Covid : le gouvernement chinois arrête de publier les chiffres quotidiens de l'épidémie

Par latribune.fr  |   |  573  mots
La Chine subit une terrible nouvelle vague de Covid. (Crédits : MARTIN POLLARD)
Alors que le pays subit un énorme pic de cas de Covid, le gouvernement a décidé d'arrêter de publier les chiffres quotidiens de cas et de décès. Il les sous-estimait très fortement jusqu'ici.

En pleine crise, le gouvernement chinois se replie. La commission nationale chinoise de la Santé (CDC), laquelle fait office de ministère, a annoncé dimanche qu'elle ne publierait plus les chiffres quotidiens des cas et décès du Covid, comme elle le faisait depuis début 2020, sans donner d'explication. Avant cet arrêt abrupt, les statistiques ne reflétaient plus la vague inédite de contaminations qui frappe la Chine depuis l'abandon le 7 décembre des strictes mesures sanitaires de la politique "zéro Covid".

« A partir d'aujourd'hui, nous ne publierons plus les informations quotidiennes sur l'épidémie », a indiqué la commission nationale de la Santé. « Le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) publiera des informations relatives à l'épidémie, à des fins de référence et de recherche », ajoute-t-elle, sans préciser le type ni la fréquence des données qui seront publiées par le CDC.

Fin d'une sous-estimation de l'épidémie

Récemment, un responsable municipal de Qingdao (plus de 9 millions d'habitants) a déclaré qu'il comptait 500.000 nouveaux cas de Covid par jour rien que dans sa ville, avant que l'article qui relayait ses propos soit censuré. Il faut dire que le même jour, le gouvernement comptait de son côté 4.103 nouveaux cas... à l'échelle du pays. Les observations de journalistes, dont ceux de l'AFP, font état d'hôpitaux débordés et de crématoriums qui reçoivent un pic d'activité. Des signes que non seulement l'épidémie est repartie de plus belle, mais qu'elle reste aussi meurtrière.

Pourtant, cette réalité du terrain reste absente des médias locaux. Ils évoquent simplement, dans une certaine mesure, des hôpitaux sous tension face aux arrivées de malades et la pénurie de médicaments anti-fièvre, mais écarte la question des décès. La Chine n'a annoncé que six morts du Covid depuis la levée des restrictions. Or de nombreux seniors n'ont pas de schéma vaccinal complet et se retrouvent en première ligne face au virus.

Les Chinois, qui constatent un décalage total entre la contamination d'une grande partie de leurs proches et les statistiques officielles, ont donc accueilli l'annonce de la fin du suivi du nombre de cas avec dérision. « Finalement, ils se réveillent et réalisent qu'ils ne peuvent plus duper les gens » avec des chiffres sous-évalués, écrit un utilisateur du réseau social Weibo. « C'était le meilleur et le plus gros bureau de fabrication de fausses statistiques du pays », estime un autre.

Tout pour minimiser le nombre de cas

Le décalage des statistiques officielles avec la réalité s'explique tout de même en partie par l'évolution des campagnes de tests. Les tests PCR quasi-obligatoires permettaient auparavant de suivre avec fiabilité la tendance épidémique. Mais les personnes contaminées réalisent désormais des autotests chez elles et rapportent rarement les résultats aux autorités, ce qui empêche d'avoir des chiffres fiables.

Mais pour réduire les statistiques officielles, le gouvernement a décidé d'une nouvelle méthodologie, très controversée : seules les personnes directement mortes d'une insuffisance respiratoire liée au Covid sont désormais comptabilisées comme décédées du Covid. Autrement dit, la visibilité déjà moindre de l'épidémie dans le pays n'est pas prête de s'arranger.