Covid : l'UE propose des vaccins gratuits à la Chine pour l'aider à endiguer l'épidémie

Par latribune.fr  |   |  941  mots
Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades pour la plupart âgés, et vulnérables car peu ou pas vaccinés. (Crédits : CLODAGH KILCOYNE)
L'Union européenne a proposé des vaccins anti-Covid-19 gratuits à la Chine, touchée de plein fouet par une épidémie de coronavirus jugée « hors de contrôle ». Une situation qui inquiète tous les pays du monde, qui accusent notamment Pékin de manquer de transparence sur les données publiées et le risque d'émergence de nouveaux variants.

Alors que les Vingt-Sept ont dû mal à s'accorder sur la manière d'agir face à la flambée épidémique de Covid-19 qui touche la Chine, ils ont toutefois réussi à se mettre d'accord sur un point : l'envoi de vaccins gratuits à Pékin. D'après le Financial Times, la commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides « a contacté ses homologues chinois pour leur offrir solidarité et soutien, en fournissant une expertise en matière de santé publique, notamment des vaccins européens adaptés aux variants ». Le journal cite ici des responsables de la Commission européenne préférant conserver l'anonymat.

La première pierre d'une position commune de l'UE ? Réponse, peut-être, demain. Des représentants des autorités sanitaires gouvernementales des Vingt-Sept doivent en effet discuter ce mercredi d'une réponse commune à adopter à l'égard des voyageurs venant de Chine. France, Italie, Espagne et Royaume-Uni imposent d'ores et déjà un test Covid, ce que refuse de faire l'Allemagne. Pour rappel, des représentants des ministres européens de la Santé n'avaient pas réussi à définir de position commune la semaine dernière.

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La Chine fait face depuis plusieurs semaines à une épidémie de Covid-19 hors de contrôle. Submergé par les hospitalisations et les décès, Pékin n'entend pour autant pas durcir à nouveau sa politique sanitaire qu'elle vient d'assouplir. Une situation qui suscite l'inquiétude de nombreux pays qui déplorent les données peu fiables partagées par le gouvernement chinois, ses estimations parcellaires et émettent des doutes sur l'apparition de nouveaux variants.

Des données de plus en plus rares...

La Commission nationale de santé chinoise (NHC), qui a valeur de ministère, a arrêté de publier les chiffres quotidiens de cas et décès. Désormais, c'est le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) qui s'en charge. Et à partir de la semaine prochaine, il ne le fera qu'une fois par mois.

Les autorités ont par ailleurs récemment modifié les critères permettant d'attribuer un décès dû au Covid. Ainsi, seules 15 morts de ce type ont été rapportées dans le pays de 1,4 milliard d'habitants depuis la levée des restrictions le 7 décembre. De quoi susciter des doutes sur la capacité des chiffres officiels chinois à refléter la réalité.

Pour « combler les lacunes » des statistiques, les autorités se fondent sur des sondages en ligne, les visites à l'hôpital, les demandes de médicaments contre la fièvre et les appels d'urgence, selon un responsable du contrôle des maladies, Yin Wenwu.

De nombreux pays - États-Unis, Australie, Canada, entre autres - citent le manque de transparence des données chinoises pour justifier leur décision d'imposer des tests PCR aux voyageurs en provenance de Chine.

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... et trop partielles pour dresser un état des lieux

Quelques autorités locales ont néanmoins commencé à publier des chiffres: c'est le cas de la province du Zhejiang (est), limitrophe de Shanghai, qui a évalué la semaine dernière qu'un million de nouveaux cas apparaissaient chaque jour. La ville de Qingdao (est) a fait état de 500.000 nouvelles infections quotidiennes, celle de Dongguan (sud) en évoque 300.000.

Dans l'île-province de Hainan (sud), les autorités ont estimé vendredi le taux de contagion des habitants à plus de 50%, tandis que les villes de Quzhou et Zhoushan (est) ont calculé qu'au moins 30% de leur population a attrapé le Covid.

L'un des principaux épidémiologistes du pays, Wu Zunyou, a déclaré jeudi que le pic était passé dans les villes de Pékin, Chengdu (sud-ouest) et Tianjin (nord). Constat similaire à Shanghai, où 10 des 25 millions d'habitants auraient été contaminés selon l'épidémiologiste Zhang Wenhong, l'une des figures de la lutte contre l'épidémie.

Difficile d'assembler toutes ces données partielles pour parvenir à une image complète de la situation nationale. Le mois dernier, 250 millions de contagions sur les 20 premiers jours de décembre avaient été évoquées lors d'une réunion des autorités sanitaires.

Les projections indépendantes sont pessimistes. Les chercheurs de l'université de Hong Kong prédisent que près d'un million de Chinois pourraient mourir du virus cet hiver. La société britannique d'analyses médicales Airfinity, qui estime en Chine le nombre de décès quotidiens à 11.000 et les contagions à 1,8 million par jour, s'attend à 1,7 million de morts d'ici fin avril.

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L'ombre de nouveaux variants

Enfin, de nombreux pays s'inquiètent de possibles nouveaux variants, d'où des tests imposés aux voyageurs venant de Chine. Aucune nouvelle souche du Covid-19 n'a cependant été détectée pour le moment.

Selon Xu Wenbo, un responsable du CDC, une nouvelle base de données nationale à partir de la collecte d'échantillons des hôpitaux est en préparation. Les sous-lignages du variant Omicron BA.5.2 et BF.7 restent dominants à Pékin, a-t-il indiqué, en réponse aux craintes que le variant Delta, plus dangereux, circule encore. Omicron l'est à Shanghai. Dans de nombreux pays occidentaux, les sous-variants XBB et BQ, plus transmissibles mais pas encore majoritaires en Chine, ont pris le dessus.

Le virologue Jin Don-yan, de l'université de Hong Kong, a estimé récemment dans un podcast que la possibilité qu'un variant plus mortel émerge en Chine reste « très faible ».

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(Avec agences)