Crise du pétrole de l'Essequibo : le président vénézuélien Maduro jure de bloquer les forages d’ExxonMobil

Par latribune.fr  |   |  710  mots
Nicolas Maduro, le président vénézuélien, est au pouvoir depuis 2013. (Crédits : Reuters)
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a juré de faire barrage au géant pétrolier américain ExxonMobil, qui ambitionne de procéder au forage de puits exploratoires de pétrole au large du territoire de l'Essequibo. Ce dernier, administré par le Guyana, mais revendiqué par le Venezuela, est au cœur d'un différend de longue date entre les deux pays.

Les tensions ne retombent pas entre le Guyana et le Venezuela concernant l'Essequibo, territoire de 160.000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles administré par le premier et revendiqué par le second. Elles sont même ravivées depuis ce mois de février. En cause : l'annonce du géant pétrolier américain ExxonMobil de procéder au forage de deux puits exploratoires au large de la côte de ce territoire disputé.

« On vous attend ici ExxonMobil, quand vous voulez, où vous voulez », a menacé Nicolas Maduro dans des déclarations retransmises à la télévision lundi soir. Et d'ajouter : « ExxonMobil n'entrera pas dans cette mer... il faut qu'il le sache ».

Déjà début février, le gouvernement vénézuélien avait averti le Guyana d'une « réponse proportionnelle, énergique et légale » s'il autorisait ce forage dans les eaux contestées. Le président d'ExxonMobil, Alistair Routledge, avait quant à lui souligné que le contrat avec le Guyana « est valide en vertu du droit local » et du « droit international ». Reste que le Venezuela ne reconnaît pas la compétence de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Tensions de longue date

Le différend entre Georgetown et Caracas est toutefois bien antérieur. D'un côté, le Guyana répète qu'il est souverain sur « l'intégralité » de son territoire et que tout doit passer par la CIJ à La Haye. Il argue notamment que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une Cour d'arbitrage à Paris. De l'autre, le Venezuela estime que l'accord de Genève signé en 1966 - avant l'indépendance du Guyana - jette les bases d'un règlement négocié qui doit se poursuivre et soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Il réclame des négociations hors de la CIJ.

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La relation entre les deux pays s'était de nouveau tendue en septembre 2023, quand le Guyana a lancé des appels d'offres pétroliers dans les eaux de l'Essequibo. Pour rappel, de vastes gisements de pétrole y ont été découverts en 2015 par ExxonMobil, puis en octobre dernier, faisant du Guyana le pays avec les réserves par habitant les plus élevées au monde, estimées à 11 milliards de barils. Le Venezuela avait alors organisé un référendum le 3 décembre pour rattacher l'Essequibo à son territoire.

Postures diplomatique et militaire « incohérentes »

La crise entre les deux pays s'était néanmoins atténuée lorsque leurs présidents s'étaient rencontrés lors d'un sommet en décembre à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, convenant de ne pas avoir « recours à la force ». Puis, le 25 janvier, c'était au tour de leurs ministres des Affaires étrangères de se retrouver, cette fois à Brasilia, pour « maintenir le dialogue », sans toutefois avancer sur le fond du différend.

Début février, un nouvel ambassadeur du Guyana est arrivé à Caracas. « Nous travaillerons en collaboration avec lui et son équipe afin d'améliorer la communication entre nos deux pays », avait indiqué le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yvan Gil.

Mais, dans le même temps, l'armée vénézuélienne a renforcé ses troupes à la frontière avec l'Essequibo, d'après un rapport du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington. Ce dernier faisait état début février, images satellites à l'appui, d'une extension d'une base militaire vénézuélienne sur l'île d'Ankoko, tout près de l'Essequibo.

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« Il y a des incohérences entre la posture diplomatique et militaire » du Venezuela, avait réagi auprès de l'AFP le ministre guyanien des Relations extérieures, Hugh Todd.

Selon lui, « ces déploiements des forces armées vénézuéliennes montrent les efforts de Caracas pour tenter de contraindre le Guyana à éluder l'affaire en cours devant la Cour internationale de Justice et à accepter l'approche privilégiée par le Venezuela de négociations bilatérales ».

(Avec AFP)