Egalité entre les femmes et les hommes : la France progresse mais le monde régresse

Par Giulietta Gamberini  |   |  833  mots
"L'écart mondial entre les genres devrait prendre 100 ans à se résorber, contre 83 l'année dernière", déplore le Forum économique mondial.
Alors qu'en 2016 elle figurait 17e sur 144 pays, la France se hisse en 2017 à la 11e position du Global Gender Gap Report du Forum économique mondial, notamment grâce à une meilleure représentation des femmes au Parlement. Mais dans l'ensemble du monde, l'inégalité entre femmes et hommes s'accroît pour la première fois depuis 2006.

Du moins dans ce domaine, l'élection d'Emmanuel Macron aura déjà produit un effet. La France, qui en 2016 occupait la 17e place du classement de 144 pays établi chaque année par le Forum économique mondial de Davos en fonction de l'égalité qu'y règne entre femmes et hommes, se hisse à la 11e place dans l'édition 2017.

Le progrès est essentiellement dû à l'amélioration dans le domaine de l'émancipation politique, où la France a gravi en un an dix échelons, en passant de la 19e à la 9e position, montre le Global Gender Gap Report publié jeudi 2 novembre. Et, dans ce cadre, il résulte surtout de la réduction de l'écart entre femmes et hommes au Parlement où, grâce à la politique de parité dans les candidatures d'En marche!, le pays est désormais classé 15e, contre 52e sous l'ancienne législature. Quant à l'écart entre les sexes au gouvernement, déjà gommé par François Hollande, Paris maintient en 2017 sa première place.

Temps partiel et travail non payé

Sixième parmi les pays de l'Europe occidentale et première parmi ceux du G20, la France se distingue particulièrement aussi en matière d'éducation, où elle figure en tête depuis le lancement du classement en 2006 (lorsque, dans l'ensemble, elle occupait seulement la 70e position). Le talon d'Achille de l'Hexagone reste en revanche le domaine de la représentation et des opportunités économiques, où depuis l'année dernière il stagne à la 64e position. L'écart salarial est l'élément qui plombe le plus le résultat français puisque, malgré une ascension de dix places en un an, la France -où en moyenne les femmes gagnent 84% du salaire des hommes- ne dépasse pourtant pas la 124e position.

Les données prises en compte par l'étude montrent notamment un écart significatif entre les femmes et les hommes dans le travail à temps partiel et dans la contribution au travail domestique non payé: 57% de l'ensemble du travail fourni par les femmes en France est non rémunéré, contre 38% de celui des hommes. Par rapport au plafond de verre, le problème des viviers ressort aussi, puisque le champ d'études où le déséquilibre est le plus marqué est celui des technologies de l'information et de la communication: pour 100 hommes diplômés, il y a aujourd'hui seulement 16 femmes.

Un recul dans tous les domaines

L'amélioration relative de la situation de la France s'inscrit toutefois dans un contexte global plutôt noir. Pour la première fois depuis la rédaction du rapport, qui jusqu'à présent avait relevé une amélioration progressive, bien que lente, celui-ci constate en effet un accroissement de l'inégalité entre femmes et hommes. Alors qu'en 2016, globalement, 68,3% de la disparité avait été comblé, on retombe à 68% en 2017:  à ce rythme, "l'écart mondial entre les genres devrait prendre 100 ans à se résorber, contre 83 l'année dernière", déplore le Forum économique mondial. Pire, les quatre piliers du rapport (santé et survie, émancipation politique, opportunités économiques et éducation) sont tous concernés par la détérioration, souligne le Forum.

(Une infographie de notre partenaire Statista)

Ainsi, en matière de santé, où les disparités sont "les plus faibles d'un point de vue formel", la tendance générale est aussi à un accroissement de l'écart. Si, dans l'éducation, l'égalité pourrait être atteinte d'ici à 13 ans, le fossé politique, "bien qu'il affiche la plus nette progression, (...) est celui où les disparités entre les sexes sont les plus criantes et il pourrait mettre 99 ans à se résorber". Quant aux opportunités économiques, où "aucun pays n'a totalement résorbé l'écart entre les genres", et où l'on constate "la plus faible performance mesurée par l'indice depuis 2008", "il faudra encore 217 ans pour atteindre la parité", relève le rapport: en 2234, 48 en plus tard que la date de 2186 -déjà astronomique- mise en avant en 2016.  Pourtant, en réduisant de 25 % l'écart entre les genres dans le domaine de la participation économique d'ici à 2025, le monde, dans son ensemble, pourrait accroître son PIB total de 5.300 milliards de dollars, rappelle le Forum économique.

L'Islande, pays modèle

Malgré cette dégradation générale, "plus de la moitié des 144 pays sous revue cette année ont vu leur score s'améliorer au cours des 12 derniers mois", et "toutes les régions affichent une contraction de l'écart entre les genres par rapport à il y a 11 ans", souligne toutefois le rapport. En tête du classement, depuis neuf ans, l'Islande, suivie par la Norvège et la Finlande, qui enregistrent toutefois cette année une aggravation de leurs fossés respectifs. Le top 5 est complété par le Rwanda (4e) et la Suède (5e). L'Europe de l'Ouest demeure d'ailleurs la région la plus performante de l'indice, avec une disparité moyenne de 25 % entre les hommes et les femmes: ici, la parité pourrait être atteinte dans seulement... 61 ans.