Emploi : pas de retour à la normale avant l'automne 2022 en France selon l'OCDE

La France ne retrouverait son taux d'emploi d'avant-crise qu'à la fin du troisième trimestre 2022 selon une récente note de l'OCDE sur les perspectives d'emploi. Il se situait à 65% à la fin de l'année 2019. Le niveau important du chômage des jeunes préoccupe particulièrement l'institution.
Grégoire Normand
Le taux d'emploi est le ratio entre le nombre de personnes à temps complet et le nombre de personnes en âge d'avoir un emploi.
Le taux d'emploi est le ratio entre le nombre de personnes à temps complet et le nombre de personnes en âge d'avoir un emploi. (Crédits : Reuters)

Les secousses de la pandémie risquent de se prolonger. Plus d'un an et demi après l'arrivée du virus sur le territoire européen, l'économie française retrouve peu à peu des couleurs. L'Insee et la Commission européenne ont prévu une croissance du produit intérieur brut de 6% en 2021, soit une prévision supérieure à celle du gouvernement, de l'OCDE et de la Banque de France. Toutefois, le marché du travail risque de connaître encore des soubresauts. En effet, dans ses perspectives pour l'emploi dévoilées ce mercredi 7 juillet, l'institution explique que le taux d'emploi -le ratio entre le nombre de personnes à temps complet et le nombre de personnes en âge d'avoir un emploi- en France ne devrait pas retrouver son niveau d'avant-crise avant le troisième trimestre 2022.

Même si cette projection est plus favorable que la moyenne des pays développés (T2 2023), ces nouvelles estimations témoignent de la gravité de la crise pour le marché du travail.

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Près de 10% des emplois encore concernés par l'activité partielle en mars

La montée en puissance de l'activité partielle a permis de limiter les dégâts sur le marché du travail depuis le début de la pandémie. Ce dispositif largement utilisé en Allemagne lors de la crise de 2008 a globalement été jugé favorable par un grand nombre d'économistes. En prenant en charge une grande partie de l'indemnité des travailleurs, l'Etat et l'Unedic ont joué un rôle d'amortisseur social au regard de la récession enregistrée l'année dernière (-8%). De plus, même si le recours au chômage partiel a considérablement baissé par rapport au printemps 2020 (près de 35%), il reste largement utilisé par les entreprises. En mars dernier, 9,6% des salariés étaient encore concernés avant le troisième confinement. L'augmentation du reste à charge par les entreprises avec la baisse des aides et la reprise économique espérée devrait néanmoins faire baisser les effectifs des salariés en chômage partiel.

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Le chômage relativement stable, les jeunes en première ligne

Concernant le chômage, les statisticiens ont des difficultés pour établir une photographie solide du nombre de chômeurs depuis le début de la crise. Les chercheurs à l'Insee n'ont pas hésité à parler d'une baisse en "trompe l'œil" du taux de chômage rappelant que les critères du bureau international du travail pour mesurer ce pourcentage ne permettent pas forcément de répondre aux défis statistiques soulevés par la crise. Il était de 7,5% en mai 2021, en légère diminution par rapport à février 2020. Surtout, le taux de chômage relativement stable autour de 8% ne permet pas de rendre bien compte de la situation bien plus préoccupante des jeunes. "Les jeunes, avec un taux de chômage de 19,2 % pour la même période, constituent un groupe particulièrement touché par la crise et à risque de séquelles durables" alerte l'OCDE.

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Un recours massif au télétravail en France, des inégalités accrues

D'autre part, la mise sous cloche de l'économie française au printemps 2020 et les vagues épidémiques a répétition ont précipité le recours au travail à distance en France. Les entreprises et organisations tricolores privilégiaient plus souvent le télétravail avant la crise que la moyenne des autres pays développées (18% en France contre 16% dans l'OCDE en 2019). Les salariés les plus qualifiés, ayant le plus recours au télétravail, ont pu continuer leur activité, tandis que les salariés les moins diplômés ont davantage perdu de revenus. La mise à l'arrêt de nombreux secteurs depuis près de seize mois a ainsi contribué à accroître les inégalités sur le marché du travail. Ainsi, 60% des salariés avec un faible niveau d'éducation ont arrêté toute activité pendant le premier confinement contre seulement 20% chez les plus qualifiés. Et si les autres confinements ont été moins sévères que le premier, le chômage partiel n'a pas permis de compenser intégralement le revenu d'activité ou de travail de nombreuses personnes peu diplômées.

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Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 09/07/2021 à 9:32
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Quelle normale ? 8 à 9% de taux de chômage structurel, c'est tout simplement indécent et typiquement français, hélas ! A mettre en regard d'un système d'enseignement inadapté, et d'une économie étouffée par trop d'impôts, puisque il faut payer bien ...

à écrit le 08/07/2021 à 18:30
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"Le niveau important du chômage des jeunes préoccupe particulièrement l'institution". J'ai comme l’impression qu'elle va s'en remettre rapidement.

à écrit le 08/07/2021 à 17:47
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Ce sera pour mieux fêter la réélection programmée de Macron !

le 09/07/2021 à 16:09
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Si toute fois Macron puisse être désigné par une minorité d'électeurs, il devrait se faire du souci pour sa personne suite au licenciement sans indemnité de départ du président haïtien Jovenel Moïse qui souhaitait se maintenir au pouvoir au delà d...

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