L'Australie et les États-Unis en passe de dévoiler leur accord sur les sous-marins

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a déclaré qu'il rencontrerait bientôt le président Joe Biden aux États-Unis. Un accord massif portant sur la construction de sous-marins à propulsion nucléaire devrait alors être dévoilé. Les deux pays ont formé une alliance avec le Royaume-Uni dans le but de partager des technologies militaires et autres avancées. Dans ce cadre, l'Australie veut notamment renouveler rapidement ses capacités, face à une Chine à l'influence grandissante dans la région.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, et le président américain, Joe Biden, doivent se rencontrer bientôt aux États-Unis pour faire des « annonces sur les détails des dispositions qui seront prises » concernant les sous-marins.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, et le président américain, Joe Biden, doivent se rencontrer bientôt aux États-Unis pour faire des « annonces sur les détails des dispositions qui seront prises » concernant les sous-marins. (Crédits : JONATHAN ERNST)

L'Australie devrait dévoiler « bientôt » son projet d'acquisition de huit sous-marins à propulsion nucléaire. Ce que le Premier ministre australien a qualifié de « plus grand bond en avant » en matière de capacité de défense dans l'histoire du pays.

Un projet que Canberra ne concrétisera pas seule, mais avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Depuis un an et demi, des discussions approfondies ont lieu en coulisses entre les trois pays au sujet de l'obtention par l'Australie de technologies sensibles en matière de propulsion nucléaire. Le pays a par contre exclu de se doter d'armes nucléaires. C'est en tout cas la première fois que des technologies américaines de sous-marins nucléaires seront exportées depuis les années 1960, lorsque les États-Unis ont aidé la Grande-Bretagne à concevoir ses propres sous-marins.

« Je rencontrerai le président Biden aux États-Unis. Nous ferons bientôt d'autres annonces sur les détails des dispositions qui seront prises », a rapporté Anthony Albanese lors d'une conférence de presse à Perth ce mercredi 8 mars.

Les sous-marins à propulsion nucléaire sont difficiles à détecter, peuvent parcourir de grandes distances pendant de longues périodes et peuvent embarquer des missiles de croisière sophistiqués. Selon les experts, cela en fait un moyen de dissuasion redoutable pour tout ennemi potentiel, permettant à l'Australie de lancer des frappes ou des contre-attaques à l'intérieur du territoire ennemi avec peu de signes avant-coureurs.

Lire aussi3,7 milliards d'euros : la note très salée de l'arrêt du programme de sous-marins pour l'Australie

Partager des technologies et des avancées

Ce contrat relatif aux sous-marins représente des dizaines de milliards de dollars américains, mais les experts estiment que son importance va au-delà des emplois créés et des investissements promis. Il se déroule sous les auspices d'AUKUS, une alliance militaire tripartite formée par l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis qui vise à partager des technologies militaires et autres avancées.

« Le partenariat AUKUS vise à doter l'Australie d'une capacité de sous-marins à propulsion nucléaire et à armement conventionnel le plus tôt possible », a fait savoir à l'AFP un porte-parole du Pentagone avant l'annonce d'Anthony Albanese. « Renforcer notre dissuasion signifie stimuler toutes nos bases industrielles, accroître nos capacités collectives et partager la technologie comme jamais auparavant ».

L'Australie veut aller vite pour renouveler ses capacités, face à une Chine à l'influence grandissante dans la région. Pékin a d'ailleurs exprimé sa profonde opposition à ce projet, qu'il considère comme « dangereux » et destiné à l'acculer.

Des questions majeures subsistent néanmoins quant à ce projet. Notamment si l'Australie envisage d'acheter des sous-marins américains ou britanniques, où ils seront construits et quand ils seront mis à l'eau.

Lire aussiSous-marins australiens : la France, grande perdante du duel américano-chinois

Un contrat qui a glacé les relations franco-australiennes

À l'origine, c'est avec la France que l'Australie devait sceller une alliance pour se doter en sous-marins. Un mégacontrat d'une valeur de 56 milliards d'euros avait été signé en 2016 avec Naval Group pour l'acquisition de douze sous-marins conventionnels français Barracuda. Avant que l'ancien gouvernement conservateur australien l'annule brusquement, lui préférant des sous-marins à propulsion nucléaire britanniques ou américains. Brisant la confiance entre Paris et Canberra et donnant lieu à une crise diplomatique profonde. Les relations bilatérales sont ensuite restées tendues jusqu'à l'élection d'Anthony Albanese, en mai 2022. Ce dernier s'est efforcé depuis de les apaiser.

Emmanuel Macron n'a toutefois pas abandonné complètement ce projet d'alliance. En novembre dernier, il a tenté de relancer le « contrat du siècle », déclarant que l'offre de coopération française « restait sur la table ». La solution française offre à l'Australie une alternative qui garantit sa « liberté et souveraineté », avait-il pointé, en rappelant que les sous-marins auraient été construits en Australie.

La main tendue d'Emmanuel Macron s'explique par le fait que l'annulation du contrat a porté un coup dur à la stratégie française dans la zone indopacifique. Cette dernière va des côtes est-africaines aux côtes ouest-américaines et la France y compte de nombreux territoires et espaces maritimes. Tous les yeux sont braqués sur ce centre névralgique du commerce mondial, théâtre d'une rivalité croissante entre Chine et États-Unis, qui abritera 60% de la population et du PIB mondial en 2030. Emmanuel Macron l'a d'ailleurs érigé en priorité stratégique.

Lire aussiSous-marins en Australie : 10 questions clés pour décrypter une crise hors norme

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 09/03/2023 à 7:30
Signaler
Bonjour, L'Australie développer ses relation economie et militaire avec tout les pays quelle le souhaitent... Personnellement, je n'aime pas placer tout mes oeufs dans un même panier... cela est risquer...

à écrit le 09/03/2023 à 5:42
Signaler
La France se comporte comme une vieille fille pathétique chassée de la maison au profit d'une femme plus séduisante. Pathétique. Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, il est parfaitement logique, du point de vue australien, de choisir les Américai...

le 11/03/2023 à 8:02
Signaler
Bonjour, Certe la france e n'as pas les moyen militaire des USA . Mais dans le cas de l'Australie ils ons choisi le camps des future ennemis de la chine .... la voies française étaient selui d'une neutralité de faits... Dans tous les cas la GB ...

le 17/04/2024 à 16:48
Signaler
Je suis d'accord avec toi. L'alliance avec les États-Unis est essentielle pour la sécurité de l'Australie. Il n’y a pas d’alternative à cela. Les États-Unis disposent d’une puissance et de ressources que la France ne peut égaler, même de loin. La Fra...

à écrit le 08/03/2023 à 12:24
Signaler
Les bateaux seront financés par les australiens mais avec une clé d'utilisation à Washington.. C'est compliqué ces sous marins nucléaires..

à écrit le 08/03/2023 à 12:13
Signaler
Le deal en soit peut sortir. Ce qui m’interpelle est le plus réel que fournissent les moyens très lourds envisagés. Les SNA sont superbes en temps de paix. En temps de guerre, 24 VLS que l’on recharge tous les 3 mois ont quelle valeur réelle? Quid de...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.