Plus de dialogue, moins de 49.3 : le plan d’Elisabeth Borne pour « apaiser le pays »

Elisabeth Borne a assuré dimanche à l'AFP vouloir « apaiser le pays », après plusieurs semaines de contestation de la réforme des retraites, et détaillé son« plan d'action » afin de donner « rapidement » des « résultats concrets » aux attentes des Français, sur l'école, la santé ou encore « l'ordre républicain ». La cheffe du gouvernement a par ailleurs indiqué qu' « en dehors des textes financiers », elle n'aurait plus recours au 49.3.
Elisabeth Borne
Elisabeth Borne (Crédits : POOL)

Article publié dimanche 26 mars à 20h50 et mis à jour lundi 27 mars à 8h31

Alors que l'opinion publique est encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi dernier et par celle qui s'est exprimée samedi autour des bassines de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, l'exécutif tente de reprendre la main à la veille d'une dixième journée de mobilisation ce mardi à haut risque, en clamant sa volonté d'« apaisement » et en dessinant une feuille de route tournée vers l'avenir.

Le tout sans revenir sur le fond de la réforme, qui recule notamment l'âge de départ de 62 à 64 ans. Emmanuel Macron s'entretiendra ce lundi à midi avec Elisabeth Borne avant d'être rejoints à 13h15 par les patrons de groupes parlementaires, chefs de partis et les principaux cadres de sa majorité. Une réunion qui intervient alors que le chef de l'Etat a notamment chargé la Première ministre d'« élargir » la majorité et de travailler au réagencement de l'agenda parlementaire dans les prochaines semaines. Elisabeth Borne va consulter à tout va.

Outre les présidents de la majorité des commissions au Parlement ce lundi, elle recevra mardi les présidents du Sénat, Gérard Larcher, et de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, puis les chefs de partis de la majorité mercredi. Le tout pour réunir en fin de semaine ministres et parlementaires sur l'éducation. Dans le but « d'apaiser le pays » et de « dialoguer avec tous les acteurs sur la méthode », la cheffe du gouvernement recevra dans la semaine du 3 avril les groupes parlementaires et les partis politiques, y compris de l'opposition, ainsi que les représentants des collectivités. Pour la semaine du 10 avril, elle a prévu d'éventuelles rencontres avec les organisations syndicales et patronales.

Deux objectifs

« J'ai élaboré un plan d'action que je vais déployer sur les trois prochaines semaines qui mobilise l'ensemble des acteurs qui veulent faire avancer notre pays. Je vais travailler avec mes ministres mais aussi avec les parlementaires, les forces politiques, les représentants des associations d'élus locaux, avec les partenaires sociaux. J'ai deux objectifs : apaiser le pays face à ces tensions et accélérer les réponses aux attentes des Français », a-t-elle indiqué dimanche soir à l'AFP. Les discussions porteront à la fois sur « l'ordre républicain, les enjeux de réindustrialisation et de plein emploi. Et puis les sujets de santé, d'école, d'écologie ».

« On veut vraiment mettre la priorité sur quelques sujets pour obtenir rapidement des résultats concrets pour les Français. Par exemple sur l'école, c'est tout le travail qu'on mène pour améliorer le lycée professionnel, un enjeu majeur en termes d'égalité des chances. Et puis c'est aussi tenir l'engagement dès la rentrée que chaque absence y compris de courte durée fasse l'objet d'un remplacement. Sur la santé, il y a un très gros travail pour avoir des réponses adaptées, territoire par territoire, alors qu'on sait qu'on ne va pas avoir dès demain matin beaucoup plus de médecins », a précisé la Première ministre.

Ces consultations visent à esquisser un « programme législatif » de textes en s'assurant de bâtir dessus « des majorités en amont » et ainsi éviter le recours à un nouveau 49.3 « en dehors des textes financiers ». « Tout texte présenté par le gouvernement sera discuté, construit en amont avec les groupes de la majorité mais aussi avec ceux qui veulent s'engager sur ces sujets de manière transpartisane. L'objectif est simple : c'est que chaque texte rassemble une majorité », a précisé la Première ministre. Alors que le projet de loi immigration a été reporté, Elisabeth Borne a évoqué un « projet de loi sur la justice, avec une partie qui porte sur les moyens du ministère de la Justice ».

