Plus d’un milliard d’euros : la facture salée des émeutes pour les entreprises, selon le Medef

Agences bancaires, bureaux de tabac, commerces... Les nuits de violences urbaines se sont traduites par de nombreuses dégradations et pillages. Près d'une semaine après le début des émeutes, Geoffroy Roux de Bézieux estime d'ores et déjà que les dégâts se chiffrent à plus d'un milliard d'euros, et ce, sans y intégrer les dégâts en termes de fréquentation touristique et de détérioration de l'image de la France. Elisabeth Borne, elle, a souhaité lundi le retour à l'ordre.
Pour les plus de 700 propriétaires de commerces attaqués et pillés depuis mardi dernier, l'heure est aux réparations, parfois extrêmement onéreuses.
Pour les plus de 700 propriétaires de commerces attaqués et pillés depuis mardi dernier, l'heure est aux réparations, parfois extrêmement onéreuses. (Crédits : Reuters)

[Article publié le mardi 04 juillet 2023 à 07h15 et mis à jour à 09h59] Après plusieurs nuits marquées par une légère accalmie sur le front des violences, l'heure semble au bilan après les violences urbaines et les pillages qui ont éclaté après la mort de Nahel (17 ans) le 27 juin dernier, tué par un policier à Nanterre (ouest de Paris).

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Ecoles, mairies, commissariats... Les services publics ont été particulièrement ciblés. Les entreprises n'ont pas été épargnées. « Je partage le sentiment de révolte et de tristesse des commerçants », a déclaré le ministre de l'Economie a l'occasion d'un déplacement ce mardi matin.

Selon les chiffres du Medef, plus de 200 commerces ont été entièrement pillés, 300 agences bancaires détruites, 250 bureaux de tabac touchés, « avec des modes opératoires d'une violence absolue », a souligné le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, dans un entretien accordé au Parisien, dévoilé dans la soirée lundi 3 juillet.

« Tout a été volé, même des caisses enregistreuses, avant de mettre le feu pour détruire », a-t-il ajouté dans les colonnes du quotidien francilien.

Une facture très élevée

S'il estime qu'il est « trop tôt pour donner un chiffre précis »Geoffroy Roux de Bézieux, dont le remplaçant à la tête du Medef sera élu le 6 juillet - Patrick Martin ou Dominique Carlac'h -, estime néanmoins la facture pour les entreprises à un milliard d'euros.

« Il est trop tôt pour donner un chiffre précis, mais on est à plus d'un milliard d'euros, sans compter les dégâts au niveau du tourisme. Les vidéos des émeutes, qui ont circulé dans le monde, dégradent l'image de la France », a dénoncé le dirigeant du Medef.

Si l'étendue des dommages est pour l'instant difficile à évaluer, la facture risque en tout cas d'être plus salée que celle constatée pendant les manifestations de gilets jaunes, qui avaient occasionné 249 millions d'euros de dommages en 2018 et 2019, ou celle des émeutes de 2005 (204 millions d'euros).

Pour les plus de 700 propriétaires de commerces attaqués et pillés depuis mardi dernier, l'heure est surtout, dans l'immédiat, aux réparations, parfois extrêmement onéreuses. Les assureurs devraient prendre en charge la majorité des dommages, mais les victimes n'en sortiront pas indemnes.

« Les assureurs sont mobilisés »

Si l'incendie ou le vol font, par exemple, partie des risques de base et sont couverts par les contrats multirisques professionnels, ce n'est pas le cas des pertes d'exploitation. Selon France Assureurs, seul un commerce sur deux est assuré contre les pertes d'exploitation et pourra donc être indemnisé pour le manque à gagner lié à la fermeture, jusqu'à une réouverture. Samedi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait exhorté les assureurs à prolonger les délais de déclaration, à indemniser rapidement les victimes et à réduire les franchises.

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Au sujet des indemnisations, Geoffroy Roux de Bézieux assure que « les assureurs sont mobilisés pour aller le plus vite possible, je suis assez confiant sur le fait que les commerces concernés seront indemnisés ». Ecartant un retour au « quoi qu'il en coûte », ces mesures de soutien aux entreprises prises face aux crises sanitaire et énergétique, le patron des patrons estime qu'il faut envisager « des avances ponctuelles, car certains ne pourront pas exercer leur activité pendant un certain temps ». Au micro de France Inter, il a notamment plaidé pour la mise en place du chômage partiel pour les entreprises victimes des violences.

Un délai allongé pour la déclaration de sinistre

 « Nous pourrons considérer des annulations de charges fiscales et sociales pour les commerçants les plus touchés », a déclaré Bruno Le Maire ce mardi.

