La pénurie de main-d'oeuvre pèse sur la reprise des entreprises

Alors qu'elles sortent tout juste la tête de l'eau, les entreprises se retrouvent désormais confrontées à une pénurie de main-d'oeuvre. Un obstacle pour qu'elles redémarrent pleinement leur activité. De plus, le télétravail a enclenché une remise en question des salariés sur leur travail. Résultat, de nombreux acteurs économiques peinent à recruter même dans les métiers bien rémunérés.
Les entreprises peinent à recruter suffisamment pour satisfaire la demande.
Les entreprises peinent à recruter suffisamment pour satisfaire la demande. (Crédits : GONZALO FUENTES)

A l'heure où la reprise économique se confirme, la réouverture s'accompagne d'une pénurie de main-d'oeuvre de travailleurs qualifiées et de difficultés à obtenir des matières premières. Un véritable obstacle pour certaines entreprises qui tentent de profiter du rebond économique post-crise sanitaire, ont dit dimanche des dirigeants d'entreprise, faisant part de difficultés à trouver preneurs pour des postes vacants.

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Une pénurie d'ordre mondial

S'exprimant lors d'une conférence économique annuelle à Aix-en-Provence, certains dirigeants d'entreprises ont en effet fait part de problèmes persistants sur le marché du travail - dont une pénurie de travailleurs qualifiés - qui se sont amplifiés avec la crise du Covid-19, alors que les entreprises tentent de faire face au rebond de la demande.

Le directeur général d'un grand groupe industriel français a par exemple affirmé que son entreprise avait publié des annonces pour 150 postes vacants dans deux usines du pays, mais qu'aucun CV n'avait été reçu. "La crise a peut-être anesthésié la relation des gens avec le travail", a-t-il dit à Reuters en marge des Rencontres Economiques d'Aix-en-Provence, ajoutant néanmoins que le problème était d'ordre mondial, avec des difficultés similaires rencontrées aux Etats-Unis.

Les entreprises peinent en effet à recruter suffisamment pour satisfaire la demande, d'après un rapport de la Banque centrale américaine (Fed) début juin.

"Il est difficile pour de nombreuses entreprises d'embaucher de nouveaux travailleurs, en particulier des travailleurs à bas salaires horaires, des chauffeurs (...) et des commerciaux qualifiés. Le manque de candidats à l'emploi a empêché certaines entreprises d'augmenter leur production", les contraignant même parfois "à réduire leurs heures d'ouverture", a souligné la Fed dans son Livre beige, une étude réalisée auprès des entreprises.

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Remise en question

D'autre part, au début de la crise en mars 2020, le gouvernement a mis en place un système avantageux de chômage partiel, et des millions de salariés ont basculé vers le télétravail.

Si les salariés ont dans un premier temps apprécié de travailler depuis chez eux, ils sont depuis lors entrés dans une seconde phase dans laquelle ils remettent en question leur rapport à leur entreprise et à leurs collègues, selon le patron de La Poste.

"Je pense qu'il y a une vraie question sur la fin du salariat", a dit Philippe Wahl lors de la conférence.

Près de la moitié des entreprises du bâtiment, 41% des entreprises du secteur des services et un quart des firmes industrielles peinent à recruter des travailleurs, montre la dernière enquête de la Banque de France.

Aux yeux de certains, le mal est plus profond que cela, avec des problèmes fondamentaux non liés à la crise. Pour Ross McInnes, le patron de Safran, il est nécessaire de revoir le système scolaire français. "Toutes nos entreprises ont du mal à recruter dans des métiers qui sont plutôt bien payés", a-t-il dit lors d'un débat.

Difficultés d'approvisionnement

En plus des problèmes de recrutement, les entreprises du bâtiment et manufacturières éprouvent des difficultés à se procurer les matériaux nécessaires pour livrer leurs clients. La moitié des entreprises du bâtiment font face à des problèmes d'approvisionnement, tandis que 70% des constructeurs automobiles sont concernés, selon la Banque de France.

Au total, six filières sont touchées par les tensions liées aux approvisionnements : l'automobile, l'agroalimentaire et le bâtiment pour la partie client, et l'électronique, la métallurgie et la chimie pour la partie fournisseur. Cette crise est liée un goulet d'étranglement entre une reprise très forte post-confinement, doublé d'un effet de restockage, tandis que les capacités de production ne sont pas dimensionnées pour une telle demande.

"C'est un bazar complet", a déclaré le patron d'un groupe manufacturier français à propos des chaînes d'approvisionnement. Il a ajouté que son entreprise avait mis sur pied 23 groupes de travail pour faire face à des problèmes spécifiques d'approvisionnement, contre deux habituellement. Le problème pourrait durer jusqu'à fin 2022, a-t-il dit.

