Accord de libre-échange : L'UE refuse que l'Australie s'approprie les noms « roquefort » ou « feta », le traité menacé

Par latribune.fr  |   |  639  mots
Pour l'Europe, l'usage du terme « roquefort » doit être réservé aux fromages au lait de brebis fabriqués autour du village français éponyme. (Crédits : Reuters)
Voilà déjà cinq ans que les négociations en vue d'un accord commercial de libre-échange ont débuté entre l'Union européenne et l'Australie. Mais les appellations de certains produits, notamment de fromages, continuent de faire débat au point de faire tout capoter.

« Feta », « roquefort », « jambon de Parme », « gouda »vont-ils mettre à mal l'accord de libre-échange que l'Australie et l'Union européenne tentent de finaliser ?  Autant de noms associés à des territoires européens que l'île-continent voudrait permettre à ses producteurs d'utiliser. « Après la Seconde Guerre mondiale, l'Australie a connu une forte vague d'immigration arrivée de l'Europe », justifie le ministre australien de l'Agriculture, Murray Watt. « Nos producteurs ont ramené leurs produits de leur pays d'origine et les ont fabriqués ici » .

Lire aussiPour ou contre : la commande publique doit-elle privilégier le « made in France » ? (Gabriel Colletis face à Elie Cohen)

L'Union européenne reste intraitable sur ce dossier et a soumis à son une liste de plus de 400 produits qu'elle souhaite protéger. De son point de vue, l'usage du terme « roquefort » doit être réservé aux fromages au lait de brebis fabriqués autour du village français éponyme. Et seuls les producteurs hollandais devraient pouvoir revendiquer l'appellation « gouda », un fromage fabriqué aux Pays-Bas. Des exigences auxquelles refuse de céder Canberra et ce, malgré tous les avantages commerciaux que lui offrirait cet accord.

Les négociations se poursuivent

Le ministre a ainsi déclaré que si « l'Australie ne parvient pas à obtenir un bon accord, mieux vaut ne pas en conclure du tout », ajoutant toutefois que les négociations avec l'UE se poursuivaient.

Interrogé par La Tribune, Don Farell, ministre du Commerce et Tourisme, alors qu'il était à Bruxelles en début de semaine pour un dernier round de négociations, expliquait que l'Union européenne pourrait bénéficier de plusieurs opportunités si l'accord devait être signé : « L'accès à un marché de biens et de services très varié provenant d'une économie sophistiquée et de qualité, ainsi que d'un secteur numérique développé. Ensuite, d'un accès à des minéraux et métaux critiques, et des chaînes d'approvisionnement sûres et sécurisées, ce qui est aujourd'hui essentiel pour l'Union européenne. Enfin, une diversification des échanges qui va bien au-delà d'une liste de produits, puisque cela permet de générer de la croissance, améliorer nos relations et générer des opportunités pour nos consommateurs ».

Lire aussiLibre-échange : « Un accord avec l'UE faciliterait l'accès aux métaux stratégiques » (Don Farrell, ministre australien du Commerce)

 Et d'insister : « évidemment, nous souhaiterions vendre tous nos produits, notamment alimentaires et nos vins. Mais nous ne voulons pas inonder le marché européen, seulement y avoir un accès équitable pour offrir un plus grand choix au consommateur. C'est ce que nous venons d'obtenir avec le Royaume-Uni ».

L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur « pas près d'être signé »

L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) n'est pas près d'être signé, a estimé début juin une source diplomatique française avant le déplacement du ministre délégué chargé du commerce extérieur au Brésil, Olivier Becht. « A ce stade, le compte n'y est pas. Il y a un très long travail à faire avec les pays du Mercosur sur le sujet », a déclaré cette source diplomatique lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Elle a rappelé qu'il ne s'agissait pas pour l'Union européenne de renégocier les termes de l'accord « mais de les compléter » pour y ajouter notamment davantage de conditions sur l'aspect environnemental. Par ailleurs, les agriculteurs européens - en particulier français - redoutent en effet de voir affluer sur le marché européen davantage de denrées sud-américaines soumises à des standards de production moins exigeants. A la différence de l'UE, le Brésil n'a par exemple pas banni de l'alimentation animale les antibiotiques utilisés comme activateurs de croissance.

(Avec AFP)