Au Royaume-Uni, les grèves se multiplient pour exiger des hausses salariales sur fond d'inflation record

Les grèves les plus massives jamais connues par le pays depuis des décennies continuent de sévir tant au sein de la compagnie des chemins de fers britanniques que dans le port de Felixstowe, le plus gros pour le fret dans le pays pour réclamer des hausses de salaire. Comme le Royaume-Uni, plusieurs pays européens ont dû faire face à des mouvements sociaux cet été, en particulier dans le secteur de l'aérien.
Le Royaume-Uni a déjà connu des grèves importantes fin juin.
Le Royaume-Uni a déjà connu des grèves importantes fin juin. (Crédits : Reuters)

Elle a atteint 10,1% sur un an en juillet et pourrait dépasser les 13% en octobre. L'inflation au Royaume-Uni ne cesse de grimper provoquant la colère des travailleurs britanniques qui voient leur pouvoir d'achat faiblir à mesure que les prix grimpent.

Lire aussiL'inflation au Royaume-Uni à son plus haut depuis 1982

Le pouvoir d'achat est mangé par les hausses de prix à une vitesse record, ce qui « démontre le besoin vital (...) de défendre la valeur de la rémunération des travailleurs », assure, ainsi, dans un communiqué Sharon Graham, secrétaire générale du syndicat Unite, l'un des principaux du pays. Et la mobilisation est massive dans ce pays qui connaît ses plus importantes grèves depuis des décennies. Elles pourraient d'ailleurs durer au-delà de l'été, et aussi s'étendre aux fonctionnaires de l'enseignement ou encore de la santé, où le syndicat a taclé des offres salariales « misérables » de 4%.

Le rail et le fret très touché

Une nouvelle salve a débuté cette semaine, réclamant, comme toujours, de meilleurs salaires. Massive, elle touche de nombreux secteurs à commencer par les chemins de fers britanniques dont des dizaines de milliers d'employés sont appelés à cesser le travail, jeudi et samedi, par les syndicats RMT, TSSA et Unite, nouvel épisode de la plus grosse grève en 30 ans dans le secteur, entamée fin juin. En cette période de vacances scolaires, Network Rail, le gestionnaire public du réseau, a prévenu que seul un train sur cinq circulerait, appelant les Britanniques à ne voyager « que si cela est absolument nécessaire ». Vendredi, l'ensemble du réseau de transport de Londres sera quasi paralysé, et restera très perturbé pendant tout le week-end. Si les cheminots poursuivent leur mouvement jeudi, c'est que les négociations avec la multitude d'opérateurs privés du secteur sont dans l'impasse. Ils ont aussi rejeté une offre salariale de Network Rail qu'ils accusent d'être conditionnée à des licenciements massifs. Le ministre des Transports, Grant Shapps, qui a refusé de s'impliquer directement dans les discussions, est pointé du doigt par les organisations, accusé de ne pas donner de mandat suffisant aux entreprises pour négocier.

Sur terre et sur la mer également : dimanche, ce seront les dockers du port de Felixstowe (est de l'Angleterre) - le plus gros pour le fret dans le pays - qui démarreront une grève de huit jours, menaçant de mettre à l'arrêt une grande partie du trafic de marchandises du pays.

Parmi les autres corps de métiers concernés par ces mouvements sociaux, on retrouve les postiers : A l'appel du syndicat sectoriel CWU, plus de 115.000 ont prévu quatre jours de débrayage entre fin août et début septembre, et quelque 40.000 employés de l'opérateur de télécoms BT poursuivront leur première grève en 35 ans. Des actions sont également prévues ou ont eu lieu dans les entrepôts d'Amazon, chez les avocats pénalistes ou parmi les éboueurs.

Des salaires en hausse dans certaines entreprises

De son côté, le syndicat patronal CBI plaide que « les employeurs font leur possible pour aider leur personnel à traverser cette période », « mais une large majorité ne peut se permettre d'augmenter suffisamment les salaires pour suivre l'inflation », dans un communiqué. C'est pourtant le choix qu'on fait certains employeurs britanniques pour éviter des mouvements de grève à l'instar des employés d'une entreprise de ravitaillement en carburant à l'aéroport d'Heathrow, qui menaçaient de perturber le trafic et ont finalement renoncé à débrayer. De même, des personnels au sol de British Airways, qui demandaient au minimum le rétablissement de salaires amputés de 10% pendant la pandémie, ont accepté une hausse de 13% et levé la grève.

Le niveau trop bas de la rémunération n'est pas le seul grief des grévistes. Les syndicats reprochent également au gouvernement d'avoir modifié, récemment, la loi afin de permettre le recours à des intérimaires pour remplacer les grévistes. Le célèbre grand magasin de luxe londonien Harrods a été « le premier employeur à menacer son personnel » de faire usage de cette loi, alors que certains employés votent actuellement une éventuelle grève, selon Unite.

La France touchée aussi

Le Royaume-Uni n'est pas le seul pays en Europe à devoir affronter des grèves massives. En France aussi, le début de l'été a été marqué par des mouvements sociaux en faveur d'une hausse des salaires notamment chez les travailleurs de la SNCF qui ont finalement obtenu une augmentation de leur rémunération de 3,7% pour les petits revenus, et 2,2% pour les cadres.

Il en va de même pour les salariés d'Aéroports de Paris (ADP) qui ont levé leur préavis de grève début juillet après avoir obtenu une revalorisation de 3%, ainsi qu'une compensation pour couvrir la perte de salaire provoquée par les mesures mises en place pendant la crise sanitaire. A cela s'ajoutent des revalorisations des grilles salariales pour les nouveaux entrants pour certaines catégories professionnelles, comme les pompiers. Au total, il s'agit d'une augmentation des salaires de l'ordre de 6%.

Le secteur de l'aérien a particulièrement été touché par les mouvements de grève. C'est d'ailleurs toujours le cas pour la compagnie allemande Lufthansa dont les pilotes ont voté à la quasi-unanimité (97,6%) fin juillet le principe d'une grève pour faire valoir leurs revendications, notamment des augmentations salariales de 5,5%.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 19/08/2022 à 14:55
Signaler
Voilà ce qui nous attend en 2023 quand le bouclier énergétique va être levé, l’inflation, différée, jusqu à présent va exploser en France avec son cortège de misère……les mouvements sociaux, de par le monde, n en sont qu au début……

le 19/08/2022 à 17:30
Signaler
Hauts-de-Seine : 130% d’augmentation moyenne du prix du chauffage pour plus de 24000 locataires HLM.C’est la mauvaise surprise de l’été. Les locataires du bailleur Hauts-de-Seine Habitat, le plus important du département, ont constaté une hausse spec...

à écrit le 19/08/2022 à 11:34
Signaler
tient les pro-brexit et affiliés francais nous promettaient le paradis sur terre..bienvenu aux réalités: la gb a plus de grève et d inflation que n importe quel pays de l union europeenne..INFLATION .France 6%, GB 10%...et quand ils réaliseront que ...

à écrit le 19/08/2022 à 11:33
Signaler
tient les pro-brexit et affiliés francais nous promettaient le paradis sur terre..bienvenu aux réalités: la gb a plus de grève et d inflation que n importe quel pays de l union europeenne..INFLATION .France 6%, GB 10%...et quand ils réaliseront que ...

à écrit le 18/08/2022 à 15:22
Signaler
Tout cela vient de loin, de l'époque Thatcher/Reagan. Retour du balancier qui est allé trop loin.

à écrit le 18/08/2022 à 10:34
Signaler
Et oui, la décroissance, ça fait mal. C'est une habitude à prendre

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.