(Avec Reuters)

Commentaires 23
à écrit le 23/09/2021 à 6:23
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qu ils commencent à augmenter le taux horaire (15e net) ils vont vite trouver

à écrit le 07/07/2021 à 7:42
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En France, avoir un contrat de plus de 15 jours est un lux. Etre payé au SMIC est un privilège. Des heures sup non rémunrées est la norme. Avec ça, il faut parfois attendre le 15 du mois suivant pour être payé... On trouve pas ... C'est curieux ça ....

le 08/07/2021 à 14:54
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"Il est difficile pour de nombreuses entreprises d'embaucher de nouveaux travailleurs, en particulier des travailleurs à bas salaires horaires" !!! Ben augmente le salaire déjà pour commencer ! Non mais sérieux!

à écrit le 06/07/2021 à 11:55
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"de nombreux acteurs économiques peinent à recruter même dans les métiers bien rémunérés" Mince alors ! Parce que la difficulté de recrutement dans les métiers mal payés est la norme que les patrons acceptent ? Mais c'est la loi du marché, de l'off...

le 06/07/2021 à 13:40
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Le libéral français est pour la loi du marché, mais seulement quand celui-ci est en sa faveur, sinon, il est "opprimé".

à écrit le 06/07/2021 à 10:29
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C'était mieux avant, les temps bénis où le patronat faisait venir des trains entiers d'émigrés. Aujourd'hui, c'est difficile de trouver de jeunes ingénieurs acceptant de travailler 60 heures pour 2500 euros.

à écrit le 05/07/2021 à 20:38
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Vu le taux de chomeur c'est pas le manque de main d'œuvre qui manque mais le salaire qui est trop faible... Si un restaurant trouve pas de serveur il devrait se demander pourquoi ils sont partis travailler autre part et pourquoi aucun veut prendre ça...

à écrit le 05/07/2021 à 20:33
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Comme le disait ici il y a quelque temps un patron de SSII, c est impossible de trouver un inge a paris pour 2000 € net. eh oui, avec au moins 1000 €/mois de loyer personne va aller travailler pour vivre comme un etudiant en colocation S il manque...

à écrit le 05/07/2021 à 19:12
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"Payez mieux vous trouverez de la main d'oeuvre" ! Encore fallait-il y penser ;-)

à écrit le 05/07/2021 à 18:16
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Avec dix millions d'esclaves potentiels payés à coup de triques et de CDD non renouvelables, plus les roumains, les pakistanais, les syriens etc... encore moins payés, sont plutôt gonflées les entreprises.

à écrit le 05/07/2021 à 16:52
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il ne s'agit pas d'une manque de main d'oeuvre mais uN refus de reconnaitre le travail manuel ex le salaire d'embauche pour un chauffeur de 44TONNES EST à 10,25 Brut donc au SMIC ???????

à écrit le 05/07/2021 à 16:46
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Augmentez les salaires, formez des gens et respectez les. M'étonnerait que ça n'améliorerait pas la situation.

à écrit le 05/07/2021 à 16:38
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manque de main d'oeuvre ou refus de les payer ex chauffeur 44 tonnes salaire embauche le smic mais contrat 205 h sans horaire fixe pour avoir salaire correct ,,,,,,

à écrit le 05/07/2021 à 14:47
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Les employeurs qui se plaignent le plus d’une pénurie de main-d’œuvre sont ceux qui paient le moins. Des solutions existent à la pénurie fr main d'oeuvre : améliorer les conditions de travail, faire de la formation, investir pour automatiser les tâch...

à écrit le 05/07/2021 à 14:32
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Une pénurie de main d'oeuvre à salaire de misère évidemment... Aux élections régionales et départementales, il n'y avait semble-t-il pas pénurie de candidats.

à écrit le 05/07/2021 à 14:19
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Faudrait déjà que les entreprises fassent moins la fine bouche (embaucher les plus de 50 ans) et/ou paient mieux.

à écrit le 05/07/2021 à 13:47
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Avec 1200 balles par mois allez payer les explosions de factures courantes de ces dernières années ! Alors chacun se débrouille comme il peut au sein d'une société tenue en mains par des gens qui n'ont aucune notion de la valeur travail parce que ren...

à écrit le 05/07/2021 à 13:35
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Il faut que les entreprises augmentent les salaires, améliorent les conditions de travail et financent le cas échéant les formations des chômeurs, ..... comme elles le faisaient autrefois..... .A elles de s'adapter.

à écrit le 05/07/2021 à 13:13
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et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu...

à écrit le 05/07/2021 à 12:56
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Ils ont déjà anticipé cette pénurie : Les grands patrons s'engagent pour la cause des réfugiés. Accor, Barilla, Adecco, Ikea, BNP Paribas, Keolis, Ipsos, Sodexo, Michelin, L'Oréal... Dix patrons de grands groupes se sont rassemblés au sein d'un co...

le 05/07/2021 à 13:59
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N'importe quoi. Si les réfugiés avait des compétences recherchées, les autres pays nous les prendraient. Vous rêvez ! La plupart d'entre eux vives des aides sociales.

le 05/07/2021 à 15:13
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Non, la France n'a pas besoin des héritiers de Ben Ali ou autre dictateur africain à la recherche d'un refuge économique...

le 05/07/2021 à 16:41
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@Rex "Vous rêvez !" Adresses toi à ces grands patrons ce sont eux cités dans l'article

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