La Chine, submergée par le Covid depuis la levée des restrictions, ne déclare que deux décès liés à l'épidémie

Alors que les Chinois peuvent désormais se rendre au travail « normalement », même s'ils présentent des symptômes du Covid-19, le pays enregistre ses deux premiers morts : des « chiffres officiels » qui « ne disent pas tout » sur la situation du pays après la levée de la plupart des restrictions sanitaires par Pékin le 7 décembre dernier. Des experts de la santé estiment que le pays pourrait compter jusqu'à 1,5 million de morts dans les mois à venir.
Après les violentes manifestations de la population, Pékin a brusquement fait volte-face début décembre et levé la plupart des restrictions sanitaires en vigueur durant près de trois ans, depuis l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre) fin 2019. Photo prise ce lundi 19 décembre dans un hôpital de  Shanghai, en Chine.
Après les violentes manifestations de la population, Pékin a brusquement fait volte-face début décembre et levé la plupart des restrictions sanitaires en vigueur durant près de trois ans, depuis l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre) fin 2019. Photo prise ce lundi 19 décembre dans un hôpital de Shanghai, en Chine. (Crédits : ALY SONG)

[Article publié le 19.12.2002 à 12:44, mis à jour à 13:24 avec estimation mortalité à venir]

Les autorités chinoises ont déclaré ce lundi la mort de deux patients à Pékin, les seuls à ce jour selon les chiffres officiels depuis la levée des restrictions sanitaires le 7 décembre dernier. Pourtant, à Pékin, des témoignages font état d'une recrudescence de décès dans les hôpitaux et de crématoriums débordés fonctionnant 24 heures sur 24 (lire encadré ci-dessous), tandis que les médicaments antigrippaux manquent dans les pharmacies. En outre, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP, les maisons de retraite seraient désormais « livrées à elles-mêmes ».

Lire aussiCovid : les contaminations explosent en Chine

Vendredi, rapporte Reuters, le site d'information chinois Caixin a annoncé que deux journalistes des médias d'État étaient décédés après avoir contracté le Covid-19, puis samedi, qu'un étudiant en médecine de 23 ans était également mort. Il n'était pas clair dans l'immédiat si ces décès étaient inclus dans le bilan officiel.

« Les chiffres (officiels) ne disent pas tout », relève Leong Hoe Nam, un expert en maladies infectieuses basé à Singapour, qui dit s'attendre à un bilan beaucoup plus élevé que les deux morts déclarés jusqu'ici par les autorités. Il souligne que certains hôpitaux sont trop pleins pour accueillir de nouveaux patients, tandis que l'importance du Covid a peut-être été minimisée par les personnels soignants.

Si quelqu'un meurt « d'une crise cardiaque consécutive au stress d'une infection » au Covid, « la crise cardiaque sera alors la cause principale (retenue) du décès, quand bien même le Covid en est la cause sous-jacente », fait remarquer l'expert.

Le Covid rebaptisé « rhume du coronavirus »

À rebours du discours officiel depuis le début de la pandémie, les autorités tentent aujourd'hui de rassurer sur le caractère bénin du virus, malgré sa contagiosité.

Au nom d'une stricte politique dite du « zéro Covid », les Chinois, avant qu'ils ne manifestent en masse leur mécontentement, étaient encore soumis début décembre à des dépistages quasi quotidiens et des quarantaines obligatoires en cas de test PCR positif. Des quartiers, voire de villes entières pouvaient être confinés dès la découverte d'une poignée de cas.

Après ces manifestations de masse, le géant asiatique a brusquement fait volte-face et levé la plupart des restrictions sanitaires en vigueur durant près de trois ans, depuis l'apparition des premiers cas de coronavirus à Wuhan (centre) fin 2019.

Depuis l'épidémie de Covid-19 explose en Chine. Mais son ampleur est "impossible" à déterminer, de l'aveu même des autorités, les tests de dépistage n'étant désormais plus obligatoires.

En outre, les médias d'Etat et les experts chinois en santé ont minimisé ces derniers jours la dangerosité du variant Omicron, l'expert des maladies respiratoires Zhong Nanshan proposant même de renommer le Covid en « rhume du coronavirus ».

