Variant Delta ou pass sanitaire : aucun des deux ne menacent la croissance, selon la Banque de France

Par latribune.fr  |   |  503  mots
"C'est l'intérêt de (...) tous les secteurs d'aller le plus possible vers la vaccination", a opposé François Villeroy de Galhau. (Crédits : Reuters)
« L'extension du pass sanitaire, si elle entraîne une extension de la vaccination, devrait même plutôt consolider la croissance », a même affirmé François Villeroy de Galhau, le gouverneur de l'institution. En revanche, les difficultés de recrutement des entreprises constituent la principale menace à la reprise économique en France.

Le gouvernement s'est montré optimiste sur la croissance en France en 2021 (+6%) mais les dernières restrictions annoncées avec le pass sanitaire dès août peuvent-elles changer la donne ? Non, selon la Banque de France : "L'extension du pass sanitaire, si elle entraîne une extension de la vaccination, devrait même plutôt consolider la croissance", a déclaré François Villeroy de Galhau, le gouverneur sur France Info.

Pourtant, de nombreuses activités seront touchées : centres commerciaux, restaurants, cafés, transports, loisirs... de nombreux professionnels craignent des baisses de fréquentation. Et pour cause. Le pass sanitaire, qui vise à attester qu'une personne n'est pas atteinte du Covid-19, va devenir obligatoire d'ici à début août pour entrer dans ces lieux. Mais beaucoup de questions restent en suspens sur son application, tandis que des discussions ont lieu entre l'exécutif et les professionnels concernés.

Aussi, "C'est l'intérêt de (...) tous les secteurs d'aller le plus possible vers la vaccination", a opposé M. Villeroy de Galhau. "La vaccination, c'est la meilleure protection non seulement de nos santés mais aussi de nos emplois".

De son côté, la banque centrale prévoit toujours 5,75% de croissance pour 2021 et 10% sur les deux années de rebond 2021-2022, a rappelé François Villeroy de Galhau.

Les difficultés à recruter sont plus menaçantes

Le gouverneur a également minimisé les inquiétudes quant aux conséquences économiques d'une nouvelle vague de contaminations issues du variant Delta, plus contagieux que les précédentes souches.

"Quand on regarde dans les trimestres passés, chacune des vagues a eu de moins en moins d'effets économiques négatifs", a-t-il noté, alors que les contaminations repartent nettement en hausse depuis une semaine.

"Le variant Delta n'est pas la principale menace" pour l'économie, a-t-il estimé, mettant plutôt l'accent sur les difficultés des entreprises françaises à pourvoir des postes vacants.

"Les entreprises que nous interrogeons déclarent à la Banque de France qu'il y a 44% d'entre elles qui ont déjà des difficultés de recrutement, alors qu'on est au tout début de cette reprise", a-t-il précisé.

"Il y a des problèmes de formation - les compétences qui sont là ne sont pas forcément celles dont les entreprises ont besoin -, il y a des problèmes de travail qu'il faut rendre plus incitatif et il y a un sous-emploi des jeunes et des seniors", a-t-il conclu.

La Banque de France a déjà exprimé ses craintes sur ces difficultés de recrutement, évoquées par près de la moitié des entreprises interrogées par l'institution. Cette situation est "inacceptable économiquement et socialement" au vu d'un taux de chômage toujours élevé à quelque 8%, a regretté M. Villeroy de Galhau.

D'ailleurs, la France ne retrouverait son taux d'emploi d'avant-crise qu'à la fin du troisième trimestre 2022 selon une récente note de l'OCDE sur les perspectives d'emploi.

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 (Avec AFP)