Violences urbaines : Macron promet aux mairies une « loi d'urgence » pour accélérer la reconstruction des quartiers saccagés

Par latribune.fr  |   |  1284  mots
Emmanuel s'exprimait devant 250 maires de villes touchées par les émeutes. (Crédits : POOL)
Le chef de l'Etat recevait ce mardi à l'Elysée les maires des villes qui ont été victimes de dégradation durant les violences urbaines consécutive à la mort du jeune Nahel le 27 juin. Pour soutenir les édiles, il a annoncé un projet de « loi d'urgence » et a promis des aides financières aux villes pour les réparations nécessaires. De son côté, la région Ile-de-France a d'ores et déjà prévu un fonds d'urgence de 20 millions d'euros.

[Article publié le mardi 4 juillet à 17H40 et mis à jour à 18H13] En réponse aux nombreux dégâts causés par les violences urbaines ces derniers jours, consécutives à la mort du jeune Nahel le 27 juin dernier, Emmanuel Macron a annoncé ce mardi un projet de « loi d'urgence » pour « écraser tous les délais ». L'objectif : accélérer la reconstruction après les destructions qui ont visé des bâtiments, du mobilier urbain et des moyens de transports.

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Pour cela, le chef de l'Etat, qui s'exprimait devant les maires de plus de 300 communes touchées par ces émeutes et réunis à l'Elysée, a ouvert la voie à plusieurs chantiers avec une « priorité absolue », le rétablissement d'un « ordre durable, républicain ». Pour y parvenir ainsi que pour « maintenir l'effort et la pression » notamment les 13 et 14 juillet, autour de la fête nationale, il a confirmé des « moyens exceptionnels ». Il s'est toutefois dit « très prudent » sur la perspective d'un retour au calme « durable », tout en considérant que le « pic » des premiers soirs était « passé ».

Aides, annulations de cotisations et baisse des franchises

Concernant l'aide financière apportée aux communes, le président de la République a promis un accompagnement « pour très vite pouvoir réparer » le matériel de vidéosurveillance cassé, ainsi que des aides financières pour les réparations concernant « la voirie, les établissements communaux, les écoles ». Le gouvernement s'est dit ouvert à des « annulations » de cotisations sociales et fiscales « au cas par cas » pour les commerces vandalisés. « On va être extrêmement ferme et clair avec les assureurs commune par commune », a-t-il encore dit lors de la réunion à l'Elysée abondant ainsi dans le sens du ministre de l'Economie qui avait fait savoir, plus tôt dans la journée, que les assureurs avaient accepté de « considérer des réductions de franchise ».

Ces derniers ont d'ores et déjà répondu à l'appel de l'exécutif. Ce mardi matin, la présidente de France Assureurs, Florence Lustman, a annoncé que les assureurs allaient « prendre en considération, au cas par cas, les situations des commerçants indépendants les plus touchés par ces violences urbaines pour réduire l'effet de leurs franchises contractuelle».

Un fonds de 20 millions d'euros pour l'Ile-de-France

Parmi les 300 maires concernés reçus ce mardi à l'Elysée, près d'une centaine venait de la région-capitale, selon un décompte de l'AFP. Ainsi, pour l'Île-de-France seulement, une centaine de bâtiments publics ont été dégradés ou détruits ces derniers jours, selon un décompte de la région. Environ 140 communes d'Île-de-France, soit plus d'une sur dix, ont été touchées, a indiqué mardi l'entourage de la présidente (LR) de région Valérie Pécresse à l'AFP. Dans ce total, la région compte 18 mairies centrales ou annexes endommagées, de même que 36 postes de police municipale, selon la même source. La région n'avait en revanche pas d'estimation sur le nombre de commerces touchés.

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Ces derniers, tout comme les mairies vont néanmoins être aidés, a promis l'Île-de-France qui votera mercredi un fonds d'urgence de 20 millions d'euros. Commerçants et artisans pourront donc demander une aide pour un montant allant « jusqu'à 10.000 euros, versé après les assurances afin d'agir sur le reste à charge », a précisé la région dans un communiqué.

