui va arriver ».

Lire aussiElisabeth Borne va-t-elle torpiller la crédibilité de la future loi de programmation militaire ?

Enfin, troisième priorité : « les progrès pour mieux vivre : l'école, la santé, l'écologie ». Je veux qu'à la rentrée prochaine on puisse remplacer du jour pour le lendemain un professeur absent, a-t-il souhaité. Mais aussi « donner un médecin traitant à celles et ceux qui sont en affection longue durée ou âgés et dans des déserts médicaux ».

Dernière priorité affichée par Emmanuel Macron, la volonté de mettre en place « un plan eau », « dès les prochaines semaines ». « On doit gagner la bataille pour la sobriété en matière d'eau », a-t-il simplement déclaré à ce sujet.

Elisabeth Borne « a ma confiance »

Pour cela, le président continuera de compter sur sa Première ministre à qui il a renouvelé sa confiance, ce mercredi.« Elle a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale », a-t-il souligné, en précisant lui avoir demandé « de bâtir un programme législatif, un programme de gouvernement (...) pour avoir à la fois moins de textes de loi, des textes plus courts, plus clairs, pour aussi changer les choses pour nos compatriotes de manière plus tangible »".

REVOIR L'ENTRETIEN D'EMMANUEL MACRON

Coline Vazquez
Commentaires 29
à écrit le 23/03/2023 à 9:53
Signaler
Il faut que les gens manifestent pour qu'il en arrive à concéder une contribution exceptionnelle !!!!!! alors que de nombreux députés la réclamaient. De toute façon, même s'il la met en oeuvre, elle sera tellement douce et tellement édulcorée qu'ell...

à écrit le 22/03/2023 à 23:47
Signaler
Ca pour parler et sortir des phrases pleines de mots ronflants y'a du monde ! Mais après c'est le désastre, un monde qui s'écroule sous nos yeux ébahis.

à écrit le 22/03/2023 à 19:02
Signaler
Il s'est bien gardé de remettre la proportionnelle sur la table, c'était une de ses promesses, une reforme qui aurai pu être "populaire". Faut se faire une raison, la Veme ça pouvait passer avec pour un grand charles ui avait son vécu, pas un ridicu...

à écrit le 22/03/2023 à 18:49
Signaler
Tous ce qui semblent promis ne peut que sentir le renfermé passéiste ! Un rattrapage sans but ! On a besoin d'une adaptation aux données actuelles... le réchauffement climatique en est une ! L'argent n'en est qu'un moyen mais sûrement pas un but :

à écrit le 22/03/2023 à 18:42
Signaler
Mr le president dite vous bien que vous n'avez en aucun cas la personnalité de poutine ,alors changé de stature avant la decheance de la france que vous meprisée.

à écrit le 22/03/2023 à 18:40
Signaler
si elle est si bonne cette réforme pourquoi le sénat ne se l'applique pas ? une nouvelle réforme sera l'enjeu des prochaines élections

à écrit le 22/03/2023 à 18:24
Signaler
Et Macron et son Staff finiront comme Louis XVI et Nicolas II et c'est très juste!

à écrit le 22/03/2023 à 18:16
Signaler
nous avons herite de poutine 2 au pouvoir pour encore combien de temps c'est tres mal parti est une brave vieille qui n'en peu plus je la voyais souffler durant son discours elle serait surement mieux en retraite mais Macron est parti pour nous fo...

à écrit le 22/03/2023 à 17:37
Signaler
Un peu de sérieux M. Le Président les elusmal élu avec participation ridicule une abstention au delà de 50 points le refus d'une validation réelle du voteblanc montrent que les élus ne sont pas legitime Votre acharnement a nierle contraire montre vo...

à écrit le 22/03/2023 à 17:16
Signaler
A 13H ce sont les retraités qui regardent les infos

le 22/03/2023 à 18:05
Signaler
Pas que……..entre autres,ceux qui rentrent chez eux à midi,qui sont en congé,rtt,en arrêt,qui travaillent de nuit,les glandeurs et assimilés,etc ce qui représente beaucoup de monde.

à écrit le 22/03/2023 à 17:03
Signaler
Ténacité, pugnacité enfin un président qui gouverne et ne lâche pas. Macron tiens bon la barre du Paquebot France contre les nantis que l'on nomme les serviteurs de l'état plutôt fonctionnaires avec leur 32h mensuel, l'absentéisme culturel, la grevi...