Renouer les liens avec les syndicats

Aux syndicats, qui demandent le retrait ou, tout du moins, la suspension de la réforme, Elisabeth Borne propose de « reprendre le travail » sur différents chantiers, de la pénibilité à l'emploi des seniors, en passant par les reconversions. « Il faut qu'on mette de l'apaisement. Il est important qu'on puisse se saisir de tous les thèmes mis en lumière à l'occasion de cette réforme des retraites : le sujet du rapport au travail, de la pénibilité, des reconversions professionnelles, des seniors. (...) Je souhaite que les partenaires sociaux aient toute leur place pour apporter des réponses. Je suis convaincue que la bonne méthode, c'est quand les organisations syndicales et les organisations patronales trouvent des accords entre elles et qu'on intervient pour transcrire fidèlement, intégralement, ces accords dans la loi. Il faut systématiser cette méthode, en construisant un agenda, avec les sujets sur lesquels les partenaires sociaux veulent prendre l'initiative, et les sujets sur lesquels le gouvernement souhaite qu'ils puissent avancer. »

Lire aussiEntre Emmanuel Macron et les syndicats, l'impossible réconciliation

Pour autant, pas question de suspendre la réforme, comme le demande le patron de la CFDT Laurent Berger. « Le Président a proposé de rencontrer l'intersyndicale. Je suis aussi à disposition des partenaires sociaux. Une fois que le Conseil constitutionnel a rendu sa décision, le président doit promulguer la loi. Cela ne retire rien à tous les champs et à toutes les préoccupations qui sont exprimées sur lesquelles on peut bâtir des réponses avec les organisations syndicales et patronales ».

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Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé lundi le gouvernement à un « bougé très fort sur les retraites », ajoutant qu'il n'accepterait « la main tendue » d'Elisabeth Borne aux syndicats, que si la réforme était « mise de côté ». « C'est quelle main tendue ? Je suis désolé de le dire comme ça mais elle est où la main tendue, sur la question des retraites ? (Or) c'est le sujet actuel », a-t-il asséné.

Dans un entretien à la revue Le Grand Continent, le leader de la CFDT, avait déjà esquissé une porte de sortie en suggérant que les syndicats demandent « non pas le retrait de la loi, mais sa suspension », ce qui donnerait selon lui le temps « de trouver un compromis social plus intelligent ». Sans se faire d'illusion toutefois puisque Emmanuel Macron a indiqué vendredi « attendre la décision du Conseil constitutionnel » sur la réforme des retraites - d'ici trois semaines - tout en se disant « à la disposition » des syndicats « pour avancer tout de suite » sur d'autres sujets comme les salaires et les conditions de travail.

Mélenchon demande le départ d'Elisabeth Borne

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a demandé dimanche sur LCI le « retrait » ou une « remise à plat » de la réforme des retraites et le départ de la Première ministre Elisabeth Borne pour sortir de la crise politique provoquée par le « pur coup de force » d'Emmanuel Macron.

« François Mitterrand a retiré sa loi sur l'école (...), Jacques Chirac a retiré une loi. Monsieur Macron s'est pris les pieds dans le tapis, il retire son texte et tout le monde rentre à la maison, content et satisfait, et lui peut reprendre son mandat sur d'autres bases », a-t-il expliqué.

« Le président est légitime, il a été élu dans des conditions assez spéciales par défaut, mais il est élu, on respecte la règle. Le sujet c'est, est-ce que madame Borne doit s'en aller. Évidemment oui. Je serais un hypocrite si je vous disais le contraire, mes amis ont voté la censure », a-t-il poursuivi.

(avec AFP)

Commentaires 25
à écrit le 28/03/2023 à 8:27
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Gesticulation inutile du gouvernement et de Macron la confiance est cassée seul le retrait de cette réforme la commencera un début de discussion pour une réforme des retraites incluant le chômage de masse des seniors, la pénibilité , les reconversio...

à écrit le 28/03/2023 à 8:23
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On a qu à boycotter les jo2024: économiquement et physiquement - ils recherchent des volontaires donc gratis pour gérer les flux d étrangers - Ça sera plus efficace que la violence actuelle . De même boycotte de la conso au strict minimum pendant 2 ...

à écrit le 27/03/2023 à 21:59
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C'est tellement emprunt d'humanité....j'en ai les larmes aux yeux ...., elle mériterait même le prix nobel de la paix remis par le petit fils de Gandhi .....tellement d'amour et de bienveillance, c'est grandiose.......je propose quelle soit canonisé...

à écrit le 27/03/2023 à 21:44
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Acheter un lot de pinces à linge spéciales « syndicats » pour éviter l’émission de bêtises nuisibles à la Nation?

à écrit le 27/03/2023 à 21:00
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Pompier pyromane !

à écrit le 27/03/2023 à 20:02
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Le gouvernement des banquiers a pris une grande décision : pas de 49.3... « en dehors des textes financiers ». C'est un peu comme si Poutine décidait de proposer un plan de paix en dehors de l'Ukraine. Ou alors comme si le G7 décidait d'interdire l...

