Réforme du Code du travail : attention les routiers entrent dans le conflit !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  627  mots
Attention danger pour le gouvernement, les fédérations CGT et FO des routiers ont décidé d'entrer dans le conflit sur la réforme du Code du travail et n’excluent pas de bloquer les dépôts de carburants.
Au lendemain de la manifestation du 12 septembre organisée par la CGT contre la réforme du Code du travail, le conflit pourrait se durcir avec l'annonce du lancement d'une grève reconductible par les fédérations CGT et FO des transports routiers. En outre, les fédérations de routiers CFDT et CFTC appellent aussi à un mouvement.

Pour Emmanuel Macron et sa majorité, ce n'est pas encore gagné. Au contraire, le risque d'un durcissement se profile dans le conflit autour de la réforme du droit du travail. Les fédérations CGT et FO des transports ont en effet appelé ce mercredi 13 septembre le secteur routier à une grève reconductible à partir du 25 septembre pour demander le retrait de la réforme du Code du travail, qui va selon eux accroître le "dumping" social entre les entreprises.

De leur côté, les fédérations de routiers CFDT et la CFTC ont invité à une "mobilisation" le 18 septembre pour combattre la réforme du code du travail. Alors même que leurs confédérations n'avaient pas appelé à manifester contre les ordonnances. Signe que, comme au sein de Force Ouvrière, de nombreuses fédérations syndicales ne sont pas sur la même longueur d'onde que leur maison mère.

Et, pour bien se faire entendre du gouvernement, Jacques Vérité, secrétaire général de la fédération CGT-Transports a déclaré : "Bien évidemment les dépôts de carburants seront une cible. Ce sera une grève qui aura des conséquences très concrètes sur l'économie française."

Son homologue à FO, Patrice Clos, a promis des "actions fortes et puissantes", comme en mai 2016. De fait, à cette époque, à l'approche de l'Euro de foot organisé en France, les routiers avaient alors obtenu que le projet de loi travail ne modifie pas leur régime dérogatoire sur les heures supplémentaires.

"Marcher dans la rue, c'est bien mais on a vu dans le passé que des millions de salariés ne font pas bouger les lignes, alors on essaie autre chose", a ajouté Patrice Clos, qui a défilé mardi 12 septembre à Paris au côté du leader de la CGT Philippe Martinez.

Bloquer des secteurs stratégiques

Ces déclarations interviennent au lendemain d'une journée de mobilisation, à l'appel de la CGT notamment. Selon les sources, les nombreuses manifestations organisées en France auraient rassemblé "près de 500.000" personnes au total selon les organisateurs, 223.000 selon la police. La CGT a déjà appelé à une nouvelle journée d'action le 21 septembre et le 23, ce sera au tour de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon de descendre dans la rue.

Le gouvernement a donc intérêt à marcher sur des œufs et à ne pas crier victoire trop tôt. A cet égard, réitérant les propos du Premier ministre Edouard Philippe, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a déclaré ce 13 septembre que le gouvernement n'allait "pas reculer" sur la réforme du code du travail.

"C'est le fruit d'une annonce de campagne d'Emmanuel Macron, qui est devenu président", a-t-elle défendu sur RMC et BFMTV. "Nous mettons en œuvre ce que les Français nous demandent de faire, donc on ne va pas reculer", a insisté la ministre.

Pour Muriel Penicaud, Cette loi "va contribuer à faire reculer le chômage de masse", même si elle a conscience qu'elle ne peut pas le faire reculer à elle seule. Le droit du travail, ce n'est pas une baguette magique par rapport au chômage, mais c'est indispensable.

Les ordonnances seront présentées en Conseil des ministres le 22 septembre, avec l'objectif de faire appliquer plusieurs dispositions dès le début octobre. Le gouvernement aura donc intérêt à faire très attention dans sa communication en évitant les petites phrases provocatrices pour éviter que le conflit ne prenne de l'ampleur. D'autant plus que la CGT, qui veut absolument réussir sa mobilisation, espère étendre le conflit à d'autres secteurs stratégiques, au-delà des routiers. Les transports de personnes, sont évidemment visés, ainsi que les raffineries...