Réforme des retraites : « Les femmes sont un peu pénalisées », reconnaît Franck Riester

Par latribune.fr  |   |  471  mots
Élisabeth Borne et Franck Riester tiennent des discours divergents ces derniers jours sur la manière dont la réforme des retraites doit toucher les femmes. (Crédits : Reuters)
En décalage avec ses collègues du gouvernement, le ministre des Relations avec le Parlement a admis que les femmes étaient « un peu pénalisées » par le projet de réforme des retraites. Explications.

Face à l'impopularité de son projet de loi et à la contestation dans la rue, le gouvernement martèle un argument : la réforme va corriger un certain nombre d'inégalités pour les femmes, notamment celles qui touchent de petites pensions ou connaissent des carrières hachées. Tel est le discours tenu par la Première ministre Élisabeth Borne et tous ses ministres... sauf un.

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Invité lundi soir de l'émission Audition publique, sur Public Sénat, le ministre des Relations avec le Parlement s'est démarqué de la ligne tenue jusqu'ici par l'exécutif auprès des femmes.

« Les femmes pour atteindre leur durée de cotisation utilisent notamment des trimestres validés par enfant (huit par enfants) [...] Évidemment, si vous reportez l'âge légal (à 64 ans), elles sont un peu pénalisées. On n'en disconvient absolument pas. Sur ce point-là, elles sont un peu plus impactées que les hommes (...) », a admis Franck Riester à l'antenne de Public Sénat.

De nombreuses mères devront aller jusqu'à 64 ans

Le ministre fait ici référence à l'avantage familial dont bénéficient les femmes qui ont des enfants.

Actuellement, les huit trimestres par enfant dont elles profitent leur permettent de partir plus tôt à la retraite en termes d'annuités à cumuler. Avec le report de l'âge légal à 64 ans, ces femmes devront de toute façon attendre d'avoir 64 ans pour partir à la retraite même si elles disposent avant cet âge de suffisamment d'annuités pour un taux plein.

Devraient ainsi être concernées les femmes qui ne sont pas en dispositif carrière longue, qui ont commencé à travailler après 20 ans ou ont fait quelques années d'études. Soit des femmes ayant aujourd'hui entre 40 et 55 ans qui ont des Bac +2 ou +3 et qui, aujourd'hui, ont des postes de management intermédiaire.

« On n'a jamais dit que tout le monde était gagnant »

Pour les femmes cadres entrées tard sur le marché du travail du fait de leurs études, la retraite entraîne en revanche peu de changements, car le gouvernement maintient le départ à taux plein à 67 ans sans décote. Pour les femmes n'ayant pas d'enfants, là non plus, pas de changement.

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« On n'a jamais dit que tout le monde était gagnant. On demande un effort aux Français pour pouvoir équilibrer notre système de retraite. On demande un effort à tout le monde y compris aux femmes », a-t-il poursuivi en vantant d'autres mesures de compensation censées bénéficier aux femmes comme l'âge d'annulation de la décote maintenu à 67 ans ou la revalorisation des plus petites pensions. « La retraite minimum va bénéficier particulièrement aux femmes », a-t-il fait valoir.