à écrit le 27/03/2023 à 17:55
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Qu'elle retire sa réforme des retraites et ensuite on verra !!!!

à écrit le 27/03/2023 à 17:54
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trop tard pour rattraper le coup le mal est fait la confiance a completement disparue avec tout l'executif Macron compris trop d'invressemblance de mensonges ce gouvernement n'est plus credible il va devoir traite dans un chahu et un blocage c...

à écrit le 27/03/2023 à 14:02
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Personne ne sera dupe....le 49-3 sera encore bien utilisé et pour des choses importantes. touchant au budget rien que ça......le reste fera croire que l'on dialoguera avec ouverture d'esprit (?) alors qu'il s'agit d'endormir des leaders d'un mouvem...

à écrit le 27/03/2023 à 11:13
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Renoncer au 49.3 à l'avenir, c'est reconnaître qu'on a eu tort et annoncer le début de la grande reculade. S'ils ne croient plus eux-mêmes en ce qu'ils font, pourquoi le font-ils encore ? Evidemment, choisir l'ex-directrice de cabinet de Ségolène com...

à écrit le 27/03/2023 à 10:23
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Retrait et démission, mettre le pays en feu pour 10 milliards et une réforme mal fichue mal portée non débattue. Vous voulez l'équilibre des retraites, non, parce qu'il suffit de baisser les pensions pour trouver un équilibre. la seule chose qu...

le 28/03/2023 à 8:17
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Pour 10 milliards ? Étonnant c est le montant des Jo 2024 …. Ceci explique t il cela ?

le 28/03/2023 à 8:17
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Pour 10 milliards ? Étonnant c est le montant des Jo 2024 …. Ceci explique t il cela ?

à écrit le 27/03/2023 à 9:59
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Si elle veut apaiser le pays elle n'a qu'à ne pas signer les décrets d'application de cette loi. De toute façon, aux prochaines législatives ce sera un des enjeux avec le retour à 62 ans et le grand perdant sera le parti LR qui aurait mieux fait de s...

à écrit le 27/03/2023 à 9:34
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Voyons le verre à moitié plein: pour la 1ere fois le gouvernement reconnait qu'il y a un problème à minima sur la forme. C'est donc un petit progrés et un premier pas en arrière. Il faut encourager Mme Borne à continuer dans cette direction ( vers l'...

le 27/03/2023 à 10:18
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cela ne ressemble t il pas à une blague du premier avril avant l heure?

à écrit le 27/03/2023 à 9:05
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Chaos intérieur et guerre extérieure, à quoi joue ce gouvernement grand responsable de cette situation, il lui appartient par des sages décisions de remettre de l'ordre..

à écrit le 27/03/2023 à 9:00
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Seuls, tout seuls, même les politiques les plus arrivistes se détournent des macronistes. Ils ont perdu, mort aux perdants. La manipulation, le mensonge, la violence, n'auront pas suffit ! Le pervers narcissique et sa clique de serviteurs des inst...

à écrit le 27/03/2023 à 8:34
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ca ressemble ^lus à une technique de diversion.

à écrit le 27/03/2023 à 8:23
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Ahah, le 1er avril n'est pas loin. En tout cas c'est une bonne blague de politicien... Ahah, allez, vive la consultation, pas la concertation, ni le débat, non mais bande de bous...x retourner à votre travail :-)

à écrit le 27/03/2023 à 7:03
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Cette manoeuvre assez ridicule de se raccrocher aux branches montre s'il en était besoin de la petitesse de la première ministre Il aurait été plus noble de démissionner mais en politique la noblesse est un mot inconnu Elle montre qu'elle n'est a...

à écrit le 27/03/2023 à 6:39
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Premier problème rétablir les comptes publiques arrêtons d’emprunter 6 milliards par jour pour les dépenses de fonctionnement de l’état. Quel est le plan proposé à ce sujet par les politiques

à écrit le 27/03/2023 à 1:32
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Qui peut encore la croire ?

à écrit le 26/03/2023 à 22:47
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Les syndicats –qui vivent des subventions de l’Etat– ne parviennent plus à canaliser et détourner la colère et le désarroi. Depuis que Macron a décidé d’utiliser le 49-3 pour faire passer sa réforme des retraites en force, les élus de sa majorité s...

à écrit le 26/03/2023 à 22:12
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La seule manière, la voilà tout le reste qui vient d' en haut dans cette république judéo jacobiene est foutaise ... Laissons le dernier mot à Michel Debré, le principal rédacteur de la Constitution de 1958 : « La seule souveraineté, c’...

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