Argentine  : face à l'inflation, le gouvernement Milei rehausse de 30% le salaire minimum

Par latribune.fr  |   |  693  mots
Début février, Javier Milei, a subi un premier sérieux revers au Parlement, où faute de soutien, son train de réformes dérégulatrices a été renvoyé en commission. (Crédits : TOMAS CUESTA)
Alors que l'inflation dépasse actuellement les 250% par an et que de plus en plus d'Argentins vivent une situation d'extrême pauvreté, le gouvernement argentin du président Milei a décidé d'augmenter de 30% le salaire minimum.

Une majorité d'Argentins a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Selon une récente étude publiée par l'Observatoire de la dette sociale de l'Université catholique d'Argentine (UCA), 57% de la population, soit plus de 26 millions de personnes, vit sous le seuil de pauvreté, soit le chiffre le plus élevé depuis l'établissement de cette mesure privée, il y a 22 ans. Les données officielles sur la pauvreté montrent jusqu'à présent que 45% des Argentins ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins fondamentaux.

Pour tenter d'y remédier, et face à l'échec des négociations sur le salaire minimum entamées entre le gouvernement, les chambres de commerce et les syndicats, la présidence a décidé de porter en février le salaire minimum à 180.000 pesos (204 dollars), puis en mars à plus de 202.000 pesos (230 dollars). Cette décision concrétise une augmentation totale de 30%. Le ministre de l'Economie, Luis Caputo, a indiqué lundi soir que le gouvernement allait décréter l'augmentation du salaire minimum.

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Risque de « catastrophe sociale »

Après avoir eu connaissance des chiffres sur la pauvreté, le nouveau président argentin, Javier Milei, élu en décembre, a mis en cause la classe politique.

« Le véritable héritage du modèle de caste : six Argentins sur dix sont pauvres. La destruction (de l'économie) ces cent dernières années n'a pas d'équivalent dans l'histoire de l'Occident », a asséné samedi soir sur le réseau social X le chef de l'Etat argentin, ultralibéral.

Dans les colonnes de La Nación dimanche dernier, le directeur de l'Observatoire, Agustín Salvia, a expliqué que ce rapport était « une simulation statistique » reposant sur les données « du troisième trimestre » de 2023. Mais « je ne pense pas que nous soyons très loin de la réalité actuelle » a-t-il ajouté. « Si l'inflation ralentit, il y aura une atténuation rapide (de cette situation). Sinon, nous serons confrontés à une catastrophe sociale. »

Pas de répit sur le front de l'inflation

Début février, l'OCDE a fortement remonté sa prévision de la hausse des prix pour le pays en 2024, à 250,6%, contre 157,1% évalués en novembre. L'inflation « s'est accélérée à la fin de 2023, ce qui laisse augurer un fort effet d'acquis pour l'inflation annuelle moyenne en 2024 », a expliqué l'organisation, dans un rapport.

Après une dévaluation de 50% de la monnaie nationale, le peso, la libéralisation des prix et leurs fortes hausses, l'inflation en janvier en Argentine a atteint 20,6% et, sur 12 mois, elle a été de 254,2%. L'année 2023, la dernière du gouvernement d'Alberto Fernández (centre gauche), s'est achevé avec un taux d'inflation de 211%, dont 25,5% pour le seul mois de décembre.

La récession, épée de Damoclès

La troisième économie d'Amérique latine est par ailleurs menacée de récession en 2024, sous l'effet des premières mesures d'austérité décrétées par le président ultralibéral : la dévaluation du peso de 50%, la fin du contrôle des prix, et celle, par étapes, des subventions aux transports et à l'énergie. Si, début février, Javier Milei, a subi un premier sérieux revers au Parlement, où faute de soutien, son train de réformes dérégulatrices a été renvoyé en commission, il reste déterminé à les faire appliquer.

« Notre programme a été voté par 56% des Argentins et nous ne sommes pas disposés à le négocier avec ceux qui ont détruit le pays », avait alors dénoncé le président argentin.

Celui-ci entend « poursuivre » le programme « avec ou sans le soutien des dirigeants politiques qui ont détruit notre pays ». Mais, a-t-il reconnu, « il ne sera pas facile de changer un système dans lequel les hommes politiques se sont enrichis aux dépens des Argentins ». Il répète à l'envi « qu'il n'y a pas de plan B » à l'austérité pour redresser l'économie. Le FMI a prédit une récession de 2,8% en 2024, sous l'effet des premières mesures d'austérité, dont la dévaluation de 50% du peso.

(Avec AFP)