Chômage : les républicains coupent les allocations "trop généreuses", même Joe Biden menace les chômeurs qui refuseraient un emploi

Par AFP  |   |  798  mots
Alors que la reprise est en route, et parce que de nombreuses entreprises peinent à recruter, la quasi totalité des gouverneurs républicains, dont certains restent de fidèles soutiens de Trump, a entrepris de couper ces allocations chômage qui sont si "généreuses" qu'elles encourageraient à la paresse, prétendent-ils à mots couverts. (Crédits : Reuters)
Face aux millions d'emplois détruits par la pandémie, les droits au chômage ont été étendus aux États-Unis. Mais alors que la reprise est en route, cette générosité accordée aux chômeurs fait grincer les dents du patronat ce qui a décidé 21 des 27 gouverneurs d'États républicains à réduire ou supprimer les aides supplémentaires, selon une note des analystes d'Oxford Economics publiée mercredi. Plus étonnant, le président démocrate Joe Biden a embrayé quasiment sur le même ton.

Des chômeurs payés plus pour rester chez eux que s'ils travaillaient? La situation a assez duré, selon des élus républicains, qui ont décidé de couper les allocations chômage plus généreuses versées pendant la pandémie, laissant 2,5 millions d'Américains sans ressources.

Des aides généreuses pour traverser la période de chômage de masse

"Ce qui était censé être une aide financière à court terme pour les personnes (...) licenciées au plus fort de la pandémie est devenu un droit dangereux", a ainsi déploré le gouverneur républicain de Caroline du Sud, Henry McMaster.

Face aux millions d'emplois détruits par la pandémie, les droits au chômage ont été étendus, aux indépendants notamment, et prolongés jusqu'au 6 septembre, même pour ceux qui avaient atteint la durée maximale.

Les montants varient selon les États, entre 230 et 820 dollars par semaine. Ils ont été relevés de 300 dollars, aussi hebdomadaires.

Selon un soutien de Trump, "les travailleurs sont incités à rester chez eux"

Mais alors que la reprise est en route, de nombreuses entreprises peinent à recruter, et ces aides supplémentaires font grincer des dents.

Cela "rémunère et incite les travailleurs à rester chez eux plutôt que de les encourager à retourner sur le lieu de travail", clame l'élu républicain de Caroline du Sud, soutien de Donald Trump, dans sa lettre du 6 mai ordonnant de mettre fin à toutes ces aides dans son Etat.

Joe Biden, lui aussi, menace les chômeurs qui refuseraient un emploi

Le président Joe Biden a récemment assuré que les aides seraient maintenues dans les États le souhaitant, mais s'est toutefois fendu de rappeler qu'elles seraient retirées aux chômeurs ayant refusé un emploi.

Un mouvement de coercition lancé par 21 Etats républicains sur 27

Missouri, Alaska, Virginie occidentale, Indiana, Géorgie,...: 21 des 27 gouverneurs d'États républicains vont réduire ou supprimer les aides supplémentaires, selon une note des analystes d'Oxford Economics publiée mercredi.

Par conséquent, quelque 2,5 millions de chômeurs sur les 16 millions de bénéficiaires, ne toucheront plus rien, dès juin ou juillet selon les endroits, ont calculé ces économistes. Un million de chômeurs supplémentaires perdront les 300 dollars hebdomadaires par semaine.

"Ça va être dévastateur", s'alarme Sue Berkowitz, directrice de la South Carolina Appleseed Legal Justice Center, une organisation qui soutient les communautés à bas revenus, au niveau législatif entre autres.

"Ça va avoir un effet énorme si les familles n'ont pas la stabilité d'un revenu", ajoute-t-elle, évoquant tous ceux qui ne pourront plus payer leur loyer ni les factures : "C'est vraiment préjudiciable pour les enfants."

Et les conséquences seront particulièrement dures pour les familles afro-américaines ou hispaniques, souligne-t-elle.

La question des postes les plus mal payés

Les postes qui ne trouvent pas preneur sont en particulier les moins qualifiés, et donc les moins bien payés.

Si les responsables politiques "s'inquiètent tant que quelqu'un qui touche le chômage puisse gagner deux fois plus qu'avec le salaire minimum, pourquoi notre État refuse-t-il toujours d'avoir un salaire minimum plus élevé que le salaire minimum fédéral?", relève Sue Berkowitz.

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Le salaire minimum en Caroline du Sud est celui fixé par le gouvernement américain, 7,25 dollars de l'heure. Certains Etats imposent cependant un niveau plus élevé.

Ces allocations chômage plus généreuses "peuvent être l'un des facteurs limitant l'offre de main-d'œuvre", soulignent les analystes d'Oxford Economics.

Mais "les inquiétudes liées à la santé restent la principale contrainte", puisque près de deux tiers de la population américaines ne sont pas vaccinés, indiquent-ils. Ils mettent également en lumière les problèmes de garde des enfants, tant que toutes les écoles n'ont pas rouvert à temps plein.

Le Montana offre une prime à ceux qui acceptent un emploi

"Les emplois qui sont disponibles ne correspondent pas vraiment" aux compétences des demandeurs d'emplois, note aussi Sue Berkowitz.

L'étincelle qui a provoqué le courroux de ces gouverneurs républicains a été la publication des chiffres du chômage d'avril. Une déception, avec seulement 266.000 emplois créés sur le mois, bien loin du million attendu.

C'est le Montana, État du nord-ouest surtout connu pour ses forêts verdoyantes, ses montagnes et ses rivières, qui a ouvert le bal. Son gouverneur Greg Gianforte a déploré que "presque tous les secteurs de l'économie se heurtent à une pénurie de main-d'œuvre".

Pour motiver les habitants, il a supprimé les aides supplémentaires, et offre une prime de 1.200 dollars aux chômeurs qui acceptent un emploi.

(AFP)