En 2023, le commerce mondial devrait quasiment stagner selon l'OMC

Par latribune.fr  |   |  764  mots
L'OMC a abaissé sa prévision de croissance du commerce mondial pour 2023, ce mercredi. (Crédits : Denis Balibouse)
Face à la hausse des prix de l'énergie et les resserrements monétaires opérés par de nombreuses banques centrales, qui pèsent sur la demande mondiale, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) révise à la baisse ses prévisions de croissance du commerce mondial pour l'an prochain. Ainsi, le volume mondial des marchandises devrait croître de 1% en 2023, un chiffre en forte baisse par rapport à l'estimation précédente de 3,4% publiée en avril.

L'avenir économique mondial ne s'annonce décidément pas sous les meilleurs auspices à en croire l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a abaissé sa prévision de croissance du commerce mondial pour 2023, ce mercredi. Les économistes de l'OMC tablent actuellement sur une croissance du volume du commerce mondial des marchandises de 3,5% en 2022 - soit légèrement supérieure à la hausse de 3,0% prévue en avril, mais ils prévoient une augmentation de 1,0% pour 2023 - chiffre en forte baisse par rapport à l'estimation précédente de 3,4% publiée en avril.

Concernant le PIB mondial, d'après les nouvelles prévisions de l'OMC aux taux de change du marché, il devrait augmenter de 2,8% en 2022 et de 2,3% en 2023 (soit 1,0 point de pourcentage de moins par rapport aux prévisions précédentes pour ce dernier chiffre). En comparaison, l'OCDE, qui a maintenu sa prévision à 3% pour 2022, a récemment annoncé tabler sur une croissance de 2,2% l'an prochain. Le FMI prévoit en revanche une croissance de 3,2% cette année, et de 2,9% en 2023. Si les prévisions actuelles de l'institution se confirment, la croissance du commerce ralentira donc fortement en 2023, mais elle restera cependant positive.

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L'OMC note toutefois que l'incertitude demeure. Pour 2023, si les risques de dégradation venaient à se concrétiser, la croissance du commerce pourrait, en effet, tomber jusqu'à -2,8%, mais en cas de bonnes surprises, elle pourrait atteindre jusqu'à 4,6%. Or, les risques sont nombreux et, selon l'organisation, le commerce et la production « seront grevés par plusieurs chocs interdépendants » l'an prochain, dont la guerre en Ukraine, le niveau des prix de l'énergie, l'inflation et le resserrement de la politique monétaire.

Inflation et hausse des taux

Le déclenchement de la guerre en Ukraine en février dernier a entraîné une crise énergétique caractérisée par une flambée des prix du gaz et de l'électricité. Cette hausse des prix a alimenté une inflation déjà présente du fait de la forte reprise de l'activité à la sortie de la crise sanitaire. En léger recul, elle était de 6,2% en août sur un an aux Etats-Unis, tandis qu'elle atteignait un nouveau record au sein de la zone euro (les dix-neuf États à avoir adopté la monnaie unique) à 9,1%. En Turquie, elle frôle désormais les 80%.

Pour lutter contre cette flambée des coûts, de nombreux pays ont entrepris d'opérer des resserrements de leurs politiques monétaires afin de freiner la demande et donc la hausse des prix. C'est notamment le cas de la Réserve fédérale américaine qui a dégainé, en septembre, une cinquième hausse de ses taux directeurs de 75 points de base, affirmant que de nouveaux relèvements étaient à prévoir si l'inflation ne baissait pas suffisamment. Au sein de l'Union européenne, la Banque centrale européenne, BCE, a annoncé le 7 septembre relever une seconde fois ses taux, cette fois-ci de 75 points de base, soit une ampleur inédite.

Risque de récession

Mais ces resserrements successifs pèsent sur la croissance et font planer le risque de plus en plus prégnant de récession. Ainsi, toujours selon l'OMC, la demande d'importations devrait faiblir sous l'effet d'un ralentissement de la croissance provoqué par divers facteurs dans les grandes économies. En Europe, la hausse des prix de l'énergie résultant de la guerre en Ukraine entraînera une compression des dépenses des ménages et une augmentation des coûts dans le secteur manufacturier, détaille l'OMC. Aux Etats-Unis, le resserrement de la politique monétaire aura des répercussions sur les dépenses sensibles aux taux d'intérêt dans les domaines du logement, de l'automobile et de l'investissement en capital fixe par exemple.

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Quant à la Chine, elle reste confrontée à de nouvelles flambées de Covid-19 et à des perturbations de la production associées à une faible demande extérieure, poursuit l'OMC. C'est, en effet, le constat dressé par le PDG de CMA-CGM, troisième armateur mondial. Auditionné à l'Assemblée nationale, le 27 septembre, Rodolphe Saadé s'est dit « pessimiste pour les prochains mois au niveau de notre activité.» « Il y a une inversion depuis deux mois du marché (...) qui connaît un ralentissement important (...). Nos clients n'ont pas de commandes de la Chine vers l'Europe. Leurs entrepôts sont pleins et ils ont du mal à écouler leurs stocks. Dans les 6 à 12 mois à venir, on s'attend à une situation compliquée ».

 (Avec AFP)