Les mairies, elles, pourront recevoir une aide de ce même fonds « au plus vite avant l'intervention des assurances, sous forme d'avances remboursables », afin de réparer les équipements publics « qui ont subi des dégradations », précise la région.

Ce mardi matin, la présidente de France Assureurs a avancé un premier montant de 280 millions d'euros, pour 5.800 sinistres déjà déclarés à l'échelle nationale. Une facture qui devrait s'avérer bien plus importante dans les jours à venir, a-t-elle prévenu au micro de Franceinfo. De son côté, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a estimé qu'elle s'élèverait à plus d'un milliard d'euros pour les entreprises. Selon les chiffres du syndicat patronal, plus de 200 commerces ont été entièrement pillés, 300 agences bancaires détruites, 250 bureaux de tabac touchés, « avec des modes opératoires d'une violence absolue ».

Des chantiers au long cours

Au-delà des aides d'urgences, le président de la République a aussi profité de cette réunion à l'Elysée pour ouvrir des chantiers au plus long cours, du logement à la décentralisation en passant par la justice des mineurs et l'éducation, sans toutefois entrer dans le détail.

Parmi ces chantiers, il a dit vouloir « mieux accompagner, mieux responsabiliser et parfois mieux sanctionner » les parents d'enfants auteurs de violences, souhaitant agir « au cas par cas » et « pas forcément » en passant par des suspensions d'allocations familiales. « Il faudrait qu'à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles, une sorte de tarif minimum dès la première connerie », avait-il glissé à des policiers auxquels il a rendu visite dans la nuit de lundi à mardi.

Déjà vendredi, en plein cœur des nuits de violences en réaction à la mort à Nanterre de Nahel, il en avait appelé à « la responsabilité des parents » pour « garder au domicile » les mineurs, qui composent une bonne partie des émeutiers. « La République n'a pas vocation à se substituer à eux », avait-il insisté.

Autant de dossiers sur lesquels l'exécutif doit travailler pendant l'été « pour déboucher sur des solutions très concrètes », car « on ne doit pas laisser la pâte retomber », a-t-il lancé en conclusion de cette séance qui n'était pas sans rappeler le « grand débat » lors de la crise des gilets jaunes. Il a promis un point d'étape « à la fin de l'été ».

Elisabeth Borne défend « l'unité nationale » et pointe du doigt le discours de LFI et le RN

Elisabeth Borne a défendu ce mardi devant les députés le besoin d'« unité nationale » après les émeutes. « Avec le retour au calme, les débats vont reprendre, c'est normal, c'est démocratique, c'est très sain. Mais je pense que c'est important que cela ne prenne pas le pas sur l'unité nationale », a d'abord déclaré dans la matinée la Première ministre devant les députés des groupes Renaissance, Horizons et MoDem, en présence de plusieurs ministres, dont Gérald Darmanin (Intérieur) et Eric Dupond-Moretti (Justice).

Une prise de parole qui intervient après la réunion organisée par la cheffe du gouvernement avec l'ensemble des groupes parlementaires qui sont apparus divisés dans leurs propositions. Elisabeth Borne a, d'ailleurs, vivement critiqué la présidente des députés LFI Mathilde Panot, qui a quitté avant sa fin la réunion à Matignon. Elle s'est dite « très choquée par les propos de La France insoumise qui refuse de condamner les violences », « preuve supplémentaire » à ses yeux que ce parti « ne se positionne pas dans le champ républicain ». Devant l'Assemblée nationale, elle a accusé le parti politique d'« instrumentaliser un drame » et de choisir le « chemin » de « l'excuse constante de la violence ».

Elisabeth Borne a également accusé Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, de faire le « choix » de la « division » en opposant « les territoires ruraux et les quartiers » dits sensibles « comme si aider les uns devait dépouiller les autres ». « Quand notre République est attaquée, c'est l'unité nationale qui doit l'emporter », a-t-elle insisté.

 (Avec AFP)