Sauvetage d'Orpea : la Caisse des dépôts prend le contrôle

Par latribune.fr  |   |  608  mots
Orpea va être détenu à 50,2% par la Caisse des dépôts qui va administrer l'entreprise dans la tourmente. (Crédits : STEPHANE MAHE)
La société de gestion d’Ehpad épinglée dans le livre « Les Fossoyeurs » pour ses mauvaises pratiques va être détenue à 50,2% par la Caisse des dépôts et consignations et ses alliés pour éviter le défaut de paiement. En échange de cette prise de contrôle par un organisme public, la CDC va investir 1,55 milliard d’euros dans l’entreprise.

Le feuilleton Orpea entame une nouvelle saison. La Caisse des dépôts (CDC) a annoncé dans un communiqué publié ce mercredi, qu'elle allait prendre le contrôle de la société de gestion de maisons de retraite dans la tourmente. Un accord a en effet été trouvé entre le groupement d'investisseurs mené par la CDC et les autres créanciers et actionnaires de la société qui estimaient être lésés par la chute du titre Orpea en Bourse.

Un accord de principe, approuvé par Orpea, le groupement mené par la CDC et des créanciers, prévoit d'effacer 3,8 milliards d'euros de dette en la convertissant en capital et d'injecter 1,55 milliard d'euros de capital supplémentaire. A l'issue du processus, la CDC détiendra 50,2% du capital d'Orpea, les créanciers 49,4% et les actionnaires actuels, s'ils décident de ne pas participer aux augmentations de capital qui leur seront ouvertes, 0,4%.

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Restructuration et changement d'administrateurs

Cet accord permettra de « restructurer très significativement le bilan de l'entreprise à travers une réduction de près de 60% de son endettement net, un renforcement très important de ses fonds propres » et donne ainsi « les moyens financiers nécessaires pour mener à bien notre plan de refondation » présenté le 15 novembre dernier, a commenté Laurent Guillot, directeur général d'Orpea, cité dans un communiqué.

La restructuration de la dette du groupe d'Ehpad se déroulera dans le cadre d'une procédure de sauvegarde financière accélérée, auprès du tribunal de commerce de Nanterre. L'évolution de l'actionnariat se traduira également par des changements au conseil d'administration du groupe. Il sera composé de sept membres désignés par la CDC, le directeur général d'Orpea, deux représentants des salariés et trois administrateurs indépendants.

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Des discussions âpres et difficiles

En janvier, les créanciers d'Orpea ont appelé la Caisse des dépôts à investir dans la société pour éviter sa faillite. Depuis les révélations du livre-enquête "Les Fossoyeurs", il y a un an, la société ployait sous une dette colossale de 9,5 milliards d'euros et risquait de manquer de liquidités d'ici quelques semaines. L'organisme public avait alors proposé d'apporter 700 millions d'euros au capital de la société avant de réhausser son offre à 1,3 milliard d'euros puis à 1,55 milliard aujourd'hui, suite aux pressions des actionnaires.

Car derrière ce financement, se cache une question de gouvernance. « Nous voulons le contrôle pour nous assurer que les pratiques changent », a indiqué à l'AFP une source de la Caisse des Dépôts. « Pour nous, c'est plus une question éthique que financière ». La CDC a alors expliqué le 20 janvier que « Avec des partenaires, mutualistes, assureurs, nous proposons d'apporter 1,265 milliard d'euros, sur la base d'une valorisation de la société à un milliard d'euros. Cela n'a pas été accepté par les créanciers ». Et pour cause, cette offre de la Caisse des dépôts « lèse les intérêts d'épargnants qui ont déjà perdu beaucoup », selon une source proche des créanciers. Les créanciers d'Orpea ont appelé le groupe d'investisseurs dirigé par la CDC à réhausser leur offre pour que leurs créances et actions retrouvent davantage de valeur.

Face à ce refus, les discussions avaient pris fin avant de reprendre le 30 janvier et de trouver un terrain d'entente ce mercredi sur un investissement de 1,55 milliard d'euros.

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(Avec AFP)