Le locataire de Bercy a également fait savoir qu'un délai de trente jours sera accordé pour faire sa déclaration de sinistre. « Cela donne beaucoup de liberté d'esprit aux commerçants », a-t-il fait valoir.

39 bus brûlés en Île-de-France

Outre les commerces, les transports publics ont, eux aussi, fait les frais des violences urbaines de ces derniers jours. Selon une première estimation, publiée lundi, d'Île-de-France Mobilités (IDFM), autorité francilienne des transports, les émeutes ont causé « au moins 20 millions d'euros de dégâts » pour les transports publics en Ile-de-France.

Dans cette somme, il faut compter « les bus brûlés, un tramway brûlé, deux tramways endommagés et les mobiliers urbains qui ont été cassés », a précisé IDFM à l'AFP.

Au total, 39 bus ont été brûlés, partout en Ile-de-France depuis le début des émeutes, notamment 12 bus dans le dépôt RATP d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et 14 bus dans le dépôt de la société ProCars à Provins (Seine-et-Marne), a détaillé l'autorité. A titre indicatif, il faut compter environ 350.000 euros pour un seul bus, selon l'autorité régionale des transports.

Macron reçoit plus de 200 maires de communes touchées

Dans ce contexte, Elisabeth Borne a souhaité lundi le retour à « l'ordre », à l'issue d'une réunion avec l'ensemble des groupes politiques, qui sont apparus divisés dans leurs propositions après ce drame.

« La priorité, c'est d'assurer le retour de l'ordre républicain », a déclaré la Première ministre, maintenant le dispositif sécuritaire en l'état, soit 45.000 policiers et gendarmes.

Elisabeth Borne a admis que cette crise soulevait « de nombreuses questions », mais qu'« on aura l'occasion de se revoir, de poursuivre et d'approfondir ces sujets ». « J'aurais aimé qu'on ait plus de concorde », a affirmé à la sortie de cette réunion la cheffe de file des députés Renaissance, Aurore Bergé. La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, elle, a quitté la réunion au bout d'une heure, jugeant « insupportable » de ne pas obtenir de « réponses » du gouvernement. « La première mesure de l'apaisement, c'est la justice » et « poser des actes », a-t-elle estimé en proposant d'abroger une loi de 2017 sur l'usage des armes par les policiers.

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Parti plus tôt lui aussi pour présider une séance à l'Assemblée, le député RN Sébastien Chenu, qui remplaçait Marine Le Pen, a pointé « l'immense responsabilité » du gouvernement, en réclamant un « virage à 180 degrés (...) sur les politiques de sécurité, de justice, et la nécessité d'un moratoire sur l'immigration ». Pour les sénateurs LR, Bruno Retailleau a réclamé « de l'ordre » et « de l'autorité ». Ses propos ont été critiqués par la gauche. « Il n'y a pas d'ordre sans justice, et nous avons essentiellement parlé d'ordre aujourd'hui », a déploré le chef de file des députés PS, Boris Vallaud. Depuis plusieurs jours, le gouvernement multiplie les consultations sur cette crise.

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Le chef de l'Etat, qui avait demandé à la Première ministre de recevoir les groupes politiques, s'est pour sa part entretenu lundi avec les présidents de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du Sénat, Gérard Larcher, avant de recevoir ce mardi les maires des « plus de 220 communes victimes d'exactions » lors des émeutes.

Avec cette consultation des élus locaux, le Président « souhaite débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements », a indiqué l'Elysée. La journée de lundi a été marquée par de nombreux rassemblements à travers la France en soutien au maire de L'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun, au lendemain de l'attaque à la voiture-bélier contre son domicile dans cette ville du Val-de-Marne.

Commentaires 4
à écrit le 04/07/2023 à 11:25
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c'est assez simple travaux d'interer general et suppression des alloc et aides en tout genre

à écrit le 04/07/2023 à 8:09
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il serait pas du sud le patron du Medef? los Angeles 92 des émeutes plus longues bien pires 52 morts, 1 milliard de dollars.. faut arrêter de se prendre pour un expert en carton je pense..

à écrit le 04/07/2023 à 7:26
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Et si on la présentait à la Police pour changer cette facture ? Aux premiers responsables donc puisque si ce jeune n'avait pas été abattu il n'y aurait pas eu d'émeutes. Ce n'est pas en déresponsabilisant sans cesse les principaux responsables que no...

le 04/07/2023 à 17:43
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Et si ce malheureux jeune n'avait pas initié cette course poursuite sans permis en frolant de peu un cycliste puis un pieton en traversant à vive allure les ronds-points etc ...avec des ''si''..... Ce ne sont pas LES flics les responsables mais Un...

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