Les actions de promoteurs immobiliers chinois ont décollé en Bourse lundi, soutenues par des déclarations du Premier ministre Li Keqiang évoquant notamment la création d'un fonds public de soutien à ce secteur en difficultés. À la Bourse de Hong Kong, les titres des groupes immobiliers CIFI Holdings (Group) et de Guangzhou R&F Properties ont progressé respectivement de 12% et 6%. À Shanghai, Cinda Real Estate, Poly Developers et Gemdale group ont gagné entre 3 et 6%.

Les investisseurs ont visiblement apprécié les propos de Li Keqiang qui, lors d'une réunion ministérielle vendredi soir, a plaidé pour des mesures "qui favorisent le développement d'un marché immobilier sain et solide", en évoquant notamment un fonds public pour renflouer les promoteurs en Chine, sans pour autant donner de détails sur les dispositions envisagées.

Depuis 2021, les géants de l'immobilier sont soumis à de fortes pressions pour réduire leur endettement, après la décision de Pékin d'adopter des conditions plus strictes d'accès au crédit. La pandémie et ses lourdes incertitudes ont également pesé sur le secteur en réduisant la demande de logements.

Démission du PDG d'Evergrande

Cette annonce intervient alors que le géant Evergrande tente de conclure un accord de restructuration pour sa dette estimée à environ 300 milliards de dollars. Vendredi, son PDG et son directeur financier ont été poussés à la démission à la suite d'une enquête interne les mettant en cause après la saisie de manière inattendue par des banques de 13,4 milliards de yuans (2 milliards de dollars) de dépôts bancaires de son unité chargée des services immobiliers, Evergrande Property Services.

Ce plan de restructuration d'une partie de la dette de l'ex-numéro un national de l'immobilier, dont la faillite potentielle avait fait trembler le système financier chinois en 2021, est important car, outre l'avenir du groupe, il indiquera la façon dont Pékin prévoit de surmonter la crise du secteur immobilier qui se caractérise aujourd'hui par des promoteurs criblés de dettes et des acheteurs qui refusent désormais de payer leurs mensualités.

"Si les défauts de paiement se multiplient, il pourrait y avoir de grandes et graves conséquences économiques et sociales", prévient l'agence de notation Fitch Ratings. En mai déjà, la banque centrale américaine (Fed) estimait qu'une aggravation de la crise immobilière en Chine pourrait avoir des conséquences sur le système financier du pays. Dans un tel scénario, la crise se répercuterait sur le commerce mondial, soulignait la Fed.

Il reste des désaccords, selon des créanciers étrangers

Certains créanciers étrangers d'Evergrande ont déclaré à Reuters qu'il y avait encore des désaccords sur la manière de rembourser et de réorganiser la dette, ce qui pourrait entraîner un retard dans la mise en œuvre de la restructuration.

Cependant, le directeur général d'Evergrande, Siu Shawn, a indiqué au 21st Century Business Herald que la société était parvenue à un consensus de base avec des créanciers étrangers sur les principes et le cadre de la proposition de restructuration.

Il y a urgence à traiter la situation du secteur immobilier qui déjà frappé par la vague de défauts de paiement, doit également faire face à la grève de leurs remboursements de prêts immobiliers. En effet, depuis les déboires d'Evergrande en 2021, nombre d'acheteurs craignent de ne pas obtenir le bien qu'ils ont acquis. Devant le retard pris par les travaux, des propriétaires de logements achetés avant construction, ont annoncé cesser tout paiement jusqu'à la reprise des chantiers. En un mois, cette grève des paiements s'est étendue à plus de 300 projets immobiliers dans 50 villes de Chine.

En Chine, le secteur immobilier pèse pour près d'un quart du PIB.

(avec AFP et Reuters)