Revenu universel : combien coûtent les étapes de Benoît Hamon ?

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  575  mots
A terme, le candidat socialiste ambitionne de fixer une allocation d'un montant de 750 euros nets mensuels versée à l'ensemble de la population.
L'Institut Montaigne a présenté le chiffrage de chacune des étapes de la mesure phare du candidat socialiste, de l'extension du RSA aux 18-25 ans au versement d'une allocation de 750 euros nets mensuels.

Le revenu universel, combien ça coûte ? Parmi les interrogations que pose la mesure phare de Benoît Hamon, cette question demeure centrale. Durant la primaire de la Belle Alliance Populaire (BAP), ses concurrents n'ont cessé d'avancer l'argument du coût pour la décrédibiliser : 300 milliards pour les uns, 350 milliards pour les autres, "c'est l'équivalent du budget de l'État", fustigeait d'ailleurs Arnaud Montebourg, qui s'est pourtant rallié à Benoît Hamon au second tour.

Ce dernier a fait évolué sa proposition au cours de la campagne. Dans son programme, tel que détaillé sur le site BenoitHamon2017.fr, il décline la mise en place du revenu universel en trois étapes :

  • Dès 2018, le RSA passerait de 514 euros à 600 euros (+ 10%) et serait étendu aux 18-25 ans;
  • Suite à une "grande conférence citoyenne", les contours du revenu universel (montant, financement, etc.) seraient fixés définitivement, et le dispositif serait étendu "à l'ensemble de la population";
  • A terme, le revenu universel serait fixé à 750 euros par mois.

Ces étapes étant désormais figées pour la présidentielle, l'Institut Montaigne, un think tank d'orientation libéral, a chiffré leur coût sur commande des Echos, de TF1 et d'Europe 1.

■ Coût de l'étape 1 : entre 37,9 et 44,7 milliards d'euros

Aujourd'hui, le RSA est délivré sous condition de ressources aux personnes âgées de 25 ans ou plus. Son montant forfaitaire est de 514 euros.

En passant le RSA à 600 euros par mois et en élargissant le public concerné aux 18-25 ans, l'Institut Montaigne estime que la mesure coûtera entre 37,9 milliards et 44,7 milliards d'euros.

Dans ses projections, Benoît Hamon avance un montant très proche. Durant la primaire, il a d'ailleurs martelé que ce coût est équivalent à celui du CICE. Au 31 juillet 2016, les entreprises ont déclaré 43 milliards de créances vis-à-vis l'Etat pour le CICE.

■ Coût de l'étape 2 : entre 260 et 372 milliards d'euros

Le détail de la seconde étape n'est pas encore fixé, puisque Benoît Hamon promet une grande conférence citoyenne sur le sujet. Néanmoins, l'objectif à l'issu de cette conférence et d'étendre le dispositif "à l'ensemble de la population", comme écrit dans le programme.

L'Institut Montaigne a basé ses calculs sur le versement de 600 euros mensuels à l'ensemble de la population. Dans ces conditions, la mesure coûterait 372 milliards d'euros à l'Etat.

Benoît Hamon a également évoqué l'instauration d'une condition de ressource, impliquant que les personnes éligibles au revenu universel doivent toucher moins de 2.000 euros nets mensuels. Dans ce cadre là, le think tank estime que la mesure ne coûterait plus que 260 milliards d'euros.

■ Coût de l'étape 3 : 349 milliards d'euros

A terme, Benoît Hamon ambitionne de fixer le montant du revenu universel à 750 euros nets mensuels. Ce choix coûterait 464 milliards d'euros en l'état, ou 325 milliards d'euros si le versement est conditionné.

Or, l'instauration du revenu universel implique la suppression de certaines aides existantes, comme le RSA, la prime d'activité... de quoi réaliser 35 milliards d'économies. De plus, si les prestations familiales et le coefficient familial sont également supprimés, ces mêmes économies pourraient atteindre 79 milliards d'euros.

A cela s'ajoutent des recettes supplémentaires, générées par la réforme fiscale proposée par le candidat socialiste. Au total, l'Institut Montaigne évalue entre 41 et 159 milliards les rentrées potentielles pour l'État. En net, le coût du revenu universel tomberait donc entre 305 et 424 milliards d'euros, soit un montant médian de 349 milliards d'euros.