
Les conséquences du regain de l'épidémie de Covid-19 sont plus que jamais visibles en Chine. En particulier sur l'activité manufacturière qui a reculé en décembre pour le cinquième mois consécutif. L'indice d'activité des directeurs d'achat (PMI), calculé par le cabinet IHS Markit pour le groupe de médias Caixin, s'est établi à 49 points le mois dernier, contre 49,4 points en novembre. Or, un nombre inférieur à 50 traduit une contraction de l'activité. Depuis août cet indice est constamment dans le rouge.
Cette fois, l'indice Caixin dresse le même constat sur l'activité que l'indice gouvernemental publié le 31 décembre (47). L'enquête Caixin-Markit, qui sonde principalement les PME, est réputée dresser un tableau plus fidèle de la conjoncture générale tandis que le chiffre officiel se concentre pour sa part sur les grandes entreprises publiques.
Fin du « Zero Covid » et regain de l'épidémie
Les raisons de cette baisse sont donc à chercher du côté de l'épidémie de Covid-19 qui repart fortement en Chine. De nombreux hôpitaux sont, en effet, débordés, des pharmacies font état de pénurie de médicaments contre la fièvre, tandis que de nombreux crématoriums interrogés ont rapporté un afflux inhabituellement élevé de corps à incinérer. Cette explosion des contaminations est due à la levée brutale des restrictions destinées à freiner la pandémie.
Pékin appliquait, jusqu'il y a peu, la stratégie « zero covid », une politique sanitaire stricte permettant de contenir les nouveaux cas. Mais cette dernière a fait monter la grogne sociale au sein de la population soumise à des confinements et quarantaines à répétition et a eu de lourdes conséquences sur la croissance économique du pays. Depuis le 7 décembre, une grande partie de ces mesures a donc été levée, ayant pour conséquence de faire apparaître de nouveaux foyers de contaminations. D'autant que peu de Chinois sont vaccinés contre le Covid-19 et l'efficacité du vaccin développé par le pays est remise en question.
La croissance pour 2023 menacée
Or, malgré la fin des restrictions, cette hausse du nombre de cas empêche l'activité de redémarrer. Dans ce contexte, les entreprises sont restées frileuses en matière d'emploi, avec des recrutements dans l'industrie qui ont baissé en décembre pour le neuvième mois consécutif, selon Caixin.
Selon la Banque mondiale qui publiait fin décembre ses prévisions pour 2023, la deuxième économie mondiale devait voir son PIB progresser en 2022 de 2,7% seulement, puis de 4,3% cette année. Il s'agit d'un net repli par rapport aux précédentes prévisions de l'institution, qui tablaient en juin sur une hausse de 4,3% du produit intérieur brut (PIB) de la Chine en 2022, puis de 8,1% en 2023. La Chine avait fixé en début d'année un objectif de croissance d'environ 5,5% pour 2022, qui semble désormais irréaliste pour nombre d'économistes. Ce chiffre représentait déjà la plus mauvaise performance pour le pays en quatre décennies, à l'exception de 2020 perturbée par les débuts de la pandémie marqués notamment par le confinement de la ville de Wuhan. L'an dernier, la croissance avait atteint 8,1% du fait d'un rattrapage avec 2020.
Selon la présidente du FMI, Kristalina Georgieva, qui s'est rendue en Chine fin décembre, « pour la première fois en 40 ans, la croissance de la Chine en 2022 sera probablement égale ou inférieure à la croissance mondiale ».
« Dans l'ensemble, la pandémie a continué de peser sur l'économie en décembre », a ainsi confirmé l'économiste Wang Zhe, du cabinet Caixin Insight Group, suite à la publication des chiffres ce mardi. « Les foyers de Covid se sont rapidement propagés dans toute la Chine en novembre, entraînant une chute brutale de plusieurs indicateurs macroéconomiques et ajoutant une pression sur les prix », a-t-il expliqué. « Mais l'optimisme dans le secteur s'est nettement amélioré grâce à la poursuite de l'optimisation des contrôles liés au Covid », a toutefois relevé l'économiste.
Crise de l'immobilier
Autre point noir au tableau : la crise sans précédent de l'immobilier que rencontre actuellement la Chine pour qui ce secteur est historiquement un moteur important de la croissance. Il représente, avec la construction, plus du quart du PIB du pays. Mais il souffre depuis 2020 des mesures de restrictions sanitaires adoptées par Pékin pour réduire l'endettement des entreprises. Après des années de hausses vertigineuses, les ventes immobilières s'affichent désormais en repli dans de nombreuses villes. Et nombre de promoteurs luttent pour leur survie, ce qui fragilise tout le secteur de la construction et ses milliers d'entreprises. Cet été, le géant Evergrande a, d'ailleurs, été contraint de présenter un plan de restructuration sur une partie de sa dette de 300 milliards de dollars.
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