Retraites : la CFDT propose une hausse des cotisations pour éviter l'âge d'équilibre

Par AFP  |   |  520  mots
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger (Crédits : Pascal Rossignol)
Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, suggère dans un entretien paru mardi dans La Croix une hausse des cotisations afin d'éviter l'âge d'équilibre que le gouvernement souhaite introduire dès 2022 dans le cadre de sa réforme des retraites.

"L'âge d'équilibre est totalement injuste, car il pénalise les gens qui ont commencé à travailler tôt", souligne le secrétaire général du premier syndicat français, dont les troupes seront dans la rue mardi partout en France pour réclamer notamment le retrait de cette mesure budgétaire. Selon le projet du gouvernement, cet âge pivot doit atteindre 64 ans en 2027 afin d'encourager, grâce à un dispositif de bonus-malus, l'allongement des cotisations et ainsi garantir l'équilibre des comptes.

Sur ce sujet, "s'il n'y a pas (...) de recul, la CFDT reviendra plus déterminée que jamais en janvier", a prévenu M. Berger sur LCI mardi, soulignant qu'il y aurait des "appels à mobilisations" dont les modalités ne sont pas encore arrêtées. "Je ne me situe pas dans une perspective où on échouerait", a-t-il ajouté. Pour Laurent Berger, "il y a d'autres solutions de court terme,  une hausse des cotisations, par exemple. Pourquoi est-ce tabou d'en parler, alors qu'il paraît tellement évident de demander à ceux qui ont rempli leur contrat de travailler plus longtemps ? ". "Pourquoi ne pas ajuster temporairement le système grâce aux réserves des différents régimes (de retraite)?", remarque aussi le responsable syndical.

Le gouvernement se dit ouvert au dialogue

Plus globalement, Laurent Berger fait "la proposition suivante au gouvernement : confiez à la future gouvernance paritaire du système (universel de retraite que l'exécutif prévoit de mettre en place, NDLR) la responsabilité de faire d'ici à un an des propositions de retour à l'équilibre à court, moyen et long terme". "Sans, bien sûr, imposer le résultat de la négociation avant qu'elle n'ait lieu", prévient-il.

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Interrogé ce mardi matin sur CNews sur cette suggestion d'une hausse des cotisations retraite, le secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, s'est montré circonspect. "Ce n'est pas une surprise de dire que ce gouvernement n'a pas pris comme marque de fabrique ni l'augmentation des cotisations, ni l'augmentation des impôts", a-t-il relevé, faisant valoir que "notre ADN c'est plutôt la baisse des prélèvements obligatoires". Mais "le débat peut s'ouvrir", a-t-il assuré, en rappelant que le Premier ministre Edouard Philippe allait recevoir les organisations syndicales et patronales mercredi en bilatérales puis jeudi en multilatérale.

Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a pour sa part assuré ce mardi que le gouvernement était défavorable à la hausse des cotisations suggérée par Laurent Berger. "Une augmentation de cotisations, c'est moins de pouvoir d'achat pour les salariés et plus de charges pour les patrons, ça tuerait l'économie", a-t-il déclaré sur BFMTV et RMC.

"Si demain le gouvernement dit: on ne fait pas d'âge d'équilibre, on réintègre les critères de pénibilité qui avaient été enlevés en 2018, on augmente un peu plus le minimum contributif (...), on contraint un peu plus les employeurs à l'emploi des seniors (...), la CFDT dira que c'est une réforme plus juste", a souligné sur LCI le leader syndical.