Voies sur berges : la justice donne raison à Anne Hidalgo

Par latribune.fr  |   |  1034  mots
Le tribunal administratif de Paris a donné satisfaction à la maire de Paris Anne Hidalgo (PS). (Crédits : CHARLES PLATIAU)
Le tribunal administratif de Paris entérine définitivement un arrêté favorable à la piétonnisation des voies sur berges de la Rive droite. Alors qu'une première décision judiciaire rendue en appel ce lundi par la même juridiction avait décidé de l'annulation de cette mesure, il s'agit là d'une victoire importante pour la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) qui a fait de ce projet clivant l'un des actes fort de sa mandature.

Rien ne pourra plus empêcher Parisiens, Parisiennes et touristes de s'en aller flâner sur les berges de la rive droite à pied, à vélo ou encore en trottinette. Pour cause, un arrêté validant définitivement la piétonnisation des quais de Seine, mesure phare et polémique de la maire de Paris (PS) Anne Hidalgo, a été validé, ce jeudi, par le tribunal administratif de Paris. Le jugement prononcé rejette les requêtes introduites contre l'arrêté du 6 mars pris en urgence par la Mairie de Paris pour maintenir la piétonnisation de la voie Georges-Pompidou suite à l'annulation, le 21 février, par la même juridiction, de la fermeture à la circulation automobile. La menace d'un retour des voitures planait pourtant depuis le lundi 22 octobre et la confirmation en appel par la Cour d'appel de Paris de l'annulation de l'arrêté initial d'octobre 2016. Motif : des irrégularités constatées dans l'étude d'impact sur la pollution atmosphérique et sonore.

"L'interdiction de la circulation automobile édictée par la mairie de Paris est justifiée par la nécessité de préserver un site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco", a relevé le tribunal administratif dans sa décision. Notant que le secteur concerné se situe dans "le cœur historique de Paris et à proximité de monuments emblématiques", le tribunal a rejeté les demandes des plaignants. Ces derniers avaient fait valoir notamment que "la mairie de Paris n'est pas propriétaire du domaine public et que le classement au patrimoine de l'Humanité ne peut justifier l'interdiction de la circulation"Les opposants à la fermeture n'ont pas encore fait savoir s'ils faisaient appel ou non.

La majorité à la fête

La décision a été unanimement saluée par la majorité municipale. Dans une vidéo publiée ce jeudi sur son compte Twitter, Anne Hidalgo s'est félicitée "de la mobilisation des Parisiens et des Parisiennes". "C'est en faisant vivre ce lieu dès l'instant où nous l'avons ouvert que vous avez rendu tout retour en arrière impossible", a notamment lancé l'édile objet de nombreuses critiques dans sa gestion du dossier.

Emmanuel Gregoire (PS), premier adjoint à la mairie de Paris a également exprimé sa satisfaction soulignant, pour sa part, "une victoire de société".

Cette nouvelle décision a également soulagé le groupe communiste et Front de gauche. Ce dernier a estimé dans un communiqué que "la fermeture des voies sur berges est une décision qui va dans le sens de l'histoire". "La piétonnisation de nouvelles voies doit se poursuivre", a même suggéré de son côté l'élue de la France insoumise, Danielle Simonnet. Le député de la 18e circonscription de Paris Pierre-Yves Bournazel (Agir-Les Constructifs) s'est également réjouit de cette annonce tout en émettant des réserves.

"Cette décision permet enfin de sortir la ville de Paris des péripéties juridiques", a souligné l'élu. Toutefois, "la méthode de Madame Hidalgo a fait défaut", a-t-il taclé. "Les différents désaveux judiciaires ont montré la désorganisation et les limites du cabinet de Mme Hidalgo", a ajouté  Pierre Auriacombe, le président du groupe PPCI, proche de la LREM,

L'opposition déplace le débat sur la mobilité à Paris

Si la majorité municipale sort vainqueur de ce combat en faveur de la fermeture des voies sur berges aux voitures, ses adversaires entendent désormais polariser le débat sur la question de la mobilité dans la capitale. De fait, dans un communiqué publié ce jeudi, Les Républicains, après avoir critiqué les conséquences du projet d'Anne Hidalgo, selon eux néfastes pour les riverains des voies sur berges, insistent sur la nécessité de trouver des solutions pour améliorer les modes de déplacements à Paris afin de lutter contre la pollution. "Il est urgent de réduire la pollution dans les zones habitées", écrit le parti.

"Les riverains des berges de Seine pâtissent au quotidien des effets de la fermeture sur leur santé. La circulation a augmenté de 46% quai Henri IV, de 28% sur les quais hauts et de 13,5% sur le boulevard Saint-Germain entre septembre 2016 et septembre 2018.  Ce trafic supplémentaire affecte directement les zones habitées [...] lI est donc urgent de prendre les mesures d'accompagnement qui s'imposent. Le renforcement des modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle polluante doit être une priorité"

Un combat de longue haleine

Mis en place en septembre 2016, la fermeture à la circulation de ces 3,3 kilomètres de voies en plein cœur de la capitale,a  constitue l'une des mesures les plus emblématiques et aussi les plus contestées de la maire socialiste dans sa politique de restriction de la place de la voiture dans la ville.

Elle avait notamment été violemment combattue par Valérie Pécresse, la présidente (LR) de la région Ile-de-France. En pointe contre le premier arrêté, elle n'avait cependant pas attaqué celui de mars. Au total, neuf requêtes avaient été déposées par des riverains, des commerçants, des fédérations d'automobilistes, l'Association des maires franciliens ou encore le maire (LR) du 1er arrondissement de Paris, Jean-François Legaret. Elles avaient toutes été rejetées.

(Avec AFP et Reuters)