Des habitants autorisés à travailler avec les symptômes du Covid

Le levée des restrictions ne concerne pas seulement la capitale chinoise et ses 22 millions d'habitants. Ainsi, la municipalité-province de Chongqing (sud-ouest), qui compte plus de 30 millions d'habitants, a été l'une des premières à autoriser le retour au travail même pour les personnes « légèrement symptomatiques ».

À l'autre bout du pays, la province du Zhejiang, limitrophe de Shanghai, a aussi décidé que les personnes avec des symptômes légers pouvaient « continuer à travailler » à condition de prendre des « mesures de protection ».

Mais des experts craignent que le pays soit mal préparé à la vague d'infections liée à cette réouverture, alors que des millions de personnes âgées et vulnérables ne sont pas vaccinées.

Trois vagues prévues cet hiver

L'un des principaux épidémiologistes du pays, Wu Zunyou, a averti que la Chine était confrontée à « la première des trois vagues » de Covid attendues cet hiver.

La vague actuelle devrait durer jusqu'à la mi-janvier et toucher principalement les villes. La deuxième vague arrivera en février et sera due aux déplacements liés aux congés du Nouvel an lunaire (22 janvier).

Le troisième pic se produira « entre fin février et mi-mars lorsque les personnes contaminées pendant les vacances retourneront sur leur lieu de travail ».

Des experts craignent 1,5 million de décès dans les mois à venir

Officiellement, la Chine n'a connu que 5.237 décès liés au Covid-19 au cours de la pandémie, y compris les deux derniers décès, soit une fraction minuscule de sa population de 1,4 milliard d'habitants et un chiffre très faible par rapport aux décès dans d'autres pays.

Mais les experts de la santé estiment que la Chine pourrait payer le prix de sa stricte politique zéro COVID, avec une population qui n'a pas d'immunité naturelle contre le virus et des taux de vaccination faibles chez les personnes âgées.

Certains craignent que le nombre de décès liés au COVID-19 en Chine ne dépasse 1,5 million dans les mois à venir.

À Pékin, les crématoriums sont débordés

Des employés de crématoriums à Pékin ont confié vendredi que leurs établissements sont débordés. « Nous incinérons 20 corps par jour, principalement des personnes âgées. Beaucoup de gens sont tombés malades récemment », a indiqué à l'AFP l'un des employés. Le virus n'épargne pas le personnel : « On nous fait travailler énormément ! Sur 60 employés, plus de 10 sont positifs, mais on n'a pas le choix, il y a tellement de travail ces derniers temps. »

Les employés de deux maisons funéraires de Pékin contactés par l'AFP ont indiqué que leurs établissements travaillent désormais 24 heures sur 24, proposant des services de crémation le jour même pour répondre à la forte demande.

Des journalistes de l'agence Reuters rapportent des faits similaires : ils ont été témoins samedi 17 décembre à Pékin de la présence de corbillards alignés à l'extérieur d'un crématorium affecté au Covid-19 et d'ouvriers en combinaison de protection transportant les morts en son sein.

Bien que ce crématorium soit affecté au Covid-19, les journalistes de Reuters disent qu'ils n'ont pu formellement confirmer dans l'immédiat si les décès étaient liés au Covid.

(avec Reuters et AFP)

Commentaires 4
à écrit le 20/12/2022 à 9:45
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Pendant ce temps : C’est une nouveauté. Pour la première fois, un vaccin anti-Covid a été approuvé en France pour les bébés. L’annonce a été faite ce lundi 19 décembre par la Haute autorité de santé (HAS). Les autorités sanitaires recommandent dés...

à écrit le 19/12/2022 à 23:40
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La Chine Stalino communiste est le pays de la vérité, comme toutes les dictatures elle est un modèle du genre. 2 décès du Covid sur 1 milliard et demi de Chinois. Ils sont forts ces Chinois.

à écrit le 19/12/2022 à 17:52
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Avec la crise liée au Covid 19 de nombreuses rumeurs circulent certaines mettant en cause la Chine qui serait responsable après avoir "laissé" s'échapper le virus d'un labo de Wuhan. Sans céder à ces vaines spéculations, il existe des menaces bien ré...

le 20/12/2022 à 9:23
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Travailler chez EDF n'augmente pas le risque d'attraper le covid ! et n'empêche certainement pas de travailler ! Si vous n'êtes pas satisfait par les services d'EDF alors allez chez un autre fournisseur...

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