Retraites : Philippe lâche du lest sur l'âge pivot à l'approche de nouvelles négociations

Le chef du gouvernement a déclaré, ce mardi sur RTL, qu'il n'était "fermé à aucune modalité" concernant la mise en place d'un âge pivot. Une façon de faire un pas vers la CFDT, qui réclame sa suppression, et d'envoyer un signal aux organisations syndicales et patronales alors que s'ouvre, à compter d'aujourd'hui, un nouveau round de concertation.
Lundi soir, le premier ministre a dit qu'il était hors de question de renoncer au principe d'universalité.
Lundi soir, le premier ministre a dit qu'il était "hors de question" de renoncer au principe d'universalité. (Crédits : POOL New)

Édouard Philippe a indiqué, mardi sur RTL, qu'il n'était "fermé à aucune modalité" concernant la mise en place d'un âge pivot pour inciter à travailler plus longtemps, au 34e jour de grève contre la réforme des retraites.

"L'équilibre du système [de retraites] doit être garanti", et "je propose de le garantir par la mise en place d'un âge pivot", a-t-il redit.

"Mais si les organisations syndicales et patronales s'entendent pour un meilleur système, je le prendrai", a-t-il poursuivi. Il était interrogé sur cette mesure qui fâche la CFDT et pour laquelle le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a suggéré un malus limité dans le temps, et non à vie.

Cette déclaration intervient alors que le gouvernement ouvre, à compter de ce mardi, un nouveau round de concertation de plus de deux semaines avec syndicats et patronat. Le ministère du Travail accueillera une première réunion dès 9h30. Elle sera ouverte par Édouard Philippe, déterminé à mener à bien la réforme transformant 42 régimes de retraite en un seul système par points.

Chacun doit faire "un pas vers l'autre", estime Philippe

Lundi soir, le chef du gouvernement a dit qu'il était "hors de question" de renoncer au principe d'universalité, lors d'une réunion du bureau exécutif de La République en marche à laquelle assistaient une douzaine de ministres.

Il a estimé que "le compromis nécessite que chacun fasse un pas vers l'autre" et s'est montré "optimiste sur la capacité à y arriver", a indiqué à l'AFP un participant.

Ce, alors que le soutien des Français à la grève a légèrement diminué pendant les fêtes de fin d'année, de deux points à 60%, selon un baromètre Harris Interactive pour RTL et AEF Info(*).

Calendrier serré

Mardi, face aux partenaires sociaux, seront présents Agnès Buzyn (Solidarités), Laurent Pietraszewski (Retraites), Olivier Dussopt (Fonction publique), mais aussi Muriel Pénicaud. En première ligne sur d'autres réformes menées malgré une fronde syndicale (code du travail, formation professionnelle, assurance-chômage...), la ministre du Travail a été jusqu'alors peu présente sur le dossier.

Côté patronat, le Medef, la CPME, l'U2P sont de la partie, tout comme les numéros un de la CFDT, de la CFE-CGC, de la CFTC, de l'Unsa.

La CGT et Force ouvrière, qui mènent la fronde, seront représentées, mais pas par leurs secrétaires généraux, Philippe Martinez et Yves Veyrier.

Dans la foulée, une autre réunion rue de Grenelle doit se focaliser en fin de matinée sur la pénibilité et l'emploi des seniors.

D'autres suivront: Olivier Dussopt recevra mercredi les syndicats de la fonction publique pour discuter de la retraite progressive et de la pénibilité; Agnès Buzyn lancera le 13 janvier le chantier de l'aménagement des fins de carrière à l'hôpital; Laurent Pietraszewski évoquera l'évolution du minimum de pension jusqu'au 17; la semaine du 13 encore, Jean-Michel Blanquer (Éducation) parlera méthode et calendrier de négociations en vue d'un protocole d'accord en juin pour les enseignants.

Lire aussi : Retraites: face au "silence" du gouvernement, les avocats durcissent leur grève

Record de durée pour la grève

Des concessions ont déjà été faites par l'exécutif à de nombreux corps de métier, comme les policiers, les danseurs de l'Opéra, les marins, les pilotes... Mais le gouvernement a jusqu'alors échoué à faire cesser la grève illimitée à la RATP comme à la SNCF, la plus longue depuis la création de la compagnie de chemins de fer en 1938.

Lire aussi : La grève contre la réforme des retraites bat le record de 1986-87

Le conflit, qui a démarré le 5 décembre et a occasionné 600 millions d'euros de manque à gagner pour la SNCF (hors dédommagements des voyageurs) , selon le groupe ferroviaire, se poursuit mardi.

La circulation des trains reste "perturbée" ce mardi avec 3 TGV sur 4 mais seulement un Transilien sur deux. Aucune ligne de métro n'est totalement fermée mais le service assuré par la RATP sera loin d'être complet.

Après avoir maintenu le mouvement pendant les fêtes de fin d'année, les syndicats hostiles à la réforme (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU) organisent deux nouvelles journées de manifestations et de grèves jeudi et samedi. La CFE-CGC appelle uniquement à descendre dans la rue.

La mobilisation se poursuit dans d'autres secteurs que les transports, en particulier dans les raffineries.

"Conférence de financement"

Avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres dans la semaine du 20 janvier, le gouvernement espère encore convaincre la CFDT, qui est favorable au principe d'un système "universel" mais veut des ouvertures sur la pénibilité. Surtout, le premier syndicat français réclame le retrait de l'âge pivot, mesure "injuste" contre laquelle il a lancé une pétition.

Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a semblé ouvrir une porte en suggérant lundi un malus "temporaire" sur le modèle de ce qui existe déjà pour le régime complémentaire Agirc-Arrco.

Pour éviter l'"âge d'équilibre", Laurent Berger a lui suggéré l'organisation d'une "conférence de financement" sur les retraites "jusqu'à fin juillet". Une "très bonne proposition", a applaudi Bruno Le Maire, ministre de l'Économie.

"Si c'est pour nous faire avaler le projet de régime de retraite par points, ça ne marche pas", a prévenu a contrario Yves Veyrier, le secrétaire général de FO.

(*) Enquête en ligne réalisée le 6 janvier, sur un échantillon de 1.015 personnes selon la méthode des quotas.

Commentaires 18
à écrit le 07/01/2020 à 17:09
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Le sujet de fonds des retraites est politique et idéologique. Grosso modo une approche libérale versus une approche collective...bien en ligne avec Bruxelles où les idées néo libérales dominent. Il faut bien que les riches s'enrichissent.

à écrit le 07/01/2020 à 15:01
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chaque fois qu' il a des réformes dans se pays , c' est toujours pour faire reculer les droits du peuples????.cette réforme aurait du être appliquer il y a 40 ans ; beaucoup sont beaucoup sont partie puis pillent les caisses de l' état .les hauts fon...

le 07/01/2020 à 17:15
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C'est faux,la dépense publique augmente chaque année,vous avez plus de services de l'état.Ce n'est pas une régression sociale,au contraire

à écrit le 07/01/2020 à 13:39
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Une société prospère est constituée par un Etat fort et une société forte. Pour que l'Etat ne vampirise pas la sociéte ou l'affaiblisse, la société doit l'enchaîner. Les chaînes sont constituées de tous les corps internédiares représentatifs des int...

à écrit le 07/01/2020 à 13:35
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Imposer un programme présidentiel, élue par défaut, issue du desiderata de Bruxelles n'est pas une demande "populaire"! Les syndicats n'ont pas a faire de concession a moins d'avoir viré "au jaune" trahissant les français! Mais aucun problème les G...

à écrit le 07/01/2020 à 12:46
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Edouard Philippe vient de lancer une alternative à la CFDT et au patronnat , peut-être autre chose pour réduire les retraites une pénalité indolore comme la CFT est capable d'innover. L'âge pivôt permettait de faire des économie en obligeant les tr...

à écrit le 07/01/2020 à 10:58
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l amteurisme est validé par le pourrissement.

à écrit le 07/01/2020 à 10:50
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Un gouvernement de branquignoles, comme pour les gilets jaunes, ils finissent par céder et faire payer le prix fort aux contribuables. Des milliards d'euros et une réforme des retraites qui ne supprime absolument pas les régimes spéciaux.

à écrit le 07/01/2020 à 10:14
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Le projet DELEVOYE-PHILIPPE est un projet de DéFORME des protections sociales des Français en France ; Ce qui ronge la France, c'est la baise du nombre des cotisants des suites du chômage MASSIF officiel auquel il convient d'AJOUTER le chômage MAS...

le 07/01/2020 à 10:46
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Beaucoup de postes ne correspondent pas aux prétentions des français.. M.Attali a dit il y a déjà bien longtemps "La France a opté pour le chômage" comprenez nous préférons donner de fortes prestations sociales, et cela a un effet sur l'appétit de ce...

le 07/01/2020 à 10:55
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Effectivement mais pourquoi personne ne parle des GOPE puisque là est la génèse de la réforme -en novlangue bruxelloise- des retraites comme de toutes les autres imposées par Bruxelles. En France nous avons au bilan des représe...

à écrit le 07/01/2020 à 10:14
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En zone de ruralité nous sommes pas à Paris. Notre premier Ministre doit comprendre que l'on est outré par la conservation de régimes spéciaux tels que police, gendarmerie, douanes, gardiens de prisons et maintenant cerise sur le gâteau 'Les petits R...

à écrit le 07/01/2020 à 9:42
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Les corporatismes l'emportent , c'est la loi du plus fort. Difficile de réformer un pays construit depuis des centaines d'années de fort corporatismes..

à écrit le 07/01/2020 à 9:38
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"L'équilibre du système [de retraites] doit être garanti", et "je propose de le garantir par la mise en place d'un âge pivot", a-t-il redit. la solution universelle est évidente, de simple bon sens : augmenter le SMIC à 1 500 € NET et les cotis...

le 07/01/2020 à 10:48
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Il y a consensus pour constater que l'augmentation du SMIC est un obstacle au travail des plus faibles de nos sociétés..

à écrit le 07/01/2020 à 9:32
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après avoir anéanti les secteurs des jouets du transport et de l'hotellerie apres avoir cédé aux pilotes aux policiers aux danseurs de ballets rendant le principe de l'universalité caduque et renforcant ainsi la légitimité des cheminots a se battre ...

à écrit le 07/01/2020 à 9:23
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Pipeau : Le Parisien révèle que le projet de loi a déjà été envoyé au Conseil d’État. Il serait même « rédigé à 95 % » indique au quotidien une source de l’exécutif.

à écrit le 07/01/2020 à 9:20
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"Chacun doit faire "un pas vers l'autre"" Où la stratégie afin d'imposer une demie mauvaise réforme ! On est chez les fous...

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