Orpea  : les marges chutent, le cours de Bourse s'effondre

Le groupe de maisons de retraites privées a vu son excédent brut d'exploitation baisser au premier semestre, à 18% contre près de 24% un an plus tôt. Une chute qui s'explique par l'inflation et la fin des subventions publiques liées au Covid. Conséquence : l'action d'Orpea a dégringolé de près de 20% à la Bourse de Paris. Elle a ainsi perdu plus de 80% de sa valeur depuis janvier et le scandale lié à la sortie d'un livre dénonçant notamment les conditions de vie dans ses établissements.
Précisément, la marge Ebitda d'Orpea s’affiche à 17,9% au premier semestre 2022 contre 24,1% un an plus tôt.
Précisément, la marge Ebitda d'Orpea s’affiche à 17,9% au premier semestre 2022 contre 24,1% un an plus tôt. (Crédits : STEPHANE MAHE)

En amont de la publication de ses résultats financiers consolidés complets du premier semestre 2022, le 28 septembre prochain, Orpea vient d'annoncer que sa marge Ebitda a baissé de plus de six points sur un an. Elle s'affiche ainsi à 17,9% contre 24,1% au premier semestre 2021 - les marges en valeur absolue n'ont pas été communiquées - peut-on lire ce lundi 12 septembre dans un communiqué portant sur des « indicateurs financiers préliminaires non audités ».

Suite à ces annonces, le titre d'Orpea chutait de 18,06% à 17,18 euros dans les premiers échanges à la Bourse de Paris. Depuis le début du scandale qui touche le groupe depuis janvier, le titre a perdu 80% de sa valeur.

Lire aussiPerquisitions chez Orpea, plaintes contre Korian : les Ehpad dans la tourmente

Trois facteurs d'explication

Le groupe privé d'Ehpad indique qu'un tiers de cette chute s'explique par la « réduction substantielle des compensations relatives à la Covid-19 reçues dans les différents pays, que la progression du taux d'occupation du groupe entre les deux périodes n'a pas permis de compenser ». Un autre tiers par le fait que les comptes du premier semestre 2021 incluaient des « montants importants de produits spécifiques » non récurrents, comme des reprises de provisions, qui n'ont pas été reconduits en 2022.

Enfin, le dernier tiers est imputable aux conséquences de l'inflation, selon le directeur financier Laurent Lemaire. Le prix des denrées alimentaires a augmenté de 15% et celui de l'énergie d'environ 50%, des hausses de prix que le groupe ne peut pratiquement pas répercuter dans ses tarifs facturés aux résidents, en tout cas à court terme.

En juillet, le groupe avait publié son chiffre d'affaires du premier semestre, évalué à 2,3 milliards d'euros, en hausse de 11,7%. Ce montant a entretemps été réévalué à 2,295 milliards, soit 17 millions d'euros de moins, « du fait d'un changement d'approche comptable sur une entité qui n'est plus prise en compte dans le périmètre de consolidation », a précisé Orpea ce lundi.

Lire aussiEhpad : Orpea refuse de rembourser 30,1 millions d'euros à l'État

Pointé du doigt en France et à l'étranger

Orpea est en effet plongé dans la tourmente depuis la parution en janvier d'un livre-enquête, "Les Fossoyeurs" de Victor Castanet. Dans cet ouvrage, le journaliste accuse le groupe d'Ehpad, qui gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France, d'avoir mis en place un « système » pour optimiser ses bénéfices au détriment du bien-être des résidents et des employés. À la suite d'un signalement par le gouvernement, Orpea est visé depuis avril par une enquête judiciaire, ouverte à Nanterre, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d'infractions financières.

Plus récemment, c'est le Défenseur des droits autrichien qui a dénoncé dans un rapport les mauvais traitements subis par les résidents d'un Ehpad Orpea en Autriche. Car le groupe n'est pas seulement présent en France mais aussi dans 22 pays. Rédigé après une visite inopinée en avril, le document autrichien relève notamment le cas d'une femme restant au lit toute la journée et souffrant de fortes douleurs. Le groupe privé français a indiqué dans un communiqué publié le 8 septembre avoir diligenté un audit, confié à une équipe chargée de produire un rapport « dans les plus brefs délais ».

Le nouveau directeur général, Laurent Guillot, a précisé ce lundi qu'il présenterait « à l'automne » des « grandes orientations » en vue d'engager une « transformation de l'entreprise et le retour à des pratiques durablement restaurées ».

Lire aussiKorian : la face cachée du géant des Ehpad (« management par la peur », « effectifs insuffisants », obsession de la rentabilité...)

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 12/09/2022 à 18:23
Signaler
Les m*** judiciaires ça coûte cher en couches... Orpea n'aura pas d'autre choix que de facturer le véritable prix de la dépendance aux héritiers peu soucieux du bien être de leurs vieux au point de les jeter dans des décharges collectives (aka E...

à écrit le 12/09/2022 à 13:05
Signaler
Orpea etait au cœur d'une enquête. Radio France avait révèlé les dessous d'une des filiales du groupe, Kauforg, qui se trouve en Suisse, et qui centralisait jusque fin 2020 les achats de denrées alimentaires en vue de la préparation des repas de tous...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.