à écrit le 22/03/2023 à 16:49
Signaler
Si la réindustrialisation à 100% était effective on aurait gardé 60 ans pour partir à la retraite! j'aimerai que l'on m'exlique comment pendant les 30 glorieuses il y avait le plein emploi, pas de déficit, des fonctionnaires en veux tu en voilà, bref...

à écrit le 22/03/2023 à 16:27
Signaler
Une contribution exceptionnelle concernant les profits exceptionnels? Qui décide qu'est-ce que c'est exceptionnel? Je ne crois pas que le pouvoir politique soit légitime pour ça. L'état se mêle de tout pour rejeter la faute sur autrui et justifier...

à écrit le 22/03/2023 à 16:18
Signaler
Il faudra que Macron le félon soit jugé par le peuple comme Louis XVI et Nicolas 2 : avec sa vieille ils devront être décapités avec d'autres députés, ministres et sénateurs félons place de la Concorde. Il faut que la terreur révolutionnaire triomph...

le 22/03/2023 à 18:09
Signaler
Je suis étonné qu’un tel commentaire ne soit pas censuré.Le mot « décapité » réfère à de douloureux faits récents.

le 22/03/2023 à 18:37
Signaler
C'est scandaleux que La Tribune publie un tel post.

à écrit le 22/03/2023 à 15:35
Signaler
« S'il faut endosser l'impopularité, je l'endosserai ». C'est du même genre que l'affaire Benalla: «Qu’ils viennent me chercher !, en sachant qu'il ne risque rien avec son immunité.

à écrit le 22/03/2023 à 15:25
Signaler
on resume......il n'arrive pas a faire passer son projet mal ficelle et mal emmanche, donc il vote une nouvelle taxe ' ultra neo', histoire de remplir les caisses et de lutter contre le rechauffement climatique, c'est a dire qu'il faut financer les a...

à écrit le 22/03/2023 à 15:18
Signaler
En tout cas ,les conseillers de McKinsey ont bien bossé sur son texte .

à écrit le 22/03/2023 à 15:14
Signaler
"Ça veut dire, de fait, que vous choisissez de faire payer vos enfants parce que, aujourd'hui, vous refusez de décider avec clarté et courage »." Ils ont bon dos les enfants demander aux boomers si ils se sont souciés un instant des enfants d'aujo...

le 22/03/2023 à 17:03
Signaler
Tout a fait d'accord! On pourrait dire que nos retraités actuel (les mieux payés d'Europe) se soucient bien peu des inegalités qui se creusent entre leur niveau de retraite et celui des futurs retraités!

à écrit le 22/03/2023 à 15:06
Signaler
« J'aurais voulu ne pas la faire », a-t-il insisté, estimant que « cette réforme, c'est une nécessité pour le pays » Ben voyons : « Est-ce qu’il faut reculer l’âge légal qui est aujourd’hui à 62 ans ? Je ne crois pas ! » Ces mots d’Emmanuel Macr...

à écrit le 22/03/2023 à 14:57
Signaler
"« J'aurais voulu ne pas la faire », a-t-il insisté" C'est plutôt ,« J'aurais voulu ne pas la faire », mais Bruxelles a tellement insisté.

à écrit le 22/03/2023 à 14:13
Signaler
comme De Gaulle je vous ai compris ! bref il nous prend pour des imbeciles !

à écrit le 22/03/2023 à 14:00
Signaler
Continuons de taxer les profits des entreprises, et bientôt plus de sièges sociaux de grandes entreprise en France.

le 22/03/2023 à 21:35
Signaler
Ça c'est typiquement une erreur de raisonnement, un système fiscal qui fonctionne idéalement est un système qui ne rend pas profitable la délocalisation d'un siège social. Nous n'en sommes pas là mais je suppose qu'avec les progrès technologiques act...

à écrit le 22/03/2023 à 13:49
Signaler
Poursuivre son chemin Démocratique ???? vote bloqué au sénat, 49.3 à l'assemblée nationale. Effectivement très beau chemin démocratique

à écrit le 22/03/2023 à 13:47
Signaler
Le bras de fer est donc Macron contre CGT. Qui de 2 jusqu'au boutistes va l'emporter? La CFDT😃!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.