Chine : l’action d’une filiale d’Evergrande de nouveau cotée… Et s’effondre de 50%

Par latribune.fr  |   |  568  mots
Evergrande a fait état d'une perte nette totale d'environ 100 milliards d'euros sur les années 2021 et 2022. (Crédits : Reuters)
Après plus d’un an de suspension du cours de la filiale de services immobiliers du géant chinois Evergrande, la Bourse de Hong-Kong a repris la cotation du titre ce jeudi. Mais les actionnaires en ont profité pour vendre massivement des titres de la société dont la maison mère a perdu 100 milliards d’euros entre 2021 et 2022.

L'entreprise au cœur de la crise immobilière chinoise, qui a bousculé le pays en 2021 et 2022, tente de prendre le pouls des marchés, après plus d'un an de suspension de son cours de Bourse. Ainsi, l'action de la filiale services immobiliers d'Evergrande a repris sa cotation ce jeudi à la Bourse de Hong-Kong, avant de s'effondrer de 50% le même jour face à la pression vendeuse des actionnaires.

Lire aussiL'économie mondiale compte sur la Chine pour éviter la récession

Pour rappel, les cotations de la maison mère et de plusieurs filiales cotées à Hong Kong avaient été suspendues au cours de l'année 2022, faute d'avoir respecté les délais de publication des résultats financiers.

Evergrande tente de rassurer les marchés

La filiale de services immobiliers a pourtant annoncé en juin 2023 un bénéfice net de 1,48 milliard de yuans (190 millions d'euros) pour 2022, après une perte nette en 2021 de 388,8 millions de yuans (49 millions d'euros). Mais le groupe dans son ensemble a fait état ensuite le 17 juillet d'une perte nette totale d'environ 100 milliards d'euros sur les années 2021 et 2022, et d'un passif resté abyssal, avec plus de 300 milliards d'euros, montant déjà estimé fin 2022.

Un bilan qui a fait craindre un risque de crise majeure dans un pays où l'immobilier pèse plus du quart de son PIB et fait vivre une armée de travailleurs peu qualifiés. Cette crainte était d'autant plus forte que d'autres groupes immobiliers, Fantasia, Kaisa ou encore Sunchine 100 avaient révélés qu'il leur était impossible de rembourser leurs créances.

Lire aussi« La politique industrielle de la Chine vise à réduire sa dépendance énergétique » (Nathan Sperber, sociologue)

Pour apaiser la situation, une demande de liquidation devait être entendue par un tribunal de Hong Kong. Elle a toutefois été reportée à octobre. Evergrande a proposé, le 22 mars d'échanger les créances contre de nouvelles obligations et une participation dans deux filiales, dont celle de véhicules électriques. De son côté, Pékin avait notamment proposé, en juillet 2022, la création d'un fonds public de soutien à ce secteur en difficultés.

En outre, il a récemment cherché des solutions en réduisant les taux hypothécaires et les formalités administratives, ou en offrant plus de prêts aux promoteurs. L'OCDE avait aussi tenté d'éteindre le feu, en septembre 2021, en affirmant qu'une baisse de la demande chinoise de 2% durant 2 ans, due à la crise immobilière pourrait réduire l'activité économique mondiale de l'ordre de 0,5%. Mais rien n'a pour l'instant apaisé la colère et la peur des actionnaires.

Les investisseurs toujours pas convaincus

Cette tentative de réouverture du titre aux marchés est la deuxième pour Evergrande. L'action d'une autre filiale, le constructeur automobile électrique chinois Evergrande NEV, avait déjà perdu 60% de sa valeur lors de la reprise de cotation de son titre, le 28 juillet après plus de 15 mois de suspension. Lors de cette séance, selon les calculs de l'agence financière Bloomberg, ce sont quelque 2,5 milliards d'euros de capitalisation boursière qui se sont envolés en une journée.

Les annonces de l'entreprise et du gouvernement chinois n'ont donc pas suffi à rassurer les investisseurs dans un contexte de ralentissement économique du pays. Le titre de la maison mère reste donc suspendu jusqu'à nouvel ordre, par peur d'un nouvel effondrement du cours.

(Avec AFP)