Retraites : malgré la reprise des négociations, la pression ne retombe pas

Par AFP  |   |  754  mots
Des syndicalistes et travailleurs en grève assistent à une manifestation contre le projet de réforme des retraites, le 26 décembre 2019 à Paris. (Crédits : Reuters)
À mi-chemin d'une semaine très chargée entre "concertations" et manifestations, les armes s'affûtent dans les deux camps. Si les grévistes commencent à ressentir de la fatigue, les syndicats hostiles à la réforme ne comptent pas lever la garde. Le premier ministre Édouard Philippe, soucieux de garder la CFDT à la table des négociations, a accepté la proposition de son numéro 1, Laurent Berger, de convoquer une conférence de financement du système de retraite. Une réunion à ce sujet doit avoir lieu ce vendredi.

La mobilisation contre la réforme des retraites, débutée il y a plus d'un mois, se poursuit ce mercredi, avant une quatrième grande journée de manifestations jeudi, le gouvernement affichant sa volonté de trouver une issue en fin de semaine, en tout cas avec les syndicats réformistes.

Trafic toujours très perturbé

La circulation des trains et des transports publics parisiens est toujours très perturbée ce mercredi, 35e jour consécutif de grève.

Du côté de la SNCF, 75% des TGV circulent, la moitié des Transilien (RER SNCF, trains de la banlieue parisienne), six TER sur dix, soit une hausse de "20% par rapport à la semaine dernière", et un tiers des Intercités.

En ce qui concerne la RATP, aucune ligne de métro n'est totalement fermée, mais 14 sur 16 sont "très perturbées", ouvertes totalement ou partiellement, mais jamais toute la journée. Le trafic des RER A et B est aussi de nouveau "très perturbé".

En conséquence, le trafic était particulièrement chargé sur les routes d'Île-de-France: vers 08h15, le site d'informations routières Sytadin recensait près de 350 kilomètres de bouchons.

Entre négociations et manifestations

À mi-chemin d'une semaine très chargée entre négociations et manifestations, les armes s'affûtent dans les deux camps.

Côté exécutif, un pas vers un compromis semble avoir été fait sur la question cruciale de l'âge pivot, qui avait braqué le premier syndicat français, la CFDT, pourtant favorable à un système universel de retraites par points.

Le premier ministre Édouard Philippe a accepté la proposition de son numéro 1, Laurent Berger, de convoquer une conférence de financement du système. Il a invité les partenaires sociaux à Matignon vendredi pour parler du "mandat de cette conférence" et du "délai qui lui sera accordé pour aboutir ou [pour] dégager des solutions consensuelles".

Mais la tension n'est pas complètement retombée: M. Berger, comme Laurent Escure, son homologue à l'Unsa, ont donné au gouvernement jusqu'à vendredi pour retirer de son projet de loi l'instauration d'un âge pivot à 64 ans, en dessous duquel il ne sera plus possible de partir avec une retraite à taux plein.

"De qui se moque-t-on ?"

Le temps pour le gouvernement de tester les forces en présence, jeudi dans la rue. L'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-CFE-CGC-FSU y réclamera le retrait pur et simple du projet, après plus d'un mois de mobilisation et déjà trois journées d'actions interprofessionnelles, les 5, 10 et 17 décembre.

Car si les grévistes commencent à ressentir de la fatigue, les syndicats hostiles à la réforme ne comptent pas lever la garde.

"Proposer une conférence des financeurs [...], ça a un petit goût de '2019 le retour', on nous refait la réforme de l'assurance-chômage", où le gouvernement avait décidé de mesures contraignantes pour les chômeurs en s'appuyant sur le désaccord persistant entre syndicats et patronat, estime Catherine Perret, numéro 2 de la CGT.

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"De qui se moque-t-on ?", a-t-elle ajouté, "la ficelle est trop grosse pour que ça puisse désamorcer la mobilisation massive qui va avoir lieu jeudi et samedi prochain partout dans le pays ".

"Le plus de monde sera mobilisé [jeudi], le plus on sera entendu rapidement", a confirmé le secrétaire général de FO Yves Veyrier sur RFI.

Adoption du projet de loi avant l'été

Mardi, le calendrier de la réforme a été annoncé: présentation du projet de loi, actuellement entre les mains du Conseil d'État, le 24 janvier en Conseil des ministres, puis examen par l'Assemblée nationale à partir du 17 février pour une adoption avant l'été.

Un calendrier de réunions a également été proposé aux organisations syndicales sur divers sujets - pénibilité, retraite progressive, emploi des séniors, pension minimum, etc... - dans le public et dans le privé.

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Une réunion consacrée à la pénibilité et aux fins de carrières dans la fonction publique doit se tenir mercredi matin à Bercy, boycottée par FO et Solidaires. La CFDT et la CFE-CGC seront également reçues au ministère du Travail sur le sujet de la pénibilité à 11h00 et 14h00. Le nouveau M. Retraites du gouvernement, Laurent Pietraszewski, reçoit de son côté la CFE-CGC sur la question notamment de la pension de retraite minimum.