Crise du pétrole de l'Essequibo : il n’y aura pas de guerre assurent le Guyana et le Venezuela

Les présidents du Guyana et du Venezuela se sont accordés pour ne pas utiliser « la force l'un contre l'autre » lors d'un sommet ce jeudi à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Depuis quelques semaines, les deux pays ont un différend concernant le territoire de l'Essequibo, riche en ressources et surtout en pétrole.
Le président guyanais Irfaan Ali arrive pour une réunion avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, à Kingstown.
Le président guyanais Irfaan Ali arrive pour une réunion avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, à Kingstown. (Crédits : Reuters)

Est-ce bientôt la fin du conflit qui oppose le Guyana au Venezuela ? Les deux pays sont tombés d'accord pour ne pas utiliser « la force l'un contre l'autre » dans le cadre de leur différend historique sur le territoire de l'Essequibo, un territoire de 160.000 km2 administré par le Guyana et riche en pétrole. Ils ont toutefois campé sur leurs positions, lors du sommet entre leurs chefs d'Etat jeudi à Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

Les deux pays se sont aussi engagés à « s'abstenir en paroles, en actes, d'intensifier tout conflit » entre eux, selon une déclaration commune lue à la presse, à l'issue de la rencontre entre les présidents guyanien Irfaan Ali et vénézuélien Nicolas Maduro.

Les deux présidents se sont serré la main devant les caméras avant et après la réunion, mais ils ne se sont pas présentés devant la presse. De retour jeudi soir au Venezuela, Nicolas Maduro a célébré la « victoire du dialogue ».

« Ce fut une journée fructueuse, intense, parfois tendue, mais où nous avons pu exprimer la vérité », a-t-il fait valoir à l'aéroport international Maiquetía, qui dessert Caracas.

Des avancées profitables aux deux pays qui se sont entendus pour résoudre leur différend en « accord avec le droit international y compris l'accord de Genève », qui est la principale revendication vénézuélienne. Une nouvelle réunion aura ainsi lieu « dans les trois mois » au Brésil.

Lire aussiBataille du pétrole de l'Essequibo : le Venezuela dénonce la présence et l'influence des Etats-Unis au Guyana

L'or noir, objet de toutes les convoitises

A l'origine de la crise ? La découverte de vastes gisements de pétrole. Ce dernier a ravivé le vieux conflit sur l'Essequibo, un territoire de 160.000 km2 administré par le Guyana et riche en ressources avec ses réserves d'or noir, de sucre, de diamants, de gaz, de bois...

Le géant américain ExxonMobil a en effet découvert d'énormes réserves de pétrole dans l'Essequibo en 2015. Avec de nouvelles découvertes en octobre, le Guyana, 800.000 habitants, possède désormais les réserves par habitant les plus élevées au monde, estimées à 11 milliards de barils, soit un niveau similaire à celui du Koweit.

Mais Caracas estime que l'opération pétrolière se déroule dans des eaux disputées et accuse le président guyanien Irfaan Ali d'être un « esclave » d'ExxonMobil.

Pourtant, le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, soit 300 milliards de barils. Son industrie pétrolière traverse néanmoins une crise, en raison d'une mauvaise gestion, de la corruption ainsi que des sanctions économiques. Sa production, en un peu plus d'une décennie, a lourdement chuté.

Lire aussiBataille du pétrole de l'Essequibo : rencontre en vue entre les présidents du Guyana et du Venezuela pour dégripper une situation explosive

Mésentente sur les frontières

La tension était montée de nouveau d'un cran entre les deux pays depuis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l'Essequibo, territoire administré par Georgetown. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Caracas estime que l'accord de Genève signé en 1966 - avant l'indépendance du Guyana - jette les bases d'un règlement négocié qui doit se poursuivre.

Après le référendum du 3 décembre qui a approuvé la création d'une province vénézuélienne dans l'Essequibo, le président vénézuélien Nicolas Maduro avait ordonné à la compagnie pétrolière publique PDVSA d'octroyer des licences d'exploitation de pétrole, de gaz et de minerais dans la zone contestée. Il a proposé de donner aux entreprises travaillant avec le Guyana un délai de trois mois pour se retirer de la zone et négocier avec le Venezuela

Le Guyana se défend et estime que la frontière entre les deux pays date de l'époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une Cour d'arbitrage à Paris. C'est cette frontière qui est en vigueur. Le différend est porté devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, que le Venezuela ne reconnaît pas.

Lire aussiAmbiance de guerre entre le Guyana et le Venezuela au sujet de l'Essequibo et ses énormes réserves de pétrole

Aucun accord véritablement trouvé

Les deux pays soutiennent dans une déclaration commune qu'ils n'auront pas recours à la force. Le conflit est loin d'être réglé pour autant puisqu'ils campent sur leur position. Le Guyana veut ainsi continuer la procédure en cours devant la CIJ. Avant la lecture de la déclaration, le président Irfaan Ali, qui a parlé aux journalistes, a réaffirmé « la défense de notre intégrité territoriale et de notre souveraineté ».

« Le Guyana a tout le droit (...) de faciliter tout investissement, tout partenariat (....), de délivrer toute licence, d'octroyer toute concession dans notre espace souverain », a-t-il lancé.

« Le Guyana n'est pas l'agresseur, le Guyana ne cherche pas la guerre, mais le Guyana se réserve le droit de travailler avec tous ses partenaires pour assurer la défense de notre pays », a-t-il aussi revendiqué, alors que Caracas a accusé à maintes reprises le Guyana d'être aux ordres des Etats-Unis et de la compagnie pétrolière ExxonMobil. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui a remercié le Brésil pour son « leadership », a réaffirmé jeudi la position des Etats-Unis, selon laquelle, « la frontière terrestre entre le Venezuela et le Guyana doit être respectée à moins que - ou jusqu'à ce que - les parties parviennent à un nouvel accord - ou qu'un organe juridique compétent en décide autrement ».

A son arrivée dans l'archipel, le président Maduro avait indiqué de son côté : « Je viens avec un mandat du peuple vénézuélien, avec une parole de dialogue, avec une parole de paix, mais pour défendre nos droits ». La non-reconnaissance de la CIJ était un des cinq points que le pouvoir avait fait figurer dans le référendum. Plus de 95% des Vénézuéliens, selon les résultats contestés du scrutin, ont soutenu cette position.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 15/12/2023 à 18:49
Signaler
Il y eut la Bataille de l'Eau Lourde; éviterons-nous la Bataille de l'Or Noir?

à écrit le 15/12/2023 à 9:05
Signaler
Et le pire est que chacun des dirigeants fait d'abord et avant tout cela pour son réseau et non son peuple par contre ils sont prêts à envoyer leurs peuples se faire massacrer pour leurs réseaux et sans hésiter. L'impasse oligarchique est partout pré...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.