Argentine : l'inflation atteint des sommets à plus de 200% en 2023

Surendetté, le pays est rongé par l'inflation depuis des années. L'arrivée au pouvoir du président libéral Javier Milei, coïncide avec des mesures drastiques d'austérité, censées juguler ce fléau à long terme. Mais pour le moment, les Argentins voient leur pouvoir d'achat réduit à peau de chagrin.
La hausse du niveau général des prix en Argentine a atteint 211,4% en 2023.
La hausse du niveau général des prix en Argentine a atteint 211,4% en 2023. (Crédits : Reuters)

L'Argentine continue de peiner face aux chiffres de l'inflation toujours plus affolants. La hausse du niveau général des prix en Argentine a atteint +211,4% en 2023, a notamment indiqué ce jeudi l'institut de statistique officiel en publiant l'indice de décembre, à +25,5%. Le premier sous le gouvernement du nouveau président ultralibéral Javier Milei, entré en fonction le mois dernier avec la mise en place de mesures économiques drastiques.

Un indice des prix davantage élevé, autour de +30%, était attendue pour décembre, sous le double effet de la fin de l'encadrement des prix - que tentait de maintenir tant bien que mal le gouvernement précédent - et de la « digestion », c'est-à-dire la répercussion sur les étiquettes, de la dévaluation de plus de 50% du peso actée le 12 décembre, deux jours après l'investiture de Milei. Une dévaluation qui doit permettre à terme de juguler cette inflation qui ronge le pays depuis des années : dans un premier temps, ce réalignement de la devise devrait engendrer davantage d'inflation, la baisse de valeur du peso faisant mécaniquement monter les prix des biens et services dans le pays.  Dans un second temps, elle doit stabiliser la monnaie, qui n'avait cessé de déraper ces six dernières années, et contribuer à calmer les prix.

Milei a tenté de tempérer les craintes avant la parution de ces chiffres, estimant ces derniers jours qu'une inflation à 30% pour décembre serait « certes un chiffre effrayant », mais un « succès phénoménal », car selon lui le pays « se dirigeait vers 45% ». A sa prise de fonction le 10 décembre, il avait assuré qu'il n'y a « pas d'alternative à un choc » d'austérité budgétaire, et que la situation allait « empirer dans un premier temps » avant que les efforts ne portent leurs fruits. Assurant que ses ajustements budgétaires jouissent de niveaux d'approbation « jamais vus, d'un fort consensus de la part de la population », après son élection en novembre avec 55% des voix, Javier Milei a rappelé dans son style impertinent : « On avait annoncé un ajustement, pas du pain et des jeux ». Il estime alors que l'inflation pourrait être maîtrisée d'ici « 12 à 24 mois ».

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Serrage de ceinture

L'économie en Argentine subit une thérapie de choc. Le gouvernement Milei a en un mois lancé un tsunami de réformes et projets de loi dérégulateurs. D'abord des mesures très concrètes, se répercutant déjà dans le porte-monnaie des Argentins comme la dévaluation de plus de 50% du peso, la devise nationale, la baisse des subventions aux transports et à l'énergie, et la fin de l'encadrement des prix et loyers. L'objectif pour le gouvernement est la réduction drastique du déficit budgétaire chronique de l'Argentine.

En parallèle, il a publié un « méga-décret d'urgence » posant le cadre d'une dérégulation massive de l'économie, modifiant ou abrogeant plus de 300 normes. Ce décret est techniquement déjà en vigueur, mais sous réserve d'approbation ultérieure par le Parlement, où le parti de Milei est minoritaire. Il fait l'objet de plusieurs recours en justice, laquelle a déjà retoqué provisoirement son volet « droit du travail », le suspendant dans l'attente d'un examen sur le fond.

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La population de plus en plus mécontente

Des mesures d'austérité qui se traduisent par l'aggravation de l'inflation, des loyers inaccessibles, et la chasse aux aliments à prix abordables.

Dans ce contexte, la principale centrale syndicale d'Argentine, la CGT, a appelé à une grève générale le 24 janvier pour protester contre les premiers décrets et projets de loi de la présidence ultralibérale du nouveau président, Javier Milei. C'est la première fois en 40 ans de démocratie qu'un président argentin doit faire face à une grève générale un mois et demi après son arrivée au pouvoir.

Déjà fin décembre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Buenos Aires, donnant lieu à des bousculades avec la police et interpellations, lors du troisième rassemblement en huit jours contre le décret de dérégulation massive de l'économie.

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Nouveau versement du FMI

Malgré les oppositions au sein du pays, la tendance est tout autre à l'international. Et pour preuve, le Fonds monétaire international (FMI), qui a soumis mercredi à l'approbation de son conseil d'administration le versement de 4,7 milliards de dollars à l'Argentine dans le cadre du programme de restructuration de sa dette, espère que Milei recevra le « soutien politique » nécessaire « pour faire avancer les aspects clés » de ce projet de « loi-omnibus ».

Le gouvernement argentin « met en œuvre un plan de stabilisation ambitieux » avec « d'importantes mesures initiales d'assainissement budgétaire pour reconstituer les réserves (monétaires) internationales, corriger les désalignements de prix, renforcer les bilans des banques centrales et créer une économie de marché basée sur des règles plus simples », a de son côté estimé Julie Kozack, directrice de la communication du FMI lors d'une conférence de presse jeudi à Washington.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 12/01/2024 à 12:18
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Ben c'est le but vu qu'il faut prendre aux pauvres pour donner aux riches. Les souris votent pour les chats.

à écrit le 12/01/2024 à 12:06
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John Adams, deuxième président des États-Unis, dixit: "Il y a deux manières de conquérir et d'asservir une nation, l'une par les armes et l'autre par la dette". Un bon bouquin dans l'ère du temps? "The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism"...

à écrit le 12/01/2024 à 11:31
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Faire tourner la planche a billets entraine toujours une inflation galopante, c'est vieux comme le monde

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