L'inflation au Royaume-Uni à son plus haut depuis 1982

Le scénario anticipé par la Banque d'Angleterre est en train de se confirmer outre-Manche, avec une hausse des prix qui se généralise à tous les biens en juillet. La livre sterling parvient pour l'instant à se maintenir mais elle pourrait s'affaiblir si la récession devait toucher plus particulièrement la Grande-Bretagne.
(Crédits : HENRY NICHOLLS)

La menace d'un ralentissement brutal de l'économie britannique continue de planer. L'inflation poursuit sa course folle au Royaume-Uni, après avoir atteint +9,4% en juin, la voici désormais au-delà des 10% en juillet (10,1% sur un an) selon l'office national des statistiques sur l'indice de la hausse des prix. Autrement dit, un record depuis 40 ans lorsqu'en 1982, période où le chômage culminait à plus de 10%, la Première ministre Margaret Thatcher avait fait de la lutte contre l'inflation l'une de ses priorités.

La Banque d'Angleterre a déjà anticipé la poursuite de cette flambée, avec une inflation à 13% en octobre prochain. Parmi les premières banques centrales à prendre le sujet très au sérieux, elle a, de fait, drastiquement rehaussé son taux directeur à 1,75%, soit la plus forte augmentation depuis 1995, et anticipe une récession à la fin de l'année.

"L'étendue et l'ampleur de l'inflation mettent une pression supplémentaire sur la Banque d'Angleterre" pour poursuivre les hausses au-delà de son taux actuel de 1,75%, estime l'économiste de KPMG Yael Selfin.

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Le sujet est aussi au coeur de la prochaine nomination à la succession de Boris Johnson, démissionnaire, entre le brexiter Rishi Sunak et l'autre conservatrice Liz Truss, partisane du baisse d'impôts immédiate pour ne pas fragiliser davantage le pouvoir d'achat des Britanniques.

Mais pour l'heure, les foyers britanniques sont confrontés à la réalité. L'alimentation a particulièrement augmenté en juillet. "La boulangerie, les produits laitiers, la viande et les légumes", mais aussi "les plats à emporter", énumère Grant Fitzner, chef économiste de l'Office national des statistiques (ONS), sur Twitter.

De plus, les hausses drastiques des prix de l'énergie, qui flambent eux aussi, doivent entrer en vigueur pour les particuliers.

Les salaires fondent

En conséquence, le pouvoir d'achat des Britanniques fond à une vitesse record, avec des salaires réels, c'est-à-dire ajustés après les hausses de prix, qui ont perdu 3% pour les trois mois terminés fin juin, selon des chiffres publiés par l'ONS mardi.

L'économie accuse aussi le coup. Le produit intérieur brut (PIB) britannique s'est contracté de 0,1% au deuxième trimestre, avant une probable entrée en récession à la fin de l'année.

"Je comprends que les temps sont durs et que les gens s'inquiètent des augmentations de prix auxquelles les pays du monde entier sont confrontés", a réagi le ministre des Finances Nadhim Zahawi, mettant en avant le paquet de soutien de 37 milliards de livres (43,9 milliards d'euros) déjà annoncé par le gouvernement.

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Les données de l'ONS "indiquent que l'inflation a augmenté plus fortement au Royaume-Uni que dans d'autres pays du G7" et "de nombreux consommateurs sont déjà contraints de faire des choix" difficiles pour équilibrer leur budget, selon Susannah Streeter, de Hargreaves Lansdown.

A titre de comparaison, la hausse des prix à la consommation en France s'est accélérée en juillet pour atteindre 6,1% sur un an, tandis que l'inflation a ralenti aux Etats-Unis à 8,5%, selon des chiffres publiés la semaine dernière.

Outre-Manche, l'inflation a été généralisée le mois dernier, note l'ONS. Le coût des matières premières et des biens à la sortie des usines a lui aussi continué d'augmenter.

La livre va-t-elle tenir le choc face à la perspective d'un ralentissement de l'économie ? Mercredi, la livre se stabilisait face au dollar et à l'euro. Vers 11H05 à Paris, la livre prenait 0,03% à 1,2099 dollar et 0,01% à 84,08 pence pour un euro. Pour l'heure, nul ne sait si la devise se maintiendra dans un contexte de récession globale ou si elle tirera son épingle du jeu.

Tout dépend en effet de la résilience de son économie. Pour l'heure, les entreprises sont encore en capacité d'embaucher, avec un taux de chômage très faible, à 3,9% en mai dernier.

(Avec AFP)

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