Donald Trump : trois questions sur les conséquences de sa (possible) victoire

Par Sarah Belhadi  |   |  669  mots
Le milliardaire Donald Trump se dit désormais convaincu de sa victoire : "nous allons gagner en novembre, nous allons gagner gros et ce sera l'Amérique d'abord", a-t-il lancé dans un discours après avoir remporté la primaire de l'Indiana mardi.
Alors que le magnat de l’immobilier est désormais seul en lice pour l’investiture du Parti républicain, le scénario de son élection à la Maison Blanche - jugé totalement improbable sinon fantaisiste il y a quelques mois - commence à être pris très au sérieux. Mais les déclarations de Donald Trump inquiètent et laissent planer le doute sur ses conséquences en cas de victoire. Revue de détail des trois dossiers de politique étrangère à l’avenir incertain.

1) Relations entre Pékin et Washington: de l'huile sur le feu

Dimanche 1er mai, en meeting à Fort Wayne dans l'Indiana, Donald Trump réitère une énième fois ses attaques contre sa cible favorite, l'Empire du milieu, affirmant que les Etats-Unis ne pouvaient « plus continuer de laisser la Chine violer notre pays ».

D'ordinaire silencieux malgré les attaques répétées, Pékin réagit par la voix de son porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en appelant les Américains à la raison. Mercredi, Hong Lei déclarait ainsi:

"Nous espérons que les gens dans tous les secteurs pourront analyser cette relation de façon rationnelle et objective".

Dont acte. En avril, le ministre chinois des Finances, Lou Jiwei -connu pour son franc-parler- avait jugé que Donald Trump était un homme « du type irrationnel », dans un entretien accordé au Wall Street Journal.

Dans son programme économique, l'homme d'affaires propose de taxer jusqu'à 45% les importations chinoises, et martèle que la Chine mène une guerre économique. Et peu importe qu'un tel scénario soit réalisable ou non, le discours pour remettre les Etats-Unis sur le devant de la scène internationale fonctionne: le candidat enchaîne les victoires - dernière en date, celle remportée dans l'Indiana, le mardi 3 mai.

2) Nucléaire iranien: la menace d'un détricotage de l'accord

Si, après plus de dix ans de négociations, un accord sur le nucléaire iranien a été signé le 14 juillet 2015, son avenir pourrait - en raison des orientations prises par Donald Trump- devenir incertain. Le 21 mars, devant la convention annuelle du puissant lobby juif Aipac, le candidat à la Maison Blanche affirme que sa "priorité numéro un" sera "de démanteler l'accord catastrophique avec l'Iran". Dans un entretien accordé au Washington Post, il estime que cet accord est "une des pires choses que j'ai jamais vu négocier", déplorant alors lui aussi -comme le camp républicain- la "naïveté" de l'administration Obama en matière de politique iranienne.

Certes, la stratégie vise dans un premier temps à récolter des voix et à plaire à son auditoire, mais aussi à rassurer Israël, allié traditionnel des Etats-Unis. Toutefois, ces déclarations en disent long sur les intentions de Trump et son absence de tact en matière de diplomatie. Et si l'accord de Vienne est entré en vigueur le 16 janvier, un certain nombre de sanctions de Washington contre l'Iran demeurent. A ce jour, les relations sont donc encore loin d'être normalisées.

     | A lire aussi : Tout savoir sur l'accord sur le nucléaire iranien

Dans son classement d'avril 2016 consacré aux menaces pour l'économie mondiale, The Economist considère la victoire de Donald Trump comme un risque tout aussi inquiétant (12 sur 20) que la montée du terrorisme islamiste.

3) TTIP-Tafta: le partenariat transatlantique envoyé aux oubliettes ?

Contrairement à ce qu'il avait été initialement annoncé en 2013, il est désormais peu probable qu'un accord sur le TTIP (ou Tafta) soit trouvé avant la fin du mandat de l'administration Obama. Sans grande surprise, le milliardaire américain (héritier en réalité) a fait connaître dès le début de sa campagne son aversion pour la mise en place d'un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Trump a choisi d'user de la rhétorique protectionniste.

Toutefois, le sujet rassemble sur l'échiquier politique. Ainsi, son adversaire démocrate Hillary Clinton se dit opposée à un tel accord, après l'avoir pourtant soutenu quand elle était secrétaire d'Etat à la Maison Blanche. Le thème convainc aussi les électeurs. En 2014, 53% des Américains se disaient favorables au TTIP. Mais, aujourd'hui, ils ne sont plus que 18%, selon un récent sondage YouGov.

     | A lire aussi (en anglais): Retranscription de l'entretien entre Donald Trump et le comité éditorial du "Washington Post(mars 2016)