Régionales : après les attentats, le FN engrange

Par Mathias Thépot  |   |  750  mots
La parti d'extrême droite reste tout de même le plus rejeté en France.
Le Front national ne cesse de monter dans les sondages depuis les attentats. Le parti d'extrême droite récolterait même 30 % des suffrages au premier tour des élections régionales, selon Ipsos.

Marqué par les attentats du 13 novembre, le contexte national bénéficie fortement au Front national dans l'optique des élections régionales qui se tiendront les 6 et 13 décembre prochains.

Selon un sondage Ipsos/Sopra Steria réalisé entre les 21 et 24 novembre 2015, le parti d'extrême droite récolterait globalement 30 % des suffrages lors du premier tour, soit quatre points de plus que lors du dernier sondage de l'institut, réalisé avant les attentats. Les listes de droite LR-UDI-MoDem perdent pour leur part 3 points et ne récolteraient plus que 29 % des voix au premier tour, alors que le PS gagne 2 points et atteindrait un score de 22 %. Les autres listes de gauche, EELV (7 %) et le Front de gauche (4 %), se stabilisent pour leur part à des niveaux très bas.

Les thèmes sécuritaires préoccupent davantage

Clairement, les attentats jouent dans l'appréhension de cette élection : « la menace terroriste », « l'insécurité » et « la délinquance et l'immigration » font désormais partie des 5 thèmes qui détermineront les plus le choix des électeurs, avec la fiscalité et le chômage, explique Ipsos.

« La menace terroriste » est désormais le 5e thème le plus déterminant du vote des Français pour ces élections, alors qu'il était le 14e lors du dernier sondage. Ainsi, 29 % des français citent la menace terroriste comme l'un des thèmes qui déterminera le plus leur vote -contre 9 % lors du précédent sondage- soit autant que le chômage qui était pourtant le thème le plus cité lors du précédent sondage, par 38 % des électeurs.

Par ailleurs, sans surprise, « la menace terroriste », « l'insécurité » et « la délinquance et l'immigration » sont les thèmes qui détermineront le plus les choix des électeurs Front National.

Un vote d'adhésion au discours du FN ?

Beaucoup d'indices montrent que depuis les attentats, le Front national récolte plus un vote d'adhésion, qu'un vote de contestation. En effet, la hausse du Front national s'inscrit d'une part dans le cadre d'un net regain d'intérêt pour ces élections : 59 % des Français se disent intéressés par les élections régionales, soit 5 points de pourcentage de plus que lors du dernier sondage Ipsos.

Et d'autre part, la hausse du Front national coïncide avec un contexte national de plus en plus prégnant : 56 % des français estiment désormais que la situation politique nationale va déterminer leur vote, contre 48 % lors du dernier sondage. Et 78 % des votants FN assurent qu'ils voteront par rapport à un contexte politique national, et non régional.

Moins d'opposition vis à vis de François Hollande

Autre point intéressant : la hausse du FN lors des dernières semaines n'est pas liée au rejet de la politique du président de la République François Hollande, bien au contraire : le vote d'opposition vis-à-vis du chef de l'Etat se réduit très significativement. « Seulement » 44 % des électeurs comptent exprimer leur opposition à François Hollande dans leur vote de décembre. C'est 11 points de pourcentage de moins que lors du précédent sondage Ipsos !

Le chef de l'Etat a, certes, principalement réussi à calmer les ardeurs des votants LR-UDI-MoDem (-17 points). Mais chez les électeurs FN, le vote d'opposition à François Hollande s'est aussi réduit (-5 points) même s'il reste à un niveau très élevé : 76 % des électeurs FN déclarent qu'ils exprimeront leur opposition à François Hollande dans leur vote en décembre.

Une majorité de Français demande à faire barrage contre le FN

Dans ce contexte très favorable au parti d'extrême droite, 54 % des Français demandent à la gauche de se retirer au profit de la droite dans les régions où le Front national est en situation de l'emporter face à la droite. Et les électeurs PS sont même 60 % à le demander.

En revanche, en cas de situation inverse, où le Front national serait en position de force pour l'emporter face à la gauche, les électeurs LR-UDI-MoDem ne sont « que » 44 % à demander que la droite se retire au profit de la gauche. Les électeurs de gauche sont donc plus enclins à « concéder » une victoire de la droite face au FN que l'inverse.

Le FN reste le parti le plus rejeté

Du reste, les Français restent plus de la moitié (53 %) à considérer que, si le Front national l'emportait dans leur région, ce serait une « mauvaise chose ».

Alors que, si la droite ou la gauche l'emporte, l'indifférence de la part des Français est beaucoup plus importante.