Inflation en Argentine : l'OCDE remonte sa prévision à... 250% en 2024

L'organisation internationale a revu à la hausse sa prévision d'inflation pour 2024 de ce pays d'Amérique du Sud. Elle passe ainsi de 157% en novembre à 250%. Le nouveau président, Javier Milei, qui avait anticiper cette hausse, prévoit cependant de maîtriser les choses d'ici « 12 à 24 mois ».
Après trois jours de sessions-marathons dans l'hémicycle, sur fond de manifestations -vendredi encore- et heurts avec la police à l'extérieur, la Chambre des députés a approuvé vendredi le projet dit « Loi omnibus » par 144 votes pour et 109 contre.
Après trois jours de sessions-marathons dans l'hémicycle, sur fond de manifestations -vendredi encore- et heurts avec la police à l'extérieur, la Chambre des députés a approuvé vendredi le projet dit « Loi omnibus » par 144 votes pour et 109 contre. (Crédits : Reuters)

L'Argentine continue toujours plus d'être ravagée par l'inflation. L'OCDE a ainsi fortement remonté sa prévision de la hausse des des prix pour le pays en 2024, à 250,6%, contre 157,1% attendus en novembre. L'inflation « s'est accélérée à la fin de 2023, ce qui laisse augurer un fort effet d'acquis pour l'inflation annuelle moyenne en 2024 », a expliqué l'OCDE, dans un rapport publié ce lundi.

Dans le détail, la hausse des prix s'est accélérée en décembre, à 25,5%. Ce, après une dévaluation de plus de 50% du peso par le nouveau président anarcho-capitaliste Javier Milei, pour stabiliser l'économie en proie à une inflation et un endettement chronique. Sur l'ensemble de 2023, elle a ainsi atteint 211,4%, un plus haut depuis plusieurs décennies.

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Stagflation

« Il n'y pas de plan B » à l'austérité budgétaire, a encore martelé le président Milei ces derniers jours, pour stabiliser une économie endettée et étranglée par une inflation chronique, à 211% sur l'année 2023. Après son arrivée au pouvoir, il avait prévenu que les choses « allaient empirer » dans un premier temps pour l'économie argentine, avec une « stagflation », une stagnation de l'activité combinée à une inflation élevée, en 2024. Même si selon lui, l'inflation pourrait être maîtrisée d'ici « 12 à 24 mois ».

Milei, économiste de 53 ans, se définit comme « anarcho-capitaliste ». Député en 2021 avant d'être élu président en novembre 2023, il a bousculé la politique argentine en deux ans d'ascension rapide avec un programme de dérégulation et de « tronçonnage » d'un « Etat ennemi » et surtout dispendieux. De fait, ses mesures les plus fortes à ce jour affectent déjà le quotidien de millions d'Argentins : une dévaluation de plus de 50% du peso en décembre, des prix « libérés » - que le gouvernement précédent tentait d'encadrer tant bien que mal - et la fin des subventions aux transports, à l'énergie notamment.

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Des réformes contestées

Pour réformer le pays, le gouvernement Milei a alors recourt à une thérapie de choc via la « loi omnibus ». La loi touche maints domaines des sphères publique et privée, du système électoral à l'éducation, de la culture aux privatisations, au code pénal, commercial, la légitime défense, la lutte contre les incendies, le divorce, le statut des clubs de football... Démesuré, avec 664 articles dans sa version initiale, le train de réformes du président Milei a néanmoins été détricoté à mesure de tractations parlementaires, en commissions, et selon des sources législatives dans la presse, ne comporterait plus que 224 dispositions. Après trois jours de sessions-marathons dans l'hémicycle, sur fond de manifestations -vendredi encore- et heurts avec la police à l'extérieur, la Chambre des députés a approuvé vendredi le projet dit « Loi omnibus » par 144 votes pour et 109 contre.

Parmi les thèmes hautement contentieux, la délégation provisoire de pouvoirs accrus à l'exécutif --en matière fiscale, énergétique, tarifaire notamment- au nom de "l'urgence économique", et les privatisations. Etaient initialement visées 41 entreprises publiques, mais la liste s'est réduite, et fera encore débat. Mais l'élément-clef est « combien durera la tolérance des gens à la douleur (économique) de ce que propose Milei pour arriver à un +mieux+ selon lui », estime le sondeur et analyste Jorge Giaccobe pour l'AFP. « Cela peut tenir un an. Deux ans s'il marque des buts (obtient des résultats). Mais six mois seulement s'il n'y a pas de buts ».

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Une croissance en 2024 révisée à la baisse

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait 2,8% de croissance en Argentine en 2024, avant de réviser mardi dernier ses prévisions et de projeter une récession de 2,8% de la troisième économie d'Amérique latine sous l'effet des mesures d'austérité. Le pays serait ainsi le seul du G20 en récession en 2024.

Cela n'a cependant pas empêché la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, d'estimer mercredi dernier que le gouvernement argentin prenait « des mesures audacieuses pour restaurer la stabilité macroéconomique et commencer à s'attaquer aux obstacles à la croissance ».

Jeudi, devant la presse, la patronne du Fonds s'est aussi félicitée du travail « d'une bonne équipe économique en place, avec un président (Javier Milei, NDLR) très pragmatique, qui cherche comment son pays peut se sortir de ces difficultés ». Le même jour, le FMI a confirmé le versement d'une nouvelle tranche d'aide de 4,7 milliards de dollars à l'Argentine dans le cadre du programme actuellement en cours.

L'OCDE a également prévu ce lundi une récession plus forte que précédemment anticipé en Argentine, à 2,3% cette année contre une précédente estimation de 1,3%. Le rebond est attendu en 2025 avec une croissance de 2,6% selon l'OCDE et de 5% selon le FMI.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 06/02/2024 à 1:54
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Non citoyen, pas partout. Il y a des pays avec des economies saines et performantes. La France n'est pas l'etalon, on en convient.

à écrit le 05/02/2024 à 19:02
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Bon courage aux argentins sur qui la finance internationale vient de mettre la main. Alors c'était pas mieux avant non plus mais les peuples osnt coincés entre le mal et le pire où l'impasse électorale. Partout le mal ou le pire.

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