Retraites : réforme, grèves, transports... le point après une semaine de mobilisation

Par latribune.fr  |   |  926  mots
(Crédits : STEPHANE MAHE)
La mobilisation contre la réforme des retraites, débutée il y a une semaine, devrait s'amplifier avec de nouvelles manifestations prévue d'ici la fin de la semaine, au lendemain de la présentation du projet de loi par le Premier ministre. Ce dernier, loin d'apaiser la colère, a fait basculer les syndicats réformistes dans le camp des opposants.

La présentation par Edouard Philippe du projet de loi de la réforme des retraites et ses spécificités (fin des régimes spéciaux, "âge d'équilibre" à 64 ans, entrée dans le système à points à partir de la génération née en 1975.. ), n'a pas ébranlé le statu quo qui prédomine du côté des partenaires sociaux quant à la suite à donner à la mobilisation contre la réforme des retraites. Le combat continue et il n'y aura "pas de trêve pour Noël sauf si le gouvernement revient à la raison" en retirant son projet, a prévenu le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, en tête de la contestation.

Action massive de l'intersyndicale le 17 décembre

Car sitôt le plan dévoilé, la fronde syndicale s'est élargie. La "ligne rouge est franchie", a tonné le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, premier soutien d'un système universel par points mais hostile à un allongement de la durée de cotisation via un "âge d'équilibre". Il a demandé au gouvernement de "revenir en arrière" sur ce point.

"Voir que le compromis est à portée de main et le balayer pour une question de dogmatisme budgétaire est une profonde erreur", a-t-il déploré dans un entretien aux Echos. Sur les radios et télévisions du matin, le gouvernement et la majorité essayaient de recoller les morceaux. "Il y a de la place pour la négociation, que ce soit sur la pénibilité, que ce soit sur les modalités pour parvenir à l'équilibre", a souligné le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

Laurent Berger, "qui incarne un peu la démocratie sociale à la française", ne "manquera donc pas de faire des propositions qui pourront être alternatives, éventuellement, à ce que le gouvernement a mis sur la table", a risqué le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand. Le mardi 17 décembre, "il n'y aura que le Medef qui ne sera pas en grève", a ironisé le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. La CFDT, premier syndicat, a appelé à descendre dans la rue, de même que la CFTC et l'Unsa, lors de cette prochaine grande mobilisation. Mais Laurent Berger, qui note des "avancées" dans la réforme et veut "retrouver le chemin du dialogue", ne sera pas dans le carré de tête de l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU.

"Enfumage", "reforme terrible" : l'opposition se déchaîne

Mercredi, Edouard Philippe a affirmé que "la loi prévoira une règle d'or pour que la valeur du point acquis ne puisse pas baisser", en réponse à l'une des principales inquiétudes exprimées par les opposants à la réforme des retraites. La disparition des régimes spéciaux est confirmée mais, pour les fonctionnaires et les agents des régimes spéciaux dont l'âge légal de départ est de 52 ans, en particulier les conducteurs de la SNCF et de la RATP, la réforme s'appliquera à partir de la génération 1985 seulement.

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L'exécutif a fait savoir qu'il travaillait à la mise en place rapide d'un simulateur pour rassurer les futurs pensionnés. "J'ai demandé qu'avant le 18 décembre on puisse avoir des éléments qui permettent de dire à peu près le montant de la retraite de chacun", a dit Edouard Philippe mercredi soir devant des parlementaires de la majorité, selon un participant à cette réunion. Pour le Premier ministre, "les garanties données" justifient que la grève, "qui pénalise des millions de Français, s'arrête". Or, le mécontentement reste cependant large. Le Conseil des barreaux votera des actions vendredi, et les principaux syndicats policiers menacent de "durcir" leur mobilisation. Les enseignants de la FSU ont appelé à la reconduction.

Sur tout l'échiquier politique, les oppositions ont critiqué le projet. "Cette réforme fait l'unanimité contre elle. Il faut la retirer", a insisté Fabien Roussel (PCF) lors d'un rare meeting unitaire de la gauche à Saint-Denis mercredi soir. A droite, Guillaume Peltier (LR) a dénoncé "un enfumage", Marine Le Pen (RN) une réforme "terrible". D'après le gouvernement, le projet de loi sera soumis au Conseil des ministres le 22 janvier et discuté au Parlement fin février.

La galère dans les transports continue

La circulation routière restait très perturbée de jeudi avec plus de 400 kilomètres de bouchon peu après 8h30 en Île-de-France. Dans les transports en commun, le trafic était quasi inchangé par rapport à mercredi: un TGV et un Transilien sur 4, une 10e ligne de métro fermée à 9h30. Seul 40% des bus roulaient par ailleurs, contre 50% attendus, en raison de blocages matinaux, selon la RATP.

Des manifestations et rassemblements locaux sont prévus de Marseille à Paris, où un défilé doit partir de Nation. Au Havre, la zone industrielle et portuaire était bloquée par plus d'un millier de manifestants, selon la police. "On tient les huit principaux points (d'entrée, ndlr). C'est parti pour la journée", a assuré Sandrine Gérard, secrétaire de l'union locale CGT.

(Avec AFP)