Au Royaume-Uni, les grèves se multiplient pour protester contre la vie chère

Par latribune.fr  |   |  824  mots
Le métro londonien était quasiment paralysé par un mouvement de grève ce vendredi. (Crédits : Reuters)
Réclamant des hausses de salaire face à une inflation qui a dépassé le seuil des 10% en juillet, les travailleurs britanniques sont nombreux à débrayer et les mouvements de grève se multiplient depuis quelques jours dans tout le pays. C'était notamment le cas, ce vendredi, des salariés du réseau de transports en commun londonien.

La grogne sociale monte au Royaume-Uni face à une inflation qui ne cesse de s'envoler. En juillet, elle a dépassé le seuil des 10% (10,1% sur un an), selon l'office national des statistiques. Autrement dit, un record depuis 40 ans. Elle pourrait même dépasser 13% en octobre, le niveau le plus élevé d'un pays du G7.

Inquiets pour leur pouvoir d'achat, amputé par la hausse des prix, les Britanniques sont nombreux à cesser de travailler pour protester et réclamer des revalorisations salariales. C'est notamment le cas à Londres où le métro était quasi paralysé, ce vendredi, ainsi que le reste du réseau de transports en commun, lui, très perturbé, déclenchant des embouteillages monstres dans la capitale. « Il n'y a pratiquement aucun service » dans le métro de Londres, même si « deux lignes offrent une circulation réduite » avec un train toutes les 15 minutes environ, a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'opérateur de transports publics TfL.

Outre des hausses de salaires, les grévistes veulent aussi s'assurer du maintien de leurs emplois, de leur régime de retraite et de leurs conditions de travail. Plombés par la pandémie, les transports publics londoniens cherchent des solutions de financement pérennes. Un nouveau jour de débrayage est prévu dans les trains samedi, alors que les négociations avec la multitude d'opérateurs ferroviaires privés du secteur sont dans l'impasse.

Plus gros mouvement de grève depuis des décennies

Cette grève est mal perçue du côté des autorités, à commencer par le ministre des Transports Grant Shapps qui reproche aux organisations syndicales de refuser des réformes pour moderniser le rail et a assuré vendredi qu'il pourrait passer en force. Il est, lui, accusé de bloquer la situation. Liz Truss, la favorite dans la course à la succession de Boris Johnson à Downing Street, a aussi fait preuve de fermeté envers les syndicats sur Twitter. « En tant que Premier ministre, je ne laisserai pas notre pays être rançonné par des syndicalistes militants », a-t-elle écrit. Le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan, qui a autorité sur les transports londoniens et qui est engagé depuis des mois dans un bras de fer sur leur financement avec l'exécutif, s'est dit de son côté « inquiet que le gouvernement ne pousse délibérément (les syndicats) à la grève à Londres », dans des déclarations à Sky News.

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Les mouvements de grève ne se limitent pas au métro londonien. Le pays tout entier connaît depuis quelques jours une nouvelle salve de débrayages massifs dans les transports, la poste, les ports... Il s'agit du plus gros mouvement de grève depuis des décennies. Dimanche, ce sera au tour des dockers du port de Felixstowe (est de l'Angleterre) - le plus gros pour le fret dans le pays - de démarrer une grève de huit jours, menaçant de mettre à l'arrêt une grande partie du trafic de marchandises du pays. Postiers, employés de l'opérateur télécoms BT, manutentionnaires d'Amazon, mais aussi avocats pénalistes ou éboueurs ont également débrayé ou prévoient de le faire. Les mouvements pourraient durer au-delà de l'été, et se propager aux fonctionnaires de l'enseignement ou encore de la santé, où Unite a taclé des offres salariales « misérables » de 4%.

Crainte d'une « crise humanitaire »

Les syndicats ne sont pas les seuls à alerter sur la détresse des travailleurs britanniques. Des professionnels de santé ont, eux, mis en garde le gouvernement contre la menace d'une « crise humanitaire ». En cause, selon eux, l'explosion des prix de l'énergie qui devraient encore grimper dans les prochaines semaines. En janvier prochain, les tarifs de l'électricité pour les particuliers devraient ainsi avoir plus que triplé sur un an ce qui pourrait contraindre « beaucoup de gens » de « choisir entre sauter des repas pour chauffer leur logement, ou vivre dans le froid et l'humidité », a prévenu la NHS Confederation, regroupant de nombreuses organisations de santé publique, ce vendredi. Celles-ci craignent de voir augmenter le nombre de malades mais aussi de décès résultant de logements trop froids, déjà estimés à 10.000 par an. « A moins que le gouvernement prenne des mesures en urgence, cette situation va provoquer une crise de santé publique », a insisté le dirigeant de la NHS Confederation, Matthew Taylor.

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Cet appel ne s'adresse pas vraiment au gouvernement actuel, mais bien à celui qui le remplacera. Le nom de Boris Johnson, contraint de démissionner en juillet dernier après de multiples scandales, sera connu le 5 septembre. Et malgré la pression sur l'exécutif, l'exhortant à prendre des mesures d'urgence, Boris Johnson a affirmé que c'est au « futur Premier ministre » qu'il reviendrait « d'agir face à la crise du coût